La journée fût très longue et pénible pour Youcef Atal. Convoqué au tribunal de Nice ce lundi 18 décembre, l’international algérien (34 caps, 2 buts) a eu à s’expliquer devant la justice française concernant cette fameuse story partagée d’un prêcheur palestinien, invoquant contre l’occupant sioniste, suite aux attaques du 7 octobre dernier. La procureure a prononcé sa sentence, et la décision finale sera fixée par le juge dans quelques jours.
Ayant fait son arrivée au tribunal de Nice vers les coups de 13h30, le Fennec savait déjà qu’il n’était pas prêt de voir le bout du tunnel, et qu’il quittera le tribunal aussi dépité qu’il ne l’était en y entrant. Son avocat, Maître Antoine Vey, a d’entrée tenté de dénicher une faille dans l’organisation de ce procès, en se questionnant sur l’application de la loi française sur cette affaire. “Est-ce qu’on est dans l’application de la loi française? La vidéo a été postée en langue étrangère depuis l’étranger et M. Atal est de nationalité étrangère”, a-t-il défendu.
La procureure Maud Marty, a aussitôt démantelé la tentative de l’avocat de Youcef, en soulignant que “Youcef Atal est domicilié à Nice. Il a posté ce message depuis son compte Instagram suivi par un public attaché à l’OGC Nice. Une partie de la communauté française est arabophone”.
Les premières explications de Youcef Atal
Après le début de l’audience, la parole a été donnée au latéral droit de l’OGC Nice. Ce dernier s’est tant bien que mal défendu, en affirmant une énième fois regretter son geste, et qu’il était absolument contre toute haine envers quiconque. “J’ai partagé cette vidéo car c’était pour moi un message de paix. Je n’ai pas regardé la vidéo jusqu’au bout malheureusement. Je regrette. J’ai posté la vidéo sans regarder le compte de son auteur. Je suis un joueur de foot, je n’essaie pas de faire de politique. Le directeur sportif de l’OGC Nice m’a appelé, j’ai enlevé la vidéo, j’ai posté un message d’excuse. Je n’ai voulu blesser personne. Je n’aurais pas dû partager cette vidéo”, a déclaré Atal.
Un silence fatal
A plusieurs questions, Youcef Atal a préféré garder le silence. Un silence qui pourrait être retenu contre lui vu la subtilité des questions posées. Questionné sur son envie de rester à Nice, ainsi que son “like” d’une publication d’un champion de MMA en octobre 2020 après l’attentat de la basilique Notre Dame à Nice, le joueur a préféré ne pas se prononcer. Ce dernier a néanmoins tenté d’apaiser les tensions en avouant que sa publication aurait pu pousser des gens à commettre des actes graves, suite à une question de la procureure. “Maintenant que je vois la vidéo je pense que ça peut arriver, c’ est pour ça que j’ai enlevé la vidéo”, a déclaré Atal.
Accusations lunaires de l’avocat de la LICRA
Les avocats du partie civile ont également posé des questions à leur tour, et celui de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a reproché le manque de courage du joueur concernant cette affaire, tout en l’interrogeant sur le port d’une écharpe aux couleurs de la Palestine lors du premier match de la date FIFA d’octobre, qui, le rappelons nous, s’est déroulée en Algérie, avec l’équipe nationale algérienne. “Dans notre dossier, il y a des photos de vous avec une écharpe de la Palestine”, a lâché l’avocat. “J’ai fait la photo avec une écharpe parce qu’en Algérie tous mes coéquipiers soutiennent la Palestine. Je ne suis contre personne, je suis juste un joueur de football. Je suis contre la haine. Nous avons déjà joué à Tel Aviv et j’ai joué sans aucun problème. Je voulais seulement que ces attaques cessent.”, a répondu le Dz.
Tout en affirmant qu’il était difficile d’avoir un débat avec l’Algérien, ce même avocat a tenté de mettre Atal dans la sauce, en détournant sa dernière prise de parole concernant ce fameux match en Palestine occupée. “Vous dites être allé jouer à Tel Aviv et que ça n’a pas posé de problème. En quoi faire un match de football à Tel Aviv serait problématique pour vous si vous n’êtes qu’un joueur de football ?”, a lâché l’avocat. De quoi enflammer davantage la cour.
Dix mois de prison avec sursis requis contre Youcef Atal
Comme l’a si bien affirmé Maud Marty, “les mots ont un poids, une conséquence”, et ça, Youcef Atal le savait déjà depuis qu’il a été embarqué dans cet ouragan médiatique. Après avoir écouté le joueur, la procureure de Nice a demandé contre l’Algérien dix mois de prison avec sursis pour “appel à la haine et à la violence”, en plus d’une amende de 45.000 euros et de la diffusion de la décision sur Instagram pendant un mois.
Dans une ultime prise de parole avant la fin de l’audience, le natif de Boghni à une nouvelle fois écarté l’idée d’être un incitateur à la haine. “Je sais que je suis responsable de mon compte Instagram mais je n’ai de haine contre personne”.
La décision finale du juge sera rendue le 3 janvier 2024. La tournure des événements était toutefois malheureusement assez prévisible, et il était sûr que le joueur n’allait pas s’en tirer si facilement. Une affaire délicate pour un Youcef Atal, qui est censé commencer sa préparation pour la Coupe d’Afrique avec l’Algérie en début janvier.
"L’international algérien #Youcef_Atal est arrivé au tribunal de #Nice où il comparaît pour « provocation à la haine » après une publication liée à la guerre menée par Israël sur la Bande de #Gaza" Via @aa_french pic.twitter.com/nlIeHcou8o
— La Gazette du Fennec (@LGDFennec) December 18, 2023