De Gamouh à Bensebaïni en passant par Saïb et Assad, bon nombre de joueurs formés en Algérie ont pu évoluer au plus haut niveau en France. À cet effet, La Gazette du Fennec vous a concocté un Top 10 de ces footballeurs DZ qui ont franchi la Méditerranée pour exercer leur talent au sein de l’élite française. Nouvel épisode de cette saga avec le 3ème de notre classement : le champion de France et vainqueur de la Coupe de France 1996 avec l’AJA, Abdelhafid Tasfaout.
La Ligue 1 française. ou son ancienne appellation, la Division 1. Un championnat qui, de par l’histoire commune des deux pays, a naturellement accueilli des joueurs algériens nés en France ou en Algérie. De l’époque coloniale, on retiendra les noms des Abdelaziz Bentifour, Mustapha Zitouni ou l’inégalable Rachid Mekhloufi (4 fois Champion de France 1957, 1964, 1967, 1968 avec l’AS Saint-Étienne). Leurs héritiers se nommeront Mustapha Dahleb (2 Coupe de France 1982, 1983 avec le PSG) ou Ali Benarbia (2 fois Champion de France 1997 et 1999 avec Monaco et Bordeaux), deux génies formés en France.
Concentrons nous pour notre classement inédit sur les joueurs formés en Algérie qui ont rejoint le championnat de France durant leur carrière. Une finalité pour certains (Tasfaout, Saïfi, Bezzaz), un championnat tremplin pour d’autres (Madjer, Bensebaïni, Saïb), l’Hexagone a également servi à relancer de fort belle manière un Islam Slimani qui restait sur un échec retentissant en Turquie. Zoom sur les footballeurs venus d’Algérie.
TOP 10 :
3 – Abdelhafid Tasfaout
4 – Ramy Bensebaïni
5 – Djamel Tlemçani
6 – Salah Assad
7 – Rabah Gamouh
8 – Yassine Bezzaz
9 – Farid Ghazi
10 – Rabah Madjer
—————————————————————-
3ème place : Abdelhafid Tasfaout, le renard d’Oran à l’assaut d’Auxerre et Guingamp
Islam Slimani court toujours derrière son record de buts en sélection (il est à sept buts du record). C’est dire l’empreinte qu’a laissé Abdelhafid Tasfaout dans le football algérien. L’attaquant de poche a su, également, faire parler de lui au delà des frontières. Natif d’Oran, c’est dans un tournoi de quartiers qu’il est repéré par le SONATIBA, club dans lequel il évoluera jusqu’en 1982, durant une saison. Il enchaînera ensuite et respectivement avec la catégorie cadets au sein du MC Oran, puis le club de la SNCF de la ville parallèlement à ses études, puis intégrera enfin la catégorie juniors de l’ASM Oran à l’aube de la saison 86-87.
L’épisode ASMO-MCO
Preuve de sa précocité et de son talent, Abdelhafid Tasfaout dispute son premier match avec l’équipe première en décembre 1987, à seulement 18 ans. Une pratique peu courante à l’époque. Après deux saisons au sein de l’ASM Oran avec notamment une belle cinquième place à l’issue de la saison 1988-1989, le milieu offensif est convoité par son club de cœur, le MC Oran. Problème, « El Madrassa » ne veut pas lâcher son joyau et décide de lui fermer la porte. Un bras de fer naît entre le joueur de 20 ans et sa direction. Tasfaout est déterminé à s’en aller et décide de ne plus jouer pour les Vert et Blanc de Mdina Jdida. Très remonté, il signera un pré-contrat avec le Mouloudia pour la saison 1990-1991 et décidera par la même occasion de tirer un trait sur sa saison 1989-1990.
Durant cette saison sans jouer, le futur meilleur buteur de l’EN s’entraîne uniquement. Ce choix lui fera louper la CAN 1990 et le sacre final au stade du 5 juillet. D’ailleurs il l’avoue lui même dans un entretien paru en 2005 : « Je me suis entraîné au Mouloudia d’Oran une année mais sans jouer. J’ai peut-être gagné du temps mais j’ai perdu l’occasion de participer à la CAN 90 ». Qu’importe, après une première saison difficile avec les Hamraoua où il inscrit neuf buts, Abdelhafid enchaîne ensuite avec deux titres de champion d’Algérie en 1992 et 1993. Il est, par la même occasion, meilleur buteur de ces deux éditions du championnat avec respectivement 17 et 15 buts marqués. Son expérience au Mouloudia lui permettra également de côtoyer des grands joueurs tels que Tahar Chérif El Ouazzani et le ballon d’or Africain 1981, Lakhdar Belloumi. À noter que Tasfaout sera élu meilleur joueur du championnat en 1992, 1993 et 1994.
L’arrivée à Auxerre et le doublé de 1996
Ses prouesses au sein du championnat algérien et avec l’Équipe Nationale attirent l’œil de l’emblématique Guy Roux qui a repéré un peu plus tôt son compatriote, Moussa Saib (arrivé en Bourgogne en 1992). Alors qu’il est très proche de signer à l’Espérance de Tunis pour la saison 1995-1996, une discussion avec l’entraîneur de l’AJA va rabattre les cartes et c’est en France qu’il décide de partir durant l’été 1995. Tout est alors OK avec les Blanc et Bleu mais il reste encore un hic, son père ne veut pas entendre parler d’un départ en France tant que son fils n’est pas marié. C’est donc tout fraîchement marié qu’Abdelhafid Tasfaout débarque à Auxerre.
Pour sa première saison avec le club bourguignon, l’Oranais doit faire face à une rude concurrence (Bernard Diomède, Steve Marlet, Lilian Laslandes, Antoine Sibierski pour ne citer qu’eux) mais rempli à merveille son rôle de joker de luxe en championnat. Comme en témoignent ses trois précieux buts (dont deux à la 90ème minute) dans le dernier quart d’heure après être entré en jeu. Ces réalisations permettront à l’AJA de prendre neuf points sur neuf possibles alors que ces parties étaient bien mal embarquées. Cette première saison sera ponctuée d’une historique première place. Le premier titre de l’histoire de l’AJ Auxerre se fait en présence de deux internationaux algériens dans l’effectif, Tasfaout et Saïb. Avec 18 matchs et 5 buts en Division 1, un titre de Champion de France et une Coupe de France remportés, l’aventure dans l’Hexagone démarre on ne peut mieux pour le joueur de 27 ans.
Cinq ans à l’En Avant Guingamp
Pour sa deuxième saison auxerroise, Abdelhafid Tasfaout est toujours utilisé en tant que joker mais cela marche moins bien puisque l’Algérien n’inscrit aucun but en 17 matchs de championnat disputés. À noter également qu’il participe à l’épopée des Bourguignons en Ligue des Champions (éliminés en quart par le futur vainqueur, le Borussia Dortmund). Il est même titulaire pour le premier match de la phase de poules face à l’Ajax Amsterdam (défaite 0-1) et entre en jeu lors de deux matchs.
En manque de temps de jeu à Auxerre, le champion de France 1996 décide de rejoindre l’En Avant Guingamp dans le cadre d’un prêt durant l’été 98. Auteur de 6 buts en 25 matchs de Division 1, il finit deuxième meilleur buteur de l’effectif mais ne peut empêcher la descente du club en Division 2. Très à l’aise en Bretagne, Tasfaout décide de rester et signe un contrat de deux ans. Après deux saisons en D2 et 11 buts inscrits, le Fennec parvient à remonter en Division 1 avec les Costarmoricains en étant, au passage, meilleur joueur du club pour la saison 1999-2000. En 2001, il est rejoint par un autre Algérien au sein des Rouge et Noir, l’attaquant et ancien du Red Star, Hakim Saci.
Le natif d’Oran achèvera son aventure française sur deux saisons supplémentaires avec l’EAG, inscrivant 6 buts en 52 matchs de Division 1 et côtoyant notamment les futurs champions d’Europe 2012 Didier Drogba et Florent Malouda. Après une dernière pige à Al Rayyan au Qatar, Abdelhafid Tasfaout raccroche les crampons après une carrière riche en titres. Parallèlement à sa carrière en club, il participera à quatre Coupes d’Afrique des Nations (1992, 1998, 2000, 2002). À ce jour, il est encore le meilleur buteur de l’histoire de la sélection algérienne avec 36 buts.