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Surnommé « Petit Pelé » : Djilali Selmi nous quitte

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Djilali Selmi
Djilali Selmi
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Djilali Selmi, légende du CR Belouizdad dont il a été président et ancien international, est décédé ce mardi à l’âge de 79 ans, suite à une longue maladie, selon un communiqué de la direction du club de la capitale.

Surnommé « Petit Pelé » en référence au regretté joueur brésilien, en raison de ses performances techniques remarquables, Djilali Selmi a porté les couleurs du Chabab Belouizdad entre 1967 et 1976. Durant cette période, il a mené l’équipe à remporter deux titres de championnat consécutifs en 1969 et 1970, ainsi que la Coupe du Maghreb à trois occasions, en 1970, 1971 et 1972. Outre son succès en tant que joueur, le défunt a également présidé le CR Belouizdad entre 1996 et 2000, menant le club à remporter le championnat algérien et la Coupe de la Ligue en 2000.

Le défunt reste une légende du football algérien et fut l’un des grands noms du football national durant les années 1960 et 1970, marquant son passage par un talent indéniable et des performances remarquables sur le terrain. Il reste dans la mémoire collective comme l’un de ces joueurs qui ont écrit de belles pages de l’histoire du football national.

Dans une de ses interviews accordées au quotidien algérien El Watan au début de l’année 2021, Djilali Selmi, qui a été un des acteurs de la CAN 1968 en Éthiopie alors qu’il avait 21 ans, était déjà réputé pour un joueur de son âge. Évoquant sa première et dernière expérience en CAN 1968, il a déclaré : « À l’époque, j’avais 21 ans et la carrière internationale s’ouvrait devant moi. J’avais des rêves plein la tête et une ambition que nourrit légitimement un jeune de mon âge appelé en sélection aux côtés de très grands joueurs. »

Suspendu après son départ de l’OM Ruisseau, où il évoluait, il indique : « J’ai eu la chance, d’abord, de bénéficier d’une prescription de suspension grâce à l’intervention diligente du sélectionneur Lucien Leduc, qui a demandé à la fédération de me qualifier au CRB une année après mon départ de l’OM Ruisseau. À ce moment-là, rappelle-t-il, nous étions soumis à la licence B, c’est-à-dire attendre deux ans avant d’être qualifié avec le nouveau club. Lucien Leduc m’a beaucoup aidé dans ce sens. Jouer en équipe nationale à 21 ans aux côtés de Lalmas et des autres grands joueurs de l’époque était un rêve. »

Sur place, c’était difficile, avec l’environnement d’abord et le climat ensuite. Le climat, à savoir l’altitude, c’était nouveau pour nous. On respirait difficilement au repos, alors que pendant l’effort et dans ce match, c’était de la souffrance. Selmi poursuit en indiquant : « La veille du premier match contre la Côte d’Ivoire, des problèmes ont surgi. Des gens ont influencé les choix du sélectionneur. Il n’a pas aligné sa meilleure équipe. Et c’est une lourde défaite (4-0) qui m’a rendu très nerveux. Le second match contre l’Ouganda, il a aligné son équipe. Nous avons gagné 4-0 avec un grand Lalmas. Il a marqué trois buts et a impressionné les observateurs présents au stade. Le match contre l’Éthiopie fut une tragédie du football. L’arbitre congolais a d’entrée affiché un parti pris en faveur des locaux. Il était leur 12e homme sur le terrain. D’ailleurs, un joueur de l’équipe adverse m’a agressé sans ballon, m’a fait éclater l’arcade sourcilière, m’a envoyé à l’hôpital sur une civière et il a continué à jouer. Et c’est moi que l’arbitre a expulsé. J’avais le visage ensanglanté. À l’époque, c’était cela le football africain », raconte-t-il, avant d’ajouter : « Heureusement, cela a beaucoup changé. Je garde quand même un bon souvenir de la CAN 1968. »

De la carrière sportive de Selmi

C’est dans le quartier populaire de la capitale, à Belcourt, que Djilali est né le 4 septembre 1946, « plus précisément à la rue Charles Sebencq, qui se trouve au-dessus de la clinique Sakina, à l’Allée des Mûriers. »
À l’indépendance, sa famille déménage aux Sources. De cette époque, Selmi raconte : « C’est là que je me suis fait de nouveaux amis, comme Abderrahmane Zaïr, Amoura Mesbah, qui jouaient au football à l’OMR. Ce sont eux qui m’ont encouragé à signer au Ruisseau, sachant que j’avais déjà évolué à l’USHA avec les Aïssiou, Abbas, Hama, Oulkhiar… »

À l’OMR, Djilali est resté trois ans. « Avec des hommes comme Khabatou et El Kamal, on ne pouvait trouver mieux en matière d’encadrement. C’étaient des pédagogues et des éducateurs. J’ai beaucoup appris à leur contact, comme j’ai côtoyé des gars merveilleux comme Guerenzi, Kennas, les Hamouche, Kamel Beroudji, Ichalalène et surtout Omar Rezoug, qui a été pour beaucoup dans mon intégration dans le club. Je n’omettrai pas de citer aussi les M’hamsadji, Rachid Lamali et Zoubir Benganif, qui entraînait les juniors. »

Le « petit-pont » à Pelé

Selmi s’est distingué d’une manière extraordinaire à la fin de l’année 1960, au cours d’un inoubliable match Algérie-Santos à Oran. Là, le roi Pelé avait brillé de mille feux, tout en concédant ce fameux « petit-pont ». Sur une action, balle au pied, le génial Selmi se retrouve face à Pelé, et n’a rien trouvé de mieux à faire pour le surpasser que de lui faire un petit-pont.

Et il raconte si bien en indiquant : « Ma grande joie, je dois l’avouer, c’est d’avoir eu l’honneur de jouer contre lui et d’avoir réussi un grand match. C’est ce que je dois mettre en évidence et non le côté anecdotique. Une année après, Pelé a gagné la Coupe du monde au Mexique ! »

Questionné sur l’entraîneur qui l’a marqué, Selmi répond sans aucune hésitation : « Khabatou, qui a été toute une école pour moi. Quand on a 17 ans et qu’un jour le coach vient vers toi pour te dire : “Petit, aujourd’hui tu joues en seniors, tu vas être un homme.” À ce moment-là, il t’enlève une partie de ton adolescence. Mustapha El Kamal, un sage, était un père pour moi. Ahmed Arab, un homme merveilleux, parfois dur, mais avec le temps, on a compris qu’il fallait agir de la sorte avec des stars. »

Selmi a connu sa première sélection en équipe nationale sous la houlette de Saïd Amara. Mais le match le plus mémorable où il a fait sensation est Tunisie-Algérie en Coupe du monde (0-0), où il a tiré son épingle du jeu parmi sept professionnels aguerris. Selmi a pris part à la finale de la Coupe du monde militaire disputée à Athènes contre la Grèce en 1968.

Aujourd’hui, Djilali Selmi quitte ce bas monde à l’âge de 79 ans. Son enterrement aura lieu ce mardi au cimetière de Dely Brahim, où famille, amis et passionnés du ballon rond lui rendront un dernier hommage. En cette douloureuse circonstance, La Gazette du Fennec présente à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances.

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