On jouait la 80e minute de jeu du match Algérie – Guinée, Islam Slimani est rappelé sur le banc pour laisser place à Idriss Saâdi. Le public de Mustapha Tchaker, mécontent de la prestation de l’avant-centre de l’EN, le siffle. La relation entre l’ancien fer de lance du Sporting Lisbonne et les supporters des « Verts » est désormais tendue. Retour sur un désamour que les buts ont longtemps tempéré.
On dit que les histoires d’amour finissent souvent mal. Mais il faut dire que celle entre Islam Slimani et le public algérien n’a jamais vraiment commencé. Malgré ses 25 réalisations et 15 passes décisives en 49 sélections, le sociétaire de Leicester City ne fait plus l’unanimité aux yeux des inconditionnels des « Fennecs ». Pourtant, les buts importants dans les matchs à enjeu, l’ancien Belouizdadi en a plantés. Cependant, en football, tout s’oublie. Parfois très vite. Il faut survivre dans le haut niveau en rééditant les performances le plus possible. Et ce, pour ne pas être proie aux doutes et critiques et à l’amnésie.
Dans ce contexte, Slimani essaie d’exister tant bien que mal. Si son adresse technique n’est pas excellente, il tente souvent de la compenser en mettant de la hargne et de la combativité dans ses duels. Hier soir, face à la Guinée (victoire 2 buts à 1), il n’a pas eu beaucoup de ballons à se mettre sous la dent. Une dizaine seulement. La plupart de ses prises de balles étaient dos au but. Très loin de la surface même. Les centres, il n’en a pas eu à exploiter. L’apport des arrières-latéraux était quasi-inexistant. Par conséquent, Youcef Attal et Faouzi Ghoulam n’ont pas pu se retrouver en situation idéale pour envoyer des ballons aériens. C’est pourtant le registre dans lequel « Superslim », un surnom auquel il a eu droit un temps, excelle.
Un crochet par le doute
Loin du super, près du passable, voire le franchement mauvais, le quatrième meilleur buteur de l’histoire de l’EN pourrait traverser une sale période au sein d’ « El-Khadra » dans un secteur où il y a une forte concurrence. Entrée en jeu pour 18 minutes, Hilal Soudani a, comme un symbole et en guise d’avertissement sain, converti son premier ballon en but de victoire pour inscrire sa 21e réalisation en 40 capes. Le réalisme, c’est la marque des buteurs en confiance. Le numéro 13 des Fennecs semble l’avoir perdu. Un « goleador » ne peut pas vivre éternellement des acquis passés. Quand il ne trouve pas le chemin des filets, on lui désigne souvent la place sur la banquette. Sa Coupe d’Afrique des Nations 2017 n’était pas bonne en dépit d’un doublé face au Sénégal qui a compté pour du beurre. Après le retour du Gabon, il a eu une petite histoire avec un journaliste avec sa fameuse réplique de « edrab doura » (vas faire un tour) qui a fait le tour de la toile avec toutes les surinterprétations qu’elle a provoqué.
Le soutien des coéquipiers
Une véritable machination médiatique pour parler d’un joueur ayant «pris la grosse tête». La même qui a planté le but de qualification, contre la Russie (1-1), pour les 8es de finale de la Coupe du Monde 2014 au Brésil. Des accusations qu’il n’a pas pu smasher avec son coup de casque avec lequel il avait aussi inscrit le but d’égalisation en Tanzanie (2/2) lors du match barrage dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2018. On lui reprochera son « mutisme » footballistique contre le Cameroun et le Nigéria dans les « qualifiers » du Mondial russe toujours. Ajoutée à cela sa stérilité lors des deux premières rencontres dans la messe continentale écoulée. Assez pour se passer de sa présence dans le onze entrant ? On a du mal à trancher. Mérite-t-il un sursis pour tous ces « services » ?
En tout cas, ses coéquipiers n’ont pas aimé la sortie qui lui a été réservée par les personnes présentes dans les travées de l’enceinte de Blida. « Slimani est l’un des joueurs les plus important de l’équipe. Il est tout à fait normal qu’on soient solidaires. Nous formons tous une famille soudée », a rappelé le vice-capitaine Yacine Brahimi en conférence de presse d’après match. Il faut dire qu’un footballeur s’empreigne toujours de l’ambiance qui l’entoure pour faire valoir ses qualités. Certes, Slimani est en méforme. Il avait plus besoin de soutien que de cette bronca. Pour conclure, il y a lieu de rappeler que la forme est temporaire mais le flaire est permanent. A lui de le retrouver pour faire taire les critiques.
Mohamed Touileb, La Gazette du Fennec