Rabah Madjer, ancienne vedette de l’équipe nationale, n’en démord pas. Il assure, dans un entretien accordé pour Onze Mondial, être innocent et ne comprend pas trop pourquoi son nom a été cité dans une affaire d’encarts publicitaires de 8.000.000 DA qu’il n’a jamais perçus de l’ANEP. Cette somme conséquente était en instance de versement dans les comptes de ses deux journaux « El Balagh » et « El Balagh Erriadhi » qui ont cessé de paraître en novembre 2019.
Dans la tourmente, Madjer dit qu’il « ne représente pas le mal » et pense qu’ « il y a des gens qui sont derrière, qui sont restés l’éternel ennemi. L’ennemi d’hier, c’est l’ennemi d’aujourd’hui. Malheureusement, quand je suis revenu en équipe nationale, cela m’a causé beaucoup de tort. Je ne vous cache pas que j’attends que se règle définitivement cette affaire.»
Malgré cet argumentaire, le litige est là. D’un côté, il y la version de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) qui affirme qu’ « il avait été constaté que la Sarl Bahia Presse, conventionnée avec l’ANEP-URP Oran en date du 09/08/2016 pour ses deux journaux paraissant à l’Ouest du pays, avait procédé à la dissolution de son entreprise le 3/11/2019 sans aviser le contractant (ANEP-EPE/SPA).»
De l’autre, il y a le niet de Madjer qui dit être « quelqu’un de très correct. Alors, pour éviter tout problème, j’ai demandé à arrêter la publication de ces journaux et fin octobre, je suis allé chez le notaire, j’ai fermé la société et l’ANEP (Agence nationale d’édition et de publicité) le sait. Depuis le 2 novembre, je ne suis plus responsable de ce journal. Ils ont reçu les papiers nécessaires du notaire, la preuve est là. Puis, j’ai laissé tout cela au gérant et au commissaire aux comptes pour faire la cessation et la liquidation.»
Pourquoi les moult réclamations ?
Y a-t-il eu une mauvaise manœuvre administrative de part ou d’autre ? C’est l’hypothèse la plus probable. D‘ailleurs, l’inventeur de la talonnade relève que « le commissaire aux comptes n’a pas que le journal de Rabah Madjer. Il a d’autres journaux, il travaille avec d’autres journaux, d’autres entreprises. Il est survenu un léger retard pour la cessation et la liquidation.»
En outre, le prédécesseur de Djamel Belmadi sur le banc de l’équipe nationale explique que « l’ANEP, normalement, devait envoyer des chèques mais lorsqu’ils ont vu que le journal ne paraissait plus, ils ont bloqué à leur niveau tous les chèques. Il n’y a aucun chèque qui est rentré dans la société. La preuve, l’ANEP la donne dans son communiqué, le démenti.»
Vrai ? Pas tout à fait non. Si l’entreprise nationale a bien indiqué qu’ « aucun paiement depuis octobre 2019 (soit la somme de 11 328 800,00 DA) n’a été effectué à ladite Sarl dissoute », elle a précisé qu’elle a été destinataires de « moult réclamations » de la part de ladite Sarl qui n’a pas avisé le contractant de l’arrêt de l’activité. C’est en soi une infraction. Ainsi, le fait de réclamer le versement peut aussi prouver une préméditation d’enfreindre la loi.
L’ardoise et l’incompréhension
Pour les détails, après avoir remonté l’historique des transactions, l’ANEP a livré les chiffres des chèques lors des trois derniers mois en question. Pour El Balagh, il y a les factures numérotées 11, 12 et 01 dont les montants respectifs sont de 1.345.295,00 DA/ TTC, 1.599.360,00 DA/TTC et 1.299.480,00 DA/TTC dans l’ordre. Concernant ceux d’El Balagh Erriadhi, les versements sont de 1.245.335,00 DA/TTC, 1.416.100,00 DA/TTC et 1.299.480,00 DA/TTC dans l’ordre.
Pour ce qui est de quiproquo, la légende à la tignasse tente de décrypter la situation en déclarant avoir parlé « avec l’un des responsables de l’ANEP. Je lui ai dit : ‘’Vous êtes en train de me causer des problèmes, quel est ce chèque de 8 millions que vous avez envoyé à la société et aux journaux ?’’ Il m’a dit : ‘’On est sidérés, on ne comprend rien du tout.’’ Je lui ai demandé s’il m’avait donné 8 millions de dinars, il m’a dit ‘’bien-sûr que non’’ et par la suite j’ai fait un démenti, et l’ANEP a également fait son démenti. Ils ont dit qu’il y avait des chèques d’1 milliard 150 millions qui n’ont pas été versés et sont restés en possession de l’ANEP.»
Dans toute cette ambiguïté, l’homme aux 29 buts avec El-Khadra ne comprend pas « pourquoi cette affaire a pris de l’ampleur, car l’argent n’a jamais été encaissé. Et tout cela parce qu’il y a eu un petit retard pour fermer la société de la part du gérant et du commissaire aux comptes. C’est un petit problème administratif, pas un problème d’argent.»
« Il y a manipulation »
Convaincu d’avoir les mains propres, le Champion d’Europe 1987 avec le FC Porto assure que « je ne suis ni de près ni de loin dans la société parce que je l’ai quittée le 2 novembre.» Pour lui, « L’ANEP le sait. Dans le communiqué de l’ANEP, avez-vous vu que celle-ci allait m’attaquer en justice ? Ils ont dit qu’ils allaient mener une enquête en interne et s’il le faut, déposer plainte auprès de la justice. »
Au final, Madjer note que « depuis que j’ai quitté l’équipe nationale, il y a des manipulations » et s’interroge « qui se cache derrière tout cela ? Ils essaient par tous les moyens de salir mon nom. Pourquoi essaient-ils par tous les moyens de faire un fond de commerce de mon nom ? » Dans ce litige financier, il y a de véritables zones d’ombre. Et pas que sur le traitement dont fait objet l’enfant du NA Hussein-Dey. Affaire à suivre.