Invitée sur le plateau de l’émission “C’est vous l’Expert” de La Gazette du Fennec, la journaliste et créatrice de contenu SamFootx, de son véritable nom, Samia Benyounes, a livré un témoignage poignant et sans filtre sur les campagnes de harcèlement qu’elle subit depuis près de deux ans.
Victime d’attaques coordonnées, d’intimidations et d’un flot ininterrompu de haine en ligne, la spécialiste du football maghrébin a tenu à mettre les choses au clair, affirmant : « Ce sujet je trouve qu’il est assez symptomatique de l’époque dans laquelle on vit, c’est-à-dire que les gens ne prennent plus le temps de vérifier les informations. On est à l’ère des réseaux sociaux où le titre est plus important que l’article. »
Dans un contexte de tensions politiques entre l’Algérie et le Maroc, elle explique que son nom a été utilisé à tort dans des polémiques sensibles, à commencer par une simple carte de l’Afrique affichée lors d’une collaboration avec nos confrères du média DZ Foot : « La toute première fois, c’est quand j’ai fait une collab avec DZ Foot, et qu’on avait partagé, c’était pour donner les pronostics de la CAN, etc. On avait partagé une carte de l’Afrique et dessus, il y avait le drapeau du Sahara occidental. Et moi, pour le coup, je vous jure, je n’avais même pas tilté sur le truc. »
“On me dit que si on me croise, on va me tabasser au sol”
À partir de ce moment-là, la machine du harcèlement s’est mise en marche. L’épisode autour du match annulé entre l’USM Alger et la RS Berkane n’a fait qu’attiser les flammes, malgré sa tentative de clarification : « J’ai décidé de faire un reel sur Instagram explicatif, simple, net, clair, sans prise de position, vraiment en mode journalistique. […] Et à la fin, je me mets quand même trois minutes sur les cinq minutes à expliquer aux gens : Par contre, s’il vous plaît, ne vous divisez pas. Ne tombez pas dans l’animosité. […] Et au final, la magie d’Internet, il y en a qui reprennent la vidéo et qui reprennent juste des petites parties. […] Voilà, c’est une pro-Polisario. Elle a pris position. Et là, ça part. »
Ce qui a suivi a été un emballement incontrôlable, alimenté par des coupures vidéo sorties de leur contexte, des accusations délirantes et des menaces d’une rare violence. Elle confie : « Moi, on me souhaite tous les jours que je fasse une fausse couche, que mon premier enfant meure. On me dit que si on me croise, on va me tabasser au sol. »
“Ce qui m’a causé du tort, c’est mon engagement pour la Palestine”
Un officier de police judiciaire l’a même contactée, affirmant que son cas n’était pas isolé : « Il y a un officier de police judiciaire qui m’a contactée […]. Les gens qui sont à l’origine de ton harcèlement sont les mêmes que ceux qui ont déjà harcelé des sportifs algériens ou des journalistes. […] La personne qui a lancé au tout départ cette campagne d’harcèlement contre moi n’est même pas marocaine. »
Selon elle, le véritable déclencheur de cette campagne serait plutôt son engagement pour la cause palestinienne : « Ce qui prime et ce qui m’a causé du tort, c’est mon engagement pour la Palestine. […] Mais ceux qui ont créé cette fitna ne sont pas marocains. »
Elle rejette également les fantasmes autour d’une quelconque instrumentalisation politique : « Il y a beaucoup de fantasmes aussi de partout : “Ouais, elle est payée par le Qatar, maintenant je suis payée par l’Algérie, je suis une espionne, etc.” […] J’investis toute seule, les amis. Je travaille toute seule. […] Il n’y a que moi, mes mains, mon petit ordinateur qui date de 2011, qui est à deux doigts de canner. »
La spécialiste précise qu’elle finance elle-même ses déplacements, comme lors du Mondial 2022, où elle a couvert avec passion le parcours du Maroc : « J’ai vraiment suivi le Maroc et j’ai aimé cette épopée […] Et j’étais vraiment heureuse de ce qui se passait pour mes frères marocains. […] Cette campagne de harcèlement n’a aucun sens. »
Ce témoignage, aussi bouleversant que lucide, met en lumière la violence des campagnes de harcèlement en ligne, souvent alimentées par des amalgames, des manipulations et des intentions malveillantes. En dépit des attaques, SamFootx reste droite dans ses bottes, déterminée à poursuivre son travail avec rigueur et indépendance, sans céder ni à la pression ni à la peur.