Zvonimir Boban est revenu avec franchise sur son passage à l’AC Milan, dans un long entretien avec Andrea Longoni. Mais c’est surtout son plaidoyer passionné pour Ismaël Bennacer, parti à l’OM lors du dernier mercato hivernal, qui a retenu l’attention. L’ancien dirigeant milanais n’a pas caché ses regrets quant à la manière dont le milieu algérien a été traité à Milan.
Sans détour, Boban a dénoncé l’incompréhension générale à l’égard de l’international algérien : « Bennacer est un joueur extrêmement sous-estimé, et vous aussi, vous ne l’avez pas compris. Qu’est-ce que vous ne lui trouvez pas ? », a-t-il lancé face à l’interrogation sur les blessures récurrentes du joueur. « C’est un argument recevable. Moi aussi j’ai été souvent blessé, d’autres joueurs aussi. »
Puis, à la question de savoir si Bennacer voulait réellement quitter Milan, Boban rétorque fermement : « La direction l’a massacré. Bennacer est un joueur exceptionnel, sous-coté. Ce qu’il a donné au Milan est exceptionnel. »
Lucide sur ses responsabilités, il assume : « Je ne défends pas notre choix à son sujet. Au contraire, j’admets mes erreurs. Ce sont mes défaites qui m’ont aidé à comprendre. Bennacer est le joueur qui intercepte le plus de ballons au monde par minute jouée. Il touche presque plus de ballons que les minutes qu’il dispute. Il est toujours présent dans le jeu. Je ne comprends pas comment on ne le voit pas. »
Boban évoque ensuite l’après-blessure du joueur, notamment celle subie lors de la demi-finale de la Ligue des Champions UEFA contre l’Inter Milan en mai 2023, point de bascule dans sa carrière à Milan : « Après une blessure, il faut du temps pour revenir. On en a donné à d’autres, mais lui, on l’a tout de suite mis de côté. C’est un garçon fermé, un soldat total, il ne sait pas comment communiquer. »
L’ancien dirigeant du Milan revient également sur les circonstances de la découverte du talent de Bennacer, alors à Empoli : « Giampaolo nous avait dit de le recruter. Je suis allé le voir de plus près et j’ai trouvé une déclaration de Cristiano Ronaldo qui disait : ‘Il y a un numéro 10 à Empoli que j’aime bien’. Et ce match… incroyable. Bennacer a tout détruit à lui seul. La Juve n’a jamais réussi à le stopper. »
Sur son profil atypique, Boban précise : « Il fallait le nettoyer, le stabiliser. Il ne savait même pas se retourner. On a travaillé. Il venait d’Arsenal, j’ai appelé Wenger. Il m’a dit : ‘Zvone, si tu pars à la guerre avec quelqu’un, prends Ismaël’. C’est un vrai numéro 10, mais il a aussi gagné la CAN comme numéro 8, pas comme un 6. »
Enfin, il conclut avec une pointe de regret : « Il fallait le façonner. Il ne devait pas jouer immédiatement. C’était un diamant brut. Mais aujourd’hui encore, je ne comprends pas comment on a pu passer à côté de ce qu’il représente réellement. »
À travers ces mots forts et sincères, Zvonimir Boban rappelle que le football ne se résume pas aux statistiques ni aux blessures, mais à la capacité à voir au-delà de l’évidence. Pour lui, Bennacer est bien plus qu’un joueur de passage : un véritable joyau mal considéré par la direction milanaise, désormais à l’OM pour tenter de relancer une carrière que Milan n’a pas su pleinement accompagner.