Lorsque nous avons vu Feghouli rejoindre le vestiaire en courant et dépité suite à la défaite amère contre le Sporting de Gijón, on a craint que l’interview qu’il nous avait promise quelques semaines auparavant ne soit reportée. Mais, il fallait compter sans le sens de l’honneur du capitaine de l’équipe nationale. Voici le message qu’il nous avait laissé au lendemain du match : «Salam, j’espère que ça va. C’est juste pour te dire que je reste au gymnase avec les titulaires ce matin et que l’on se voit après à l’hôtel Posadas qui est collé au centre d’entraînement juste au-dessus. Je pense finir vers 12h 30 au plus tard ». A 12h30 pile, Feghouli se présente à la réception de l’hôtel jouxtant le centre d’entrainement de Paterna avec sa tenue habituelle, jogging noir, basket et veste orange du FC Valence pour les besoins de l’interview. L’échange pouvait commencer. Un échange passionnant qui durera une demi-heure et davantage hors-caméra. Appréciez !
Feghouli ouvre son cœur à La Gazette du Fennec
l’entretien en intégralité en Vidéo:
https://www.youtube.com/watch?v=zCEI2nuSep0&feature=youtu.be
Salam aleykoum Sofiane et merci de nous avoir encore une fois accueillis ici à Valence.
C’est un plaisir comme d’habitude.
Cela fait deux mois presque que tu ne jouais plus. Tu as repris avec 30 minutes puis tu as enchaîné par un match complet face à Gijón. Comment te sens-tu ?
Je suis d’abord très heureux de pouvoir rejouer, c’est clair. Ça fait plaisir parce que les sensations ont été très bonnes. Je suis très content, tout s’est bien passé au niveau personnel même si j’ai terminé le match très très fatigué. J’ai fait les 90 minutes, mais ce n’était pas ce qui était prévu. J’ai dû serrer les dents. Maintenant, je vais reprendre le rythme petit à petit, je vais reprendre le souffle comme on dit et tout va rentrer dans l’ordre.
On t’a vu énervé en fin de match face à Gijón. Ce n’est pas de tes habitudes. C’était dû à quoi ? La fatigue ou le résultat final ?
Un peu les deux. C’est frustrant de perdre ce genre de matchs alors qu’on doit le gagner avec beaucoup d’écart parce qu’on a dominé quasiment toute la partie. Il y avait aussi la fatigue, j’étais effectivement fatigué en fin de match, j’avais des crampes. Il y avait donc un peu les deux.
Que se passe-t-il à Valence ? Ça fait quand même un bon moment que l’équipe ne gagne plus…
C’est difficile de donner une explication, de donner la raison. Je pense que c’est des petits détails qui font que cette saison a été très très difficile. Depuis que je suis au club, c’est la pire saison du point de vue statistique. Après, c’est vrai qu’il nous a manqué de l’efficacité dans certaines rencontres, ça nous a fait vraiment défaut. Le match face à Gijón reflète bien la saison de Valence. C’est un match où on doit faire 2-0 à la mi-temps. A la fin, on ne marque pas et on manque cinq occasions claires pour ensuite, sur une erreur de jeunesse, on concède un penalty. Maintenant, à nous d’être solidaires, c’est dans ces moments-là que l’équipe doit être le plus unie. Il faut continuer à travailler, c’est ce que nous faisons. On doit être beaucoup plus exigeants, donner le meilleur de soi-même et un jour ça finira par payer parce que dans cette équipe il y a quand même de la qualité, il y a des joueurs qui ont un bon potentiel et on a la chance d’avoir un public qui nous soutient. Il faut s’accrocher car on est dans un grand club. Valence n’est pas à sa vraie place, chacun de nous doit faire de son mieux et élever son niveau de jeu. On est tous responsables, les dirigeants, les coaches et les joueurs qui sont les premiers acteurs.
« J’ai toujours dit que j’aimerais m’inscrire dans la durée ici, même pourquoi pas faire ma carrière à Valence »
Hier avant le match, on a fait un petit reportage avec les supporters et ils étaient tous unanimes pour dire que Sofiane doit rester encore quelques saisons. Déjà, qu’est-ce que ça te fait d’apprendre cette marque de confiance et pourquoi cette prolongation tarde-t-elle à venir ?
Déjà, c’est toujours très important d’avoir l’appui du public. C’est toujours bon de savoir qu’on est soutenu. Chaque fois que je vais à l’entraînement, des supporters me demandent : ‘Alors Sofiane tu vas rester avec nous ?’ Ils veulent que je prolonge. C’est une marque de reconnaissance qui me flatte. C’est important car c’est la reconnaissance de mon travail au quotidien et de mes qualités. Ensuite, ça prend du temps pour la simple et bonne raison que les deux parties cherchent à trouver un accord. Il y a beaucoup de joueurs qui ont rénové avant moi. Je suis le dernier. Donc, ça prend du temps. Moi, comme je l’ai toujours dit, je veux prolonger l’aventure à Valence, je suis très heureux ici dans ce championnat, cette ville me plait, en plus les supporters sont derrière moi. Ici, je suis vraiment heureux, après c’est des détails qui font que mon club et mon entourage n’ont pas trouvé d’accord. Pour ma part, je suis positif et patient pour que, à la fin, les deux parties soient contentes. Il n’y a pas de raison pour que l’aventure s’arrête là car j’ai toujours dit que j’aimerais m’inscrire dans la durée dans ce club, même pourquoi pas faire ma carrière à Valence s’il n’y a pas d’autres clubs supérieurs à Valence qui se manifestent. Il y en a très peu, peut-être huit, neuf. Je suis dans un top club, il y a très peu de clubs meilleurs que Valence. Je me vois ici dans la durée, j’espère jouer beaucoup de rencontres, je suis en train de battre des records ici. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
Ne t’est-il jamais arrivé de douter un peu de ton avenir ? Être blessé et en fin de contrat, on peut être inquiet, non ?
Pas inquiet. Je connais mes qualités, je connais mon potentiel, je sais de quoi je suis capable même si je suis en fin de contrat. Je sais déjà que mon club me veut et que je veux continuer. J’ai déjà mon club qui me veut et c’est ça le plus important. Il n’y a pas de raison d’être inquiet. Je suis bien ici, ça se passe bien, j’ai du temps de jeu, c’est le plus important pour un footballeur parce que quand on ne joue pas, on est mécontent et on veut voir ailleurs pour avoir du temps de jeu, ça se passe comme ça dans tous les clubs. Ici, j’ai du temps de jeu et je suis vraiment content, je n’ai pas à me plaindre car j’ai une superbe situation. Voilà, je prends du plaisir tous les week-ends même si cette saison est plus difficile que les autres.
On a parlé de la beauté de la ville, de ton statut de titulaire, mais on a oublié la confiance de l’entraîneur. Dès le premier entraînement, Gary Neville n’a pas tari d’éloges sur toi, est-ce que cela pèsera dans ta décision de rester ?
L’entraîneur c’est lui qui décide. C’est lui qui met en place le système de jeu et décide qui joue. L’entraîneur fait aussi partie du club et quand je dis que le club souhaite ma continuité ici, bien sûr qu’il a une part très importante dans ma décision de continuer l’aventure.
Par contre et même si c’est un grand club, un club historique, Valence ne gagne pas de titres. N’est-ce pas frustrant pour un joueur ambitieux comme toi ?
Absolument et c’est ma plus grande frustration. Ça fait quelque temps que je suis arrivé à maturité et j’ai l’ambition de gagner des trophées. J’ai fait des demi-finales de Coupe d’Europe, à deux doigts d’arriver en finale. Je ne perds pas confiance dans le projet valencien avec les nouveaux investisseurs qui sont arrivés. Je pense que sur le moyen terme, il y a des choses à faire, si possible lutter avec les meilleurs. On doit d’abord, nous les joueurs, être présents sur le terrain, après à l’avenir améliorer les prestations de l’équipe chaque saison.
« Le public a le droit d’être exigent avec les joueurs. S’il estime que t’es bon, t’es bon et s’il estime que t’es pas bon, tu dois assumer. C’est ça, le public algérien !»
Parlons un peu de l’équipe nationale. Tu reviens au bon moment sachant que dans deux mois il y a une échéance avec l’Algérie et sachant aussi que pour ton dernier match tu es sorti sous les sifflets.
Bien sûr que je suis pressé de revenir avec la sélection au mois de mars. D’ici là, je pense que je serai en forme parce que je vais encore jouer des matchs si tout va bien. J’ai eu le sélectionneur au téléphone plusieurs fois pour prendre de mes nouvelles, tout ça est vraiment positif. Après, les deux derniers matchs personnellement ça ne s’est pas bien passé pour moi pour diverses raisons, mais je vais rectifier le tir au prochain match et participer à la prochaine aventure afin de qualifier l’équipe à la prochaine Coupe d’Afrique et ensuite au Mondial.
Comprends-tu la réaction des supporters parce qu’on se rappelle que lorsque le public te sifflait, toi tu les applaudissais ?
Bien sûr ! Le public a le droit d’être exigent avec les joueurs. Il est dans son droit. S’il estime que t’es bon, t’es bon et s’il estime que t’es pas bon, tu dois assumer. C’est ça, le public algérien a une ferveur très grande, il faut donc assumer et jouer à un très bon niveau à chaque fois, c’est la loi du football.
« Je suis très content pour Mahrez, mais il sera difficile de m’enlever ma place parce que je suis un compétiteur, la concurrence j’ai toujours connue »
Pendant ton absence, l’équipe nationale s’est très bien comportée avec un très bon Riyad Mahrez sur le flanc droit. Te sens-tu un peu menacé ?
Menacé ? Nooon ! Déjà, je suis très content pour lui, pour ce qu’il fait parce que c’est vraiment une bonne personne. C’est une personne de laquelle je suis proche en plus. Ce qu’il fait ne me surprend pas parce que c’est un passionné. Maintenant voilà, il y a de la concurrence en équipe d’Algérie, il y a de plus en plus de jeunes joueurs qui viennent et qui sont pétris de talent. L’intérêt de l’équipe nationale passe avant tout, il n’y a pas un joueur qui a une place de titulaire assurée, le plus important c’est que l’équipe nationale triomphe. Si un jour Mahrez doit jouer à droite, il jouera à droite, il n’y a pas de souci de mon côté. Moi, je suis là, je serai toujours disponible pour l’équipe d’Algérie, mais il sera difficile de m’enlever ma place parce que je suis un compétiteur, la concurrence j’ai toujours connue. A Valence, j’ai toujours eu de très bons joueurs, je n’ai pas peur de la concurrence ou quoi que ce soit. Je suis là pour aider la sélection depuis que le suis venu. On a fait des choses historiques, je suis jeune encore et je ne veux pas que l’aventure se termine, j’ai envie de gagner des titres avec l’Algérie. On a de bons joueurs, de très bons joueurs même, ce n’est que du bonus pour faire avancer l’équipe nationale.
Bon, il n’y a pas eu que du négatif lors de ton dernier match puisque tu as été promu capitaine. Est-ce une grosse responsabilité difficile à assumer ? Une motivation supplémentaire ? Une fierté ? Ou les trois choses à la fois ?
Comme tu l’as dit, c’est une fierté et une responsabilité, mais pour ma part j’ai toujours été un leader. Avoir le brassard n’a pas changé à mon tempérament. J’ai toujours été quelqu’un qui va vers les autres, qui essaye de motiver tout le monde. Pour le bien de l’équipe nationale, pas pour ma personne. Je fais en sorte que l’équipe nationale aille mieux comme j’ai déjà dit. Maintenant, j’ai de nouvelles responsabilités, c’est nouveau pour moi, mais je les assume pleinement. Je suis là pour aider tout l’effectif, je suis à la disposition de tous les joueurs, mais comme je t’ai dit ça ne change rien à ce que je faisais auparavant. Maintenant, c’est vrai qu’il y a une équipe plus jeune, il y a moins d’anciens. C’est donc à nous les plus jeunes de reprendre le flambeau comme on dit. C’est à nous de tirer l’équipe vers le haut. On a plusieurs jeunes joueurs, on a une équipe qui a du tempérament, qui veut triompher. C’est rassurant pour l’avenir.
« Slimani est un guerrier, je pense que là où il ira il réussira parce qu’il a le mental nécessaire »
On a parlé de Mahrez, mais ces dernières semaines, beaucoup de joueurs algériens sont en train de briller de mille feux dans les championnats européens. On pense notamment à Ghoulam, titulaire chez le leader du Calcio, Slimani qui est à 16 buts, de Mahrez justement sans parler de Brahimi, de Bentaleb… ? Est-ce que c’est rassurant pour l’équipe nationale ? Est-ce que tu suis leurs performances déjà ?
Quand on regarde bien, on n’a jamais eu des joueurs comme ça. On n’a jamais eu des joueurs dans de tels clubs. C’est magnifique ! On a une chance énorme si la mayonnaise prend comme on dit. Ça peut être quelque chose de formidable pour l’avenir du football algérien. Comme vous l’avez dit, Ghoulam enchaîne les matches depuis quelque temps, il prend de l’expérience. Islam Slimani c’est pareil, c’est un guerrier, je pense que là où il ira il réussira parce qu’il a le mental nécessaire. C’est une équipe pleine de talent et on a encore plein d’autres joueurs comme Bentaleb qui a besoin cette année d’un peu plus de temps de jeu. On a de la qualité vraiment, on n’a jamais eu ça auparavant. C’est un bonus pour la sélection. On a beaucoup de joueurs qui arriveront et qu’on ne connait pas. Ça va faire de la concurrence et ça va tirer le groupe vers le haut. Je suis très fier de ce que font mes partenaires, ça me rend heureux et je les encourage à continuer et à bien représenter l’équipe nationale. Maintenant, l’équipe d’Algérie est connue grâce à tous ces joueurs, grâce au soutien des supporters. J’espère que toutes ces belles choses vont se répercuter sur le niveau de l’équipe nationale dans les grandes compétitions comme la Coupe d’Afrique et la Coupe du monde.
Medjani à Levante…
Déjà, je suis content pour lui parce que qu’il s’était mis dans un bourbier avec son ancien club de Trabzon. Je l’ai appelé hier, je suis vraiment très content pour lui. Ici, il va se plaire je pense parce que c’est une belle ville. En plus, c’est un vrai pro qui sait bien s’entretenir. C’est l’un des plus grands professionnels avec lesquels j’ai joué. Donc, je lui tire mon chapeau et je sais qu’il s’adaptera assez rapidement. Il le mérite, c’est une bonne personne.
Tu seras en quelque sorte son guide ici à Valence ?
Oui, je me mets à sa disposition pour qu’il s’adapte le plus rapidement possible. Il n’aura pas de mal ici, c’est une grande ville, mais elle est simple, tout est à dix minutes. Je ne serai pas dans le vestiaire avec lui, mais je ne serai pas loin.
L’avenir de l’équipe nationale semble assuré car il n’y a pas longtemps tu as joué contre Gijón et un petit algérien en face (Ndlr. Rachid Aït Atman) . C’est vrai que c’est difficile de voir son talent en tant qu’adversaire mais qu’est-ce que tu peux nous dire de lui ?
Titulaire à 22 ans dans un championnat majeur, ce n’est pas donné à tout le monde. On ne se rend pas compte, mais ça mérite qu’on lui tire notre chapeau. En plus, c’est un bon joueur. Face à nous il a fait vraiment une belle partie, c’était peut-être le meilleur de l’équipe avec beaucoup de personnalité. C’est un joueur à suivre pour l’équipe nationale. Je ne sais pas s’il a été contacté pour les qualifications des jeux olympiques.
Il a été contacté, mais il n’a pas été libéré par son club…
Oui, c’est ça le problème, mais c’est vraiment un bon jeune.
« Ceux qui ont dit que j’étais venu en EN pour l’argent sont malhonnêtes »
Je vais te poser une question, après je vais te dire pourquoi. Te souviens-tu de ton premier contact avec la fédération avant la Coupe du monde 2010 ?
Oui, ça remonte à longtemps, ce n’était pas un contact direct avec moi. Ça a été fait à travers mon entourage grâce à M. Saâdane. J’étais blessé à ce moment-là en plus je n’avais pas fait partie de l’aventure des qualif’, l’Egypte… etc… Ce n’était vraiment pas pour moi. Déjà par rapport aux qualif’, je n’avais pas participé à ça, donc je ne me voyais pas dans le groupe. Après, je n’étais pas en conditions à cause de ma blessure au genou à Grenoble. J’ai donc dit : ‘Moi je préfère venir quand je peux apporter un plus’, et comme je n’avais pas participé à cette aventure, il n’y avait pas la même saveur.
Le jour où tu as dit oui, c’était en 2011. Est-ce que tu…
(il nous coupe) je venais de reprendre à Valence et j’avais dit : ‘Dès que je m’impose je viens direct en sélection’.
Est-ce que tu as posé des conditions ?
Pourquoi je devais poser des conditions.
Est-ce que tu as lié ta venue en sélection par la signature de contrats avec les sponsors de la fédération ?
Pour ma part, je n’ai jamais discuté de contrats avec le président de la fédération. Je sais que c’est quelque chose qui se fait couramment comme à la fédération allemande ou française. C’est une chose qui ne doit pas choquer les gens car des contrats publicitaires il y en a pleins. Mais, pour ma part, je n’ai pas signé de contrat publicitaire à mon arrivée en sélection.
Et tu n’as pas conditionné ta venue en sélection par ça…
Jamais ! J’ai discuté seulement de football.
Quand tu entends et tu lis que tu étais venu en sélection pour de l’argent, qu’est-ce que ça te fait ? Tu es déçu ? Frustré ? Indifférent ?
Non, pas indifférent. Honnêtement, je trouve ça malhonnête. Je trouve ça… je ne sais pas, c’est déplacé parce que ceux qui me connaissent savent très bien comment je suis. Jamais je n’ai discuté de contrat. D’ailleurs, je n’ai pas de contrat jusqu’à maintenant et ça ne me dérange pas (NDLR: Feghouli est le seul joueur de l’EN à avoir refusé de signer un contrat avec Ooredoo puis désormais Mobilis avec qui il n’a jamais voulu signer de contrat). Je gagne très bien ma vie dans mon club. En sélection, je prends des primes, des primes que je mérite et je suis très content. S’il y a en plus des contrats publicitaires, c’est tant mieux, je dois assurer mon avenir et l’avenir de ma famille, mais ce n’est pas un truc qui m’a poussé à opter pour l’Algérie. On vient en Algérie pour les couleurs, en tout cas c’est comme ça que je vois les choses.
« Je dis à Ounas et Benzia : ‘Venez jouer pour le pays de vos parents et vous serez accueillis comme des frères’ »
Il y a encore des joueurs qui hésitent à rejoindre l’équipe d’Algérie. En tant que joueur, est-ce que ça te choque ? Est-ce que tu les comprends ? Je parle principalement d’Ounas et de Benzia.
Ouf ! Je ne connais pas les raisons, c’est difficile de parler. Si j’ai un conseil, c’est que l’Algérie doit avoir une place importante. Il ne faut pas oublier l’histoire entre la France et l’Algérie. Moi avec le temps, j’ai appris mon histoire. Il y a des choses très graves qui se sont passées, en plus nous les franco-algériens on n’est pas acceptés dans la société, c’est difficile. Bref ! pleins de choses. Les nouveaux jeunes qui vont arriver je leur dis : ‘N’hésitez pas, allez dans le pays de vos parents parce que vos grands parents ils ont souffert pour être acceptés. Des trucs très graves se sont passées dans l’histoire, mais eux ils ne sont pas conscients, ils sont jeunes encore. Juste pour des choses comme ça, si je peux leur donner un conseil, c’est : ‘N’hésitez pas, jouez pour le pays de vos grands parents’. Dans cette société française, on n’est pas acceptés, il ne faut pas se mentir, c’est difficile pour nous. Nos parents c’est des Algériens, donc venez en Algérie. En plus à la fédération, il y a du bon travail qui se fait, on a de très bonnes conditions, il y a des professionnels qui viennent entraîner, on a un camp d’entraînement. Ce n’est pas l’Algérie d’il y a longtemps. Il y a tout pour. Celui qui me dit c’est quoi le problème ? Il n’y a pas une raison qui pourrait faire qu’ils n’optent pas pour l’Algérie. Comme j’ai dit, pour le cœur, pour l’histoire et pour les conditions de travail, pour tout ça, il faut opter pour l’Algérie, il ne faut pas hésiter. Après, sur quoi j’ai un petit truc qui me dérange, c’est que je pense qu’à 20 ans à 21 ans, il faut qu’ils jouent dans leurs clubs, il faut qu’ils s’imposent. Opter tout de suite, c’est peut-être mettre un frein à leur progression. Bon après, c’est mon point de vue personnel. Moi je pense qu’il faut venir quand on est titulaire dans son club. Venir en sélection, faire les stages et s’absenter quand on ne joue pas en club, c’est un frein en plus à leur progression et à leur carrière. C’est ça ma vision personnelle.
En tout cas, s’ils viennent, ils seront bien accueillis ?
Ils seront accueillis à bras ouverts et il n’y a personne qui est au-dessus de l’autre. C’est des Algériens comme nous, c’est des frères et on sera très fiers d’eux. S’ils viennent, c’est pour apporter un plus et c’est pour tirer l’équipe nationale vers le haut parce que l’équipe nationale n’appartient à personne. Les meilleurs sont les bienvenus.
« Ma photo à Gaza ? Jamais je n’aurais cru ça dans ma vie ! Merci au peuple palestinien »
Maintenant, je vais te montrer quelques photos et tu vas essayer de les commenter.
Vas y…
Photo avec le brassard de capitaine
Le brassard de capitaine. Ça fait bizarre, non ? Vraiment, ça fait plaisir, pour moi, pour ma famille, pour mes proches. A moi d’être à la hauteur. Ç’aurait pu être quelqu’un d’autre parce qu’il y a des joueurs dans cette équipe avec lesquels tu peux faire de grandes choses et qui ont une sacrée mentalité.
Photo Gaza.
Ça c’est magnifique, c’est en Palestine. Moi en Palestine ? Jamais je n’aurais cru ça de ma vie. C’est des moments de plus de dignité pour ce peuple meskine et pour ce petit garçon avec un ballon. Je dois remercier les frères palestiniens, on est de tout cœur avec eux grâce aux doua’.
Ça t’a tellement touché que tu as la photo sur ton portable.
Oui, c’est une photo que j’ai dans mon téléphone.
Photo larmes pendant l’hymne nationale.
Ça remonte à mes débuts. C’était des émotions exceptionnelles difficiles à contenir surtout à mes débuts. Maintenant, j’ai plus de vécu, d’expérience, c’est différent. J’arrive à mieux gérer, mais au début c’était émouvant, c’était magnifique.
Photo après la défaite de l’Allemagne.
Apparemment, tu n’arrives toujours pas à te contrôler.
Oui, c’était après l’Allemagne. Quand je pense à d’où je viens, jouer une Coupe du monde avec l’Algérie, c’est un truc de malade vu mon parcours. En plus, c’était contre l’Allemagne. A la fin, je me suis dit que c’était peut-être ma dernière Coupe du monde. J’étais triste, très triste.
Photo avec le drapeau algérien.
Ah ça c’était après la qualification face à la Russie. C’était que du bonheur. On a fait ce que personne n’avait fait : se qualifier pour les huitièmes de finale. On avait à cœur de faire plaisir à nos familles et à tous les Algériens et à faire taire toutes les critiques de certaines personnes. On était vraiment soulagés. On a fait ce que personne n’avait fait. Maintenant, on est dans l’Histoire et personne ne peut nous l’enlever.
Avec l’espoir de faire mieux en Russie ?
Quand on voit tous les Algériens qui brillent en Italie, au Portugal, en Espagne… On espère que les autres joueurs intégreront les championnats majeurs pour briller. Petit à petit on a de meilleurs joueurs, il y a de plus en plus de joueurs qui émergent. C’est magnifique pour l’avenir. On a les qualités pour faire des choses exceptionnelles. Et pourquoi pas faire mieux en Russie ?
Maintenant, on va te demander de faire un petit coucou à la Gazette du Fennec…
La Gazette du Fennec, vous êtes toujours les bienvenus ici à Valence. En plus il fait beau, c’est agréable. Toujours un plaisir de discuter avec vous depuis les débuts. Un grand bonjour à tous les fans de La Gazette.
Entretien réalisé à Valence par Mohamed Saâd,
pour La Gazette du Fennec
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