Adopté avec fracas le 1 juillet dernier, le nouveau contrat type censé remettre un peu d’ordre dans les finances du football algérien, en faisant de la performance le seul critère de valeur, n’a pas résisté longtemps à la réalité du terrain. En vérité, c’est toujours le principe du plus offrant qui règne en maître sur le marché estival. Et dans l’ombre des négociations, les chiffres s’emballent, les plafonds éclatent, et les promesses de rationaliser les dépenses des clubs restent des paroles en l’air.
En façade, tout semble cadré : un salaire mensuel de 300 000 dinars, uniformisé pour tous les joueurs de Ligue 1 Mobilis, inscrit noir sur blanc dans le contrat. Mais en coulisses, c’est la prime – versable en deux fois – qui dicte la valeur réelle d’un joueur. Et sur ce point, aucun plafond, aucun garde-fou. La prime échappe à toute régulation. Elle est libre.
La FAF parle rationalisation, les clubs adhèrent sur le principe, mais continuent à s’adonner à une surenchère effrénée. À ce jeu, les mastodontes du championnat ne reculent devant rien. L’exemple le plus parlant reste le transfert d’Aymen Mahious.
Longtemps cadre offensif du CR Belouizdad, Mahious a fini par céder aux sirènes de la JS Kabylie. Pourtant, le Chabab avait mis le paquet pour le retenir : plus de 12 millions de dinars par mois, un contrat de sponsoring triennal avec 50 % des droits d’image, et le versement de la totalité de la prime à la signature. Le joueur avait initialement réclamé la moitié à la signature. Le CRB – propriété du groupe publique Madar – a accepté. Puis il a demandé la totalité. Là encore, feu vert. Autant dire qu’aucune exigence n’était de trop pour conserver son serial buteur.
Mais cela n’a pas suffi. La JSK – dopée par l’argent de l’opérateur publique Mobilis – est passée par là. Et si l’on ne connaît pas le montant exact proposé par les Canaris, il est aisé de deviner qu’il était supérieur. Avec, en prime, un projet sportif plus séduisant puisque la JSK jouera la Ligue des Champions africaine. Le Chabab n’a pu que s’incliner. De bonne guerre.
Un cas parmi tant d’autres, mais qui résume l’impasse actuelle : un contrat type, certes, mais une économie totalement libéralisée dès qu’il s’agit de primes, de droits dérivés ou de bonus déguisés. Les clubs, eux, devront justifier l’origine de ces montants – souvent présentés comme provenant de fonds propres ou de sponsors externes, hors société mère. Une esquive administrative qui ne freine en rien la flambée générale.