En ces jours qui rappellent le mémorable match d’appui opposant l’Algérie à l’Égypte à Oum Dourman, Mourad Meghni s’est exprimé à travers un live Instagram organisé par le journaliste et Youtubeur Yacine Ferguson. Une occasion pour l’ex-international de revenir sur ses souvenirs en Équipe Nationale et notamment les coulisses de son arrivée.
Il n’a pas beaucoup joué au sein de l’Équipe Nationale algérienne (9 sélections), mais sa justesse technique et son génie balle au pied en aura marqué plus d’un. Aujourd’hui retraité du monde professionnel, Mourad Meghni a fait partie de l’effectif ayant affronté l’Égypte lors de la double confrontation du mois de novembre 2009. Titulaire au Caire comme à Oum Dourman, le milieu de terrain offensif fut notamment impliqué sur le but d’Anthar Yahia en effectuant l’avant-dernière passe pour Karim Ziani.
« En arrivant au Soudan, c’est comme si on venait de sortir de prison »
À l’occasion d’un live Instagram organisé par le journaliste et youtubeur Yacine Ferguson, l’ancien sochalien est revenu sur les quelques jours vécus par les Verts entre le match du Caire et celui d’Oum Dourman, au Soudan : « On arrive à l’aéroport du Caire et on nous accueille avec des fleurs, tout se passe bien. On se rend vers l’hôtel en bus, nous arrivons à un rond point et là l’escorte policière s’en va, le bus s’arrête et on voit plusieurs jeunes courir de partout en nous caillassant avec des vrais cailloux. On a mis 45 minutes pour un trajet d’1,5km, c’était une arnaque » s’est-il remémoré.
Après cet épisode malheureux qui a notamment vu Khaled Lemmouchia et Rafik Halliche être lourdement touchés, les Fennecs s’inclinent (2-0) dans les ultimes minutes du temps additionnel. Un match d’appui sera nécessaire pour départager les deux équipes. Ce match se déroulera finalement au Soudan, lieu qui, on le sait, s’avérera être un avantage pour les coéquipiers de Meghni : « En arrivant au Soudan, c’est comme si on venait de sortir de prison. Les Soudanais nous ont chaleureusement accueilli et il y avait également des Algériens déjà sur place, on s’est tout de suite sentis plus à l’aise ». La suite, on la connaît, les Fennecs s’imposeront (1-0) et le meneur de jeu disputera 58 minutes de jeu avant de laisser sa place à Karim Matmour.
Qualifiée pour la Coupe du Monde 2010 pour la première fois depuis 24 ans, l’Algérie disputera finalement ce mondial sans son milieu de terrain, blessé. L’ex-joueur du CS Constantine est d’ailleurs revenu sur son absence au Mondial 2010 des suites d’une sérieuse blessure au genou : « Je devais me faire opérer juste après la CAN mais finalement j’ai décidé de refuser et uniquement passer par des soins. Une Coupe du Monde c’est tous les quatre ans et je ne voulais pas rater ça. Je n’étais pas loin d’y participer car j’étais présent en stage avec le groupe en Suisse, j’avais moins mal mais l’équipe médicale a préféré ne pas prendre de risque ».
« En Espoirs, j’avais dit à Carl Medjani que si il y avait un moyen de jouer pour l’Algérie, j’irais volontiers »
Arrivé en 2009 grâce à la loi Bahamas qui a permis aux footballeurs ayant joué dans les catégories jeunes d’un pays de changer de nationalité sportive, Meghni a souvent fait l’objet de certaines déclarations faisant de lui un opportuniste du fait de son arrivée tardive, l’ancien laziale ne s’est pas caché au moment d’aborder le sujet : « Déjà tout jeune je vibrais pour l’EN de la génération Belloumi. Avec mon frère on avait pleins de cassettes à la maison et lorsqu’il y avait un match on ne le ratait pas, j’ai grandis là-dedans. Après j’ai fait mes classes à Clairefontaine et j’ai évolué avec les Espoirs, pour moi il n’y avait pas de problème, c’était une fierté d’être parmi les meilleurs jeune joueurs en France ».
Une sélection Espoirs qui, avec le temps, enchante de moins en moins le natif de Paris : « Petit à petit, je commençais à me détacher. J’y allais à reculons. Déjà à l’époque j’avais dit à Carl Medjani que si il y avait un moyen de jouer pour l’Algérie, j’irais volontiers. Et d’ailleurs, lors d’un Bologne-Juventus en 2002 ou 2003, j’ai réservé quatre places pour des membres de la Fédération algérienne qui devaient venir me voir pour discuter avec moi. Finalement, ils ne sont jamais venus. J’ai toujours aimé l’Algérie et quand l’opportunité s’est présentée, j’ai directement accepté. Je fut le premier joueur à changer de pays après la loi Bahamas, je n’ai pas hésité une seule seconde. Alors oui à ce moment-là j’étais loin de l’Équipe de France mais quand je fais ce choix de rejoindre l’Algérie, je ne pense même pas à la France » ajoutera-t-il. Une sélection algérienne avec laquelle il sera demi-finaliste de la CAN 2010.
« L’EN d’aujourd’hui fait rêver, Belmadi a énormément apporté à cette sélection »
Interrogé sur sa comptabilité avec l’équipe victorieuse à la CAN 2019, l’ancien de Bologne a déclaré qu’il « aurait forcément aimé faire partie de cette équipe qui correspond à mon style de jeu. L’équipe d’aujourd’hui fait rêver ». Même si il n’oublie pas l’effectif de 2009 : « Après je ne regrette pas notre effectif aussi, on avait des vrais joueurs. Tu prends Nadir Belhadj, pour moi il avait les qualités pour jouer dans un grand club comme le FC Barcelone par exemple. Il courait pour deux et techniquement il était très fort ».
Passé par Lekhwiya, l’ancien Fennec a notamment côtoyé l’actuel sélectionneur national, Djamel Belmadi, avec qui il s’est bien entendu : « Je l’ai eu comme coach un petit peu au Qatar, il voit le jeu comme moi, on a la même mentalité. C’est un mec qui aime le beau jeu, à l’époque du Qatar le modèle c’était Pep Guardiola. Djamel a énormément apporté à la sélection nationale » rappellera-t-il. À présent joueur amateur au sein du Val de France, Mourad Meghni continue le football pour le plaisir, un plaisir qu’il procure encore à de nombreux supporters algériens lorsque ces derniers revisionnent ses petits ponts et autres gestes techniques effectués en sélection.