De ses premiers pas au MC Oran jusqu’à son transfert à Malaga CF (D2 Espagne) où nous sommes partis à sa rencontre, Mohamed Benkhemassa (27 ans) se livre dans une interview vérité pour La Gazette du Fennec. Rencontre autour d’un thé au Leicy Hotel dans le centre ville de Malaga avec l’international algérien (3 sélections) qui nous raconte, à cœur ouvert, les pas importants de sa carrière de l’USM Alger aux JO 2016 à Rio de Janeiro, de la CAN 2019 qu’il a raté malgré l’exclusion de Belkebla et son ambition intacte de revenir dans les plans de Djamel Belmadi.
De notre envoyé spécial Abdéraouf Zerarka à Malaga
Moha, première question, simple, comment tu vas ? Raconte nous un peu ton quotidien ici en Andalousie ?
Franchement Hamdoullah tout va bien me concernant. Quand tu vois le temps ici, tu te sens comme en Algérie mais pour être très honnête avec vous, je suis quelqu’un d’assez casanier. J’ai une routine entraînement-maison quasi quotidienne.
Tu es arrivé à Malaga en début de saison 2019/20. Quelle conclusion tu tires de ta première année européenne, pendant laquelle les blessures ne t’ont pas épargné, sans compter l’arrêt prématuré dû à la crise sanitaire ?
Malgré les dires qu’il y a pu y avoir de ci de là concernant ma première année et notamment l’adaptation nécessaire pour être totalement épanoui, le changement d’entraîneur en cours de saison, les blessures etc, je pense vraiment que je pouvais faire mieux pour cette première saison. J’en entame une seconde maintenant et ça me pousse à vouloir faire mieux. Je ne cherche pas d’excuses et je ne citerai pas cet argument d’adaptation parce que justement je sais que je pouvais être davantage performant.
Justement tu as entamé ta deuxième année ici à Malaga. Avant de l’évoquer, parles nous de ton arrivée ici. Comment s’est-elle déroulée ?
Alors il faut remonter au dernier match de la saison 2018/2019, avant le match à Constantine avec l’USMA. Une équipe en première division suisse était intéressée, tout était quasi réglé jusqu’aux moindres détails. Le Président de l’USMA, mon agent ainsi que moi même étions d’accord mais un léger soucis, pour lequel nous n’entrerons pas dans les détails, a fait ralentir la fin du dossier et la laisser en suspens. Arrive la dernière semaine du mercato, mon agent me parle d’un contact avec Malaga. J’étais OK sur le principe, je me sentais prêt à quitter l’Algérie et passer ce cap européen. On est monté à Malaga avec mon représentant, on a discuté avec l’entraîneur qui m’a présenté le projet. J’ai rencontré la direction afin de peaufiner les ultimes lignes du contrat mais cela a pris du temps parce que le club se trouvait dans une légère impasse concernant la qualification des joueurs auprès de la Ligue. Le championnat avait débuté depuis 5 journées déjà et ce n’est que lors du dernier jour du mercato (2 septembre 2019) que ma signature a été officialisée, Dieu merci.
“J’ai entendu beaucoup de rumeurs sur les réseaux sociaux concernant mon départ de Malaga”
Le club a subi quelques difficultés financières suite à la crise du Covid. On parlait d’un dégraissement de l’effectif et notamment des salaires élevés au club. Tu faisais hautement parti de cette liste de départ mais pourtant tu es encore là et tu fais tes matchs puisque tu es titulaire, tu joues et tu es performant. Comment expliquer ce revirement de situation ?
C’est vrai qu’il y avait une liste de joueurs supposés à un départ mais je vais vous surprendre, je n’en faisais pas parti. J’ai entendu beaucoup de rumeurs sur les réseaux sociaux ainsi que dans la presse concernant les difficultés du club, la probable faillite de ce dernier etc mais Malaga est une équipe qui ne peut disparaître, c’est impossible. Pour revenir à mon cas, dès la reprise de la saison, j’effectuais mes entraînements normalement, je jouais les matchs amicaux et de surcroît, je n’avais aucun problème avec un untel ou untel. Toutes ces rumeurs concernant mon départ provenaient de l’extérieur mais en rien elles étaient véridiques. La preuve.
(Au détour de notre échange, il passe commande auprès d’un serveur du café dans un espagnol parfait). Ça y est tu es devenu totalement bilingue, un vrai Andalou ! (Rires) …
(Rires) … Très honnêtement, la difficulté la plus grande que j’ai eue lors de mon arrivée c’est la langue. Il ne faut pas se leurrer, la communication est très importante, encore plus dans un championnat où la tactique occupe une place assez importante. Hamdoullah au bout de deux/trois mois j’ai pu devenir assez autonome concernant la pratique de l’espagnol et très franchement, ça peut paraître bénin, mais la compréhension de la langue te facilite beaucoup. Tu comprends ton entraîneur sans devoir passer par un intermédiaire, et sur le terrain tu te sens davantage concerné tactiquement et techniquement avec tes coéquipiers.
Justement, quel regard portes-tu sur ton début de saison 2020/2021 ?
Hamdoullah je le juge positif et ce depuis les matchs amicaux. L’entraîneur m’a fait confiance, il m’a fait jouer et j’ai été performant. Dès lors qu’il t’accorde ce crédit, tu deviens davantage confiant en toi même donc et tout devient plus aisé pour toi.
“J’ai toujours en tête l’Équipe nationale… c’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur”
Quels sont tes objectifs pour cette année ?
Clairement, jouer le maximum de matchs possible bien évidemment, réaliser de bonnes prestations et surtout, laisser une image et une touche positive. D’un point de vue collectif, je ne te parlerai pas d’un objectif précis parce que la saison est longue et beaucoup de choses peuvent changer. Il est plus prudent de penser match par match et voir où ça peut mener. Enfin, je ne te cache pas que j’ai toujours en tête l’Équipe Nationale Algérienne. C’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur mais ça passe par des performances et du travail perpétuel.
En parlant d’Algérie, on a évoqué un retour de Benkhemassa à l’USMA cet été. On va justement revenir sur ta période Usmiste mais avant ça, raconte nous tes débuts dans le football.
Cette passion a commencé grâce à mes deux grands frères qui jouaient au foot. Ils étaient à l’école du Mouloudia d’Oran. Je les suivais souvent, ils m’emmenaient avec eux et petit à petit je suis tombé dedans. J’ai intégré les catégories poussin du Mouloudia jusqu’à ma deuxième année de minime où j’ai rejoint l’Académie de la FAF. Là-bas j’ai évolué sous les ordres de Salim Menad et Abdelkader Horr. Je tiens à leur apporter toute ma gratitude car ils nous ont excessivement aidé. Grâce à eux nous avons appris la discipline sur et en dehors du terrain, et surtout, nous avions des “cours de football”.
Des cours de football ? De la théorie au sens propre du terme ?
C’est ça ! Chaque semaine on avait des cours pendant lesquels on nous apprenait la tactique, le placement et même comment s’exprimer. Ce fut vraiment bénéfique car on peut le voir aujourd’hui, de ma promo, nous sommes plusieurs à avoir fait carrière : Ayoub (Abdellaoui), Zinou (Zinedine Ferhat), Haddouche (Zakaria) et encore d’autres !
“A mon arrivée à Alger à 15 ans, j’ai été accueilli par la famille d’Ayoub Abdellaoui à qui je dois une grande partie de ma réussite”
A 18 ans, c’est le grand saut, départ vers l’USM Alger. Découverte d’un club mythique de la capitale et découverte du premier groupe pro …
Avant d’évoquer l’USMA, que je considère comme ma MAISON, je voudrais juste ajouter un petit quelque chose concernant mes années à l’Académie. Il faut savoir que j’ai du quitter la maison à 15 ans pour me consacrer à mon rêve et en arrivant sur Alger, j’ai été accueilli par la famille d’Ayoub Abdellaoui. Ils m’ont considéré comme l’un des leurs en me traitant comme leur propre fils. J’ai eu mon bac et j’ai pu intégrer l’USMA et tout cela c’est en parti grâce à eux. Je vivais littéralement sous leur toit et même lorsque Ayoub n’était pas à la maison, eh bien moi j’y étais, comme si c’était chez mes propres parents.
D’où la relation particulière que tu as avec Ayoub Abdellaoui (qui évolue au FC Sion en Suisse) encore aujourd’hui ?
Bien sûr, Ayoub c’est mon frère. On se parle très souvent, je suis parti le voir en Suisse et lui est déjà venu me voir ici en Andalousie. On a grandi ensemble, autant à la maison qu’à l’USMA et on s’est même retrouvés en Équipe Nationale. Il me semblait important d’évoquer ce détail avec sa famille durant mes années Académie car quitter son domicile parental à Oran à l’âge de 15 ans pour rejoindre la capitale, ce n’est pas quelque chose d’aisée mais Dieu merci j’ai rencontré les Abdellaoui pour qui j’attribue une grande partie de ma réussite aujourd’hui.
Trois années à l’Académie donc, où tu as pu te former de manière assez complète puis direction la maison rouge et noir. Comment s’est déroulé ton départ vers Soustara ?
J’étais encore à l’Académie, lorsqu’en 2011, plusieurs clubs d’Alger et du pays nous ont contactés. Mon premier rendez-vous s’est opéré avec Mohamed Mekhazni (ancien dirigeant de l’USMA). Nous étions avec Ayoub et Zakaria (respectivement Abdellaoui et Haddouche). C’était durant le mois du Ramadan et il nous avait conviés, à la base, pour une simple conversation. Finalement, ce premier rendez-vous s’est avéré être le dernier puisque après une heure d’échange, nous avons conclu l’affaire avec l’USMA. Nous avons passé encore une année et demie à l’Académie le temps de poursuivre notre formation avant de définitivement intégrer le club au début de la saison 2013/14.
Tu vas passer cette saison avec les espoirs, entrecoupés d’entraînements avec les seniors. Lors de l’exercice 2014/2015, tu rejoins totalement et définitivement l’effectif senior. Quelles sont tes premières sensations lorsque tu arrives dans ce vestiaire ?
Celles d’un jeune, timide, qui intègre le groupe pro et qui tente de se comporter au mieux au milieu de cet effectif qui comptait beaucoup de joueurs d’expériences à l’époque.
Il y avait énormément de respect entre nous, et les anciens nous ont beaucoup aidé et facilité. Absolument tous sans exception de Zemma à Meftah en passant par Hamza (Koudri), Bouazza (Feham) ou Seguer (Mohamed). C’était tout un groupe, dans son ensemble.
“J’ai tout connu avec l’USMA. Il nous a manqué ce brin de chance pour remporter un titre continental”
T’es arrivé jeûne avec pleins d’envie et après 6 ans (il quitte l’USMA au terme de la saison 2018/19) t’en ressors grandi et aguerri avec un statut d’international. Que retiens-tu de ces années en rouge et noir ?
J’ai tout connu, absolument tout connu ! Deux championnats (2016 et 2019), une troisième place (2017), une supercoupe (2016), finale de la LDC (2015), demie-finale de la LDC (2017), quart de finale CAF (2018). On peut parler d’un parcours presque parfait ! Il nous manquait juste un titre continental.
Que vous a t il manqué justement pour remporter ce trophée continental ?
2015 contre le TP Mazembe, je suis persuadé qu’on aurait du jouer notre finale aller au 5 Juillet. Je ne dis pas que le terrain de Bologhine nous a fait défaut mais jouer au 5 Juillet aurait été davantage favorable. Pour ce qui est de 2017 face au Wydad, la difficulté était moindre que contre Mazembe en 2015 selon moi. Je pense qu’on aurait pu passer sans soucis. Je dirais pas que c’est une faute d’expérience ou autre mais il nous manquait ce petit quelque chose, comme une part de chance qu’il y a parfois dans le football et qui peut t’aider à remporter des matchs et des trophées importants.
Beaucoup de titres tout de même glanés durant toutes années avec le club. Hormis les performances sportives, on constatait une réelle ambiance et unité entre certains joueurs dont tu faisais parti avec Raouf (Benghit), Oussama (Darfalou), Zinou (Ferhat), Ayoub (Abdellaoui), Farouk (Chafai) … Jusqu’à aujourd’hui, cette complicité se caractérise encore sur les réseaux sociaux où on vous voit souvent partager des photos entre vous, passer des vacances ensemble etc. Comment ca se passait entre vous ? Est-ce cette entente qui vous a permis de performer sur la durée avec l’USMA ?
Tout d’abord, l’USMA c’est un grand club. Avec ou sans nous, cette équipe reste une institution. Quand tu y ajoutes une bonne ambiance et une harmonie commune entre tous les joueurs, bien évidemment les résultats suivent. Concernant les joueurs, ce sont devenu mes frères. On partage beaucoup de choses en dehors du terrain, on se voyait très souvent et ça soude. A titre d’exemple ici à Malaga, au moins deux fois par semaine nous nous rencontrons tous ensemble pour un déjeuner ou dîner. Et le but n’est pas de manger en comité non, ces rencontres nous servent à tisser davantage de liens entre nous et de ce fait créer une union. C’est ce qu’il y avait lorsque j’étais à l’USMA.
“Le langage du football est universel, avec du sérieux et du travail nos locaux peuvent performer en Europe”
Très justement, en parlant de ce groupe, la plupart maintenant sont à l’étranger. Raouf en Tunisie, Ayoub en Suisse, Oussama en Hollande, Zinedine en France etc… Qu’est ce que ça te fait de voir que les joueurs locaux puissent s’exporter en Europe et être performant ? Encore plus quand c’est tes amis ?
Vraiment ça fait plaisir de voir des joueurs qui ont cette ambition de voir plus haut. En Algérie, tu peux aisément trouver des gars qui sont au top localement mais qui n’ont pas cette envie d’aller chercher plus car ils se sentent à leur aise en Algérie et n’ont pas forcément envie de quitter leur cocon. Mais pour revenir à ceux qui sont à l’étranger, j’estime vraiment qu’ils sont partis parce qu’ils le méritent et qu’ils avaient le niveau pour. J’espère qu’on en verra davantage dans le futur et d’ailleurs j’en suis convaincu. L’adaptation hors Algérie peut être compliqué suivant chaque joueur mais lghorba marahich vraiment ghorba ta3 sa7. Mis à part l’adaptation à la culture locale, le langage du football est universel et avec du sérieux et du travail, nos locaux peuvent facilement performer en Europe.
Comment se fait-il que ce n’était pas monnaie courante avant ? Que cet afflux massif de joueurs algériens vers l’Europe ne date finalement que de ces dernières années ?
C’est clairement une faute de moyen. Les joueurs n’avaient pas cette facilité pour quitter l’Algérie comme ça l’est maintenant. Il était vraiment difficile d’être vu tout d’abord puis de convaincre une écurie étrangère par la suite. Il faut également ajouter que le niveau du joueur algérien a beaucoup évolué au fil des années. Et puis il y a des gars qui sont sortis avant nous et qui ont donné une bonne image du footballeur local. De facto, lorsqu’un agent proposera un joueur algérien à un club, ce dernier sera plus attentif qu’il n’aurait pu l’être il y a quelques années.
A ce titre, l’Algérie a remporté la CAN 2019 avec dans son 11 titulaire, 5 joueurs locaux. De par ton expérience, penses-tu que le joueur local a souvent été dénigré et qu’il n’ait pas été jugé à sa juste valeur ?
C’est assez difficile car c’est propre à chaque coach. A titre d’exemple, Slimani jouait beaucoup avec Vahid, c’est d’ailleurs lui qui l’a lancé. Pourtant à cette époque Vahid avait des attaquants qui jouaient en Europe et notamment en Champions League mais pourtant, le choix numéro 1, c’était Islam. Très humblement, je pense qu’un entraîneur ne peut se passer d’un joueur qui le fera gagner, local ou non. Quelqu’un qui travaille, qui donne et qui réalise de bonnes performances ne sera jamais mis de côté, encore plus de nos jours et notamment en Équipe Nationale.
“Les JO 2016 au Brésil ? Une expérience inoubliable où j’ai pu rencontrer Rafael Nadal, Usain Bolt au Village Olympique”
Tu me parles d’Équipe Nationale, on en vient donc à ce chapitre. Tu ne faisais pas parti du groupe pour la dernière CAN mais pourtant, tu as déjà participé à une compétition internationale avec l’Algérie. C’était en 2016 et ça se passait du côté du pays du football. Peux-tu nous en parler davantage ?
Exactement, JO 2016 à Rio de Janeiro au Brésil. Déjà avant ça je veux parler de notre qualification qui s’est faite lors de la CAN U23 2015 au Sénégal. C’était une compétition pour laquelle personne croyait en nous. On nous prédisait une élimination au 1er tour mais pourtant, nous avons été jusqu’en finale contre le Nigéria. Finale qu’on a malheureusement perdue mais cette deuxième place nous octroyait une place aux Jeux. Et pour revenir au tournoi à Rio, que dire ? C’était une très belle expérience, tu joues contre des Nations qui possèdent de jeunes joueurs prometteurs et/ou des talents déjà reconnus. Je pense qu’avec notre groupe et la qualité de nos joueurs, on aurait pu faire quelque chose.
Vous tombez dans le groupe du Honduras, l’Argentine et le Portugal. Aux premiers abords ça semble alléchant mais aussi difficile ?
Pas tant que ça. Je pense vraiment qu’on aurait pu passer ce premier tour mais on a mal négocié le premier match face au Honduras (défaite 2-3). Dès lors ça devenait difficile pour nous d’autant plus que les deux matchs restants étaient contre les favoris du groupe. C’est dommage mais ce fut quand même une belle expérience.
A ce titre, et concernant l’expérience hors terrain, qu’est ce que t’évoque une participation à des JO ?
Pour moi, personnellement, les Jeux c’est autant, voire plus important qu’une Coupe du Monde de Football (tournoi sportif le plus suivi mondialement). Tu retrouves des athlètes de haut niveau, les meilleurs de chaque discipline et vous vivez ensemble en communauté dans ce qu’on appelle le Village Olympique. On est tous logés à la même enseigne quelque soit la nationalité ou la discipline pratiquée et pour moi c’était quelque chose de grandiose. J’ai eu l’opportunité de voir Rafael Nadal, Usain Bolt, Yohan Blake, Andy Murray et j’en passe … Pourtant, j’ai failli ne pas voir Rio car au début de l’été 2016 je m’étais fait opérer du ménisque. J’étais vraiment dans un entre deux et la liste des 16 joueurs devait être remise dans un temps imparti. Le staff a pris le risque de me convoquer et hamdoullah ma rééducation s’était bien passé et j’ai pu être prêt pour le début de la compétition.
“L’EN c’est quelque chose de spécial…tu attends toujours l’annonce de la liste avec impatience”
On va tourner la page JO et se concentrer sur l’équipe A. Raconte nous ta première convocation et l’émotion que ça a suscité.
L’EN c’est quelque chose de spécial et sans mentir, même si tu sens que tu as peu de chance d’être convoqué, tu attends l’annonce de la liste avec impatience. Puis quand tu es convoqué, ta joie mais aussi celle de ta famille, de tes amis et des personnes qui te suivent c’est quelque chose de grand. Tu fais parti des meilleurs 23 algériens dans le Monde à l’instant T. C’est gratifiant.
Comment s’est passé ton adaptation en équipe nationale ?
Le niveau est très élevé donc tu tentes d’être parfait dans tous les aspects du jeu. Tu côtoies les meilleurs et tu n’as pas envie de faire d’erreurs. Ça te rend meilleur justement et ça te pousse à donner le max pour satisfaire le staff ainsi que tes coéquipiers.
Ta première rentrée avec les A c’était sous Rabah Madjer contre le Portugal en mai 2018. Une défaite assez compliquée 0-3 contre une équipe tenante du titre de l’EURO et futur mondialiste. On imagine que malgré la défaite, l’émotion était énorme ?
Que dire, j’étais sur le banc de touche lors du début du match et quand tu vois les joueurs contre qui tu t’apprêtes à jouer tes poils s’hérissent. J’avais envie de rentrer, j’étais vraiment excité à l’idée de faire une apparition sur le terrain. Et finalement le moment est arrivé. Je suis le premier à être entré sur le terrain parmi les remplaçants (changement avec Salim Boukhechouche à la 57ème). Le coach m’a accordé une trentaine de minutes plus ou moins, j’ai joué sans complexe et ça s’est bien passé malgré la défaite.
Qu’as tu fait de ton maillot ? Tu l’as gardé ou échangé ?
(Il sourit) … Je l’ai échangé avec Bruno Fernandez de Manchester United (il jouait au Sporting Portugal à l’époque).
T’as donc connu l’ère Rabah Madjer. Ce match contre le Portugal était le dernier avant son limogeage. Qu’est ce qui selon toi n’a pas fonctionné avec ce coach ?
Très franchement je n’ai pas d’explication formelle. Ce sont des choses qui arrivent, et même aux plus grands. C’était le mektoub de l’Équipe Nationale et le parcours devait se passer ainsi … jusqu’à l’arrivée de Djamel qui a tout remis en ordre.
“Je voulais vraiment faire cette CAN 2019 mais c’est le Mektoub ! Belmadi a fait ses choix et je dois les accepter”
Tu nous parles de Djamel, toi qui a connu l’équipe avant et après sa prise de fonction, comment pourrais-tu nous décrire la mutation qui s’est opérée au sein de cette EN ?
C’était un changement radical ! La communication avec les joueurs, le discours tenu par le coach, tout avait changé. Et on sait tous à quel point ces derniers sont importants. La mentalité des joueurs avait également évolué. J’ai trouvé un groupe qui avait faim de victoires et qui ne semblait pas être rassasié. Et tout ça c’est le fruit du travail de Djamel. Dans les vestiaires il sait parler à ses joueurs de tel sorte à ce qu’ils soient au max sur le terrain, qu’ils veuillent faire les sacrifices les uns pour les autres et surtout qu’ils aient peur pour leur place car c’est cette crainte qui va les rendre meilleur.
Quelques semaines avant le début de la compétition, un joueur a malheureusement été exclu du groupe. Tu étais pressenti pour le remplacer mais c’est finalement Andy Delort qui a été convoqué. Comment as-tu pris la nouvelle ?
C’est un choix pour lequel tu dois accepter la décision. Je faisais parti de la liste élargie et je voulais vraiment faire cette CAN mais c’est le mektoub, Djamel a fait ses choix et je dois les respecter.
L’équipe a donc remporté ce trophée tant attendu depuis 29 ans. Toi qui a connu le groupe peu de temps avant le début de cette CAN, sentais-tu que le groupe pouvait aller loin voire remporter le tournoi ?
Pour être honnête, et au vu des matchs disputés avant la compétition, j’étais persuadé qu’ils iraient loin, très franchement. C’était un tournoi exceptionnel et la chose que l’on peut souligner, c’est qu’ils ne se relâchent pas. Beaucoup d’équipes lèvent le pied après avoir remporté un trophée. On sent comme une légère décontraction et c’est normal mais pour ce qui est de nos joueurs, on remarque très clairement cette faim qui les caractérise. Et tout ce mérite revient notamment à Djamel et son staff car ils maintiennent psychiquement et mentalement le groupe de manière à ce que les joueurs recherchent toujours le maximum.
“Chaque fois que tu joues avec ton club, tu as toujours une partie de ta tête qui pense à l’EN”
Depuis qu’on a entamé ce sujet de l’Équipe Nationale, on sent que tu en parles avec ton cœur. C’est quelque chose qui t’anime ?
Bien sûr et c’est normal ! On parle de l’Algérie ! Chaque fois que tu joues avec ton club, tu as toujours une partie de ta tête qui pense à l’EN. Ça a beau être un match de seconde division espagnole mais quand même, l’Algérie reste présente dans ma tête car c’est un levier de motivation.
Tu sembles vraiment déterminé. Finalement qu’est ce qu’on peut te souhaiter ?
La santé bien évidemment ! Que les parents et l’entourage se portent au mieux et que sportivement je puisse donner mon maximum afin de toujours rechercher l’excellence. Wa Inch’Allah mazal l’kheir lqodam !
Entretien réalisé à Malaga par Abdéraouf Zerarka pour La Gazette du Fennec