Après les critiques acerbes du décathlonien Larbi Bourrada dont la 5ème place à Rio a séduit tous les observateurs, le chef de la délégation algérienne Amar Brahmia a répondu à l’athlète qui s’était plaint de ses conditions de préparations désastreuses et qui ont ému les Algériens à travers la toile. Même l’entraineur de l’athlète Ahmed Mahour Bacha est sorti de sa réserve pour confirmer l’information scandaleuse de l’absence de véhicule qui devait être mis à disposition de Bourrada. Une mise au point publiée sur le site de FAA qui sonne comme une déclaration de guerre au COA. Nul doute que cette affaire n’a pas fini de faire du bruit !
“On manque de moyens pour atteindre le niveau mondial. Les Jeux olympiques se préparent pendant deux à trois ans et non pas en trois mois. Nous sommes très loin du niveau mondial”, a déclaré Bourrada à l’envoyé spécial de l’APS à Rio. “J’ai payé cash mon manque de compétition. A ce niveau, il faut être prêt sur tous les plans, malheureusement ça n’a pas été le cas pour moi contrairement à mes adversaires dont certains sont à leur troisième participation aux Jeux Olympiques”.
Déçu par le manque de soutien et l’organisation désastreuse concernant sa préparation Larbi Bourrada s’est néanmoins montré satisfait de son résultat, il faut le dire remarquable au vu de toutes ses conditions d’entrainement. “Je suis très content de ma performance, ce n’est pas chose facile de se classer dans les cinq premiers aux JO. Certes, j’aurais aimé décrocher une médaille olympique mais le manque de moyens et de compétition ainsi que la blessure m’ont empêché de réaliser mon objectif, j’espère que le peuple va me comprendre. Il y a beaucoup qui ne connaissent pas le décathlon, c’est une discipline très difficile”.
les conditions d’entrainements scandaleuses :
Interrogé sur son avenir, le recordman d’Afrique du décathlon est resté évasif tout en réclamant un minimum de prise en charge afin de poursuivre son métier et participer aux prochains Jeux Olympiques à Tokyo dans 4 ans. “J’ai besoin d’aide de la fédération, des moyens pour travailler et progresser. Je veux des moyens de récupération et du matériel d’entraînement. Je veux aussi disposer d’un Kinésithérapeute, c’est la moindre des choses pour un athlète de l’équipe nationale”, a conclu l’athlète algérien de 28 ans originaire lui aussi de Souk Ahras comme Taoufik Makhloufi.
Brahmia : “Tous les moyens ont été répartis entre les athlètes…”
Ces paroles ne tombant pas dans l’oreille d’un sourd, après avoir fait un immense buzz sur la toile, le chef de la délégation algérienne à Rio, Amar Brahmia, a vivement réagit lui qui était également avant les Jeux le premier responsable de la commission de préparation des athlètes au niveau du COA qui a dépensé 31 milliards de centimes (près de 2 millions d’euros !) pour le bien-être des athlètes avec le résultat sportif que l’on connait.
« En tant qu’ancien athlète et entraîneur, je suis dans l’ensemble satisfait des résultats obtenus. Je connais le niveau des Jeux Olympiques et la valeur de la médaille olympique. Nous avons pour le moment une médaille d’argent avant la finale du 1500 m. Il y a également la cinquième place du décathlonien Bouraâda sans oublier les performances encourageantes de certains jeunes athlètes entre autres Bidani (NDLR : 22 ans et classé 13ème au général), Boudina (NDLR: 26 ans classé 23ème au final) et Hirech (NDLR: 15 ans et classé 15ème sur 16) », a indiqué Brahmia lors d’une conférence de presse animée au Centre de presse du village olympique avant de répondre plus directement à Larbi Bourrada.
Le sympathique mais totalement inutile Amar Bouras (Président de la FAA) avec l’ex-champion du monde du 800m Djabir Saïd-Guerni
« Le COA n’a jamais refusé quoi que ce soit à aucun athlète. Tous les moyens alloués à la commission de préparation des JO ont été repartis à tous les athlètes sans distinction aucune. Je prends l’exemple de l’haltérophile, le jeune Walid Bidani (NDLR : classé 13ème sur 23 participants) qui a bénéficié d’un stage à Antalya que son entraîneur Besbes a considéré comme le meilleur dans l’histoire de la préparation des athlètes dans cette discipline », a-t-il dit.
Toutefois, Amar Brahmia a reconnu que des erreurs ont été commises mais sans préméditation. « Nous avons commis des erreurs qui n’étaient pas préméditées, tout ce que nous avons fait, l’a été avec passion et dans l’intérêt du pays. Mais ces erreurs n’ont pas eu d’influence sur les performances des athlètes. La préparation pour les jeux a commencé début 2013. Nous avons répondu favorablement à tout ce qu’ils ont demandé. À titre d’exemple, nous avons payé aux Américains 100.000 dollars pour la préparation de certains athlètes algériens », a-t-il expliqué.
Boubrit (DTN), Hammad et Said-Guerni (ex-athlètes) avec Mohamed et Mahour Bacha les coachs de Larbi Bourrada
Par ailleurs, Amar Brahmia a démenti l’existence d’un conflit entre le COA et l’entraîneur de Bouraâda. « Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais le COA est en train de faire son travail avec sérénité. Ce que je peux affirmer, c’est qu’il n’y a aucune influence sur la performance de l’athlète Bouraâda, désormais dans le Top 10 mondial de l’histoire du décathlon », a tenu à souligner le chef de délégation Brahmia.
L’entraineur de Bourrada confirme le scandale du véhicule de service !
Le lendemain de ces déclarations, l’entraineur du décathlonien, Ahmed Mahour Bacha, a répondu sur sa page Facebook en utilisant des mots très durs. “Afin d’apporter toute la lumière sur cette affaire que certains essayent d’étouffer à tout prix, à travers leurs journalistes de service, voici les faits…“. Ce dernier explique ainsi en détail la version de notre correspondant à Rio qui a vu de ses propres yeux Larbi Bourrada et ses entraineurs quittés le stade en bus et non pas avec une voiture officielle comme réclamée.
« Tôt le matin de la première journée du Décathlon, le DTN de la FAA avait commandé auprès du COA, une des nombreuses voitures mises à la disposition de la délégation algérienne, afin qu’à la fin du 400m soit à 21h30, Larbi et mon assistant Hocine Mohamed ainsi que le kiné de la FAA puissent se déplacer rapidement vers une clinique privée qui propose des moyens de récupération (…). Une fois le 400m terminé, point de voiture, au grand désarroi de l’athlète et de tous ceux qui ont bien voulu rester tard au stade auprès de nous, le DTN, Benida Amar ainsi que nos médaillés olympiques Hammad Abderahmane et Said Guerni Djâbir“, déplore ainsi Mahour Bacha.
Le malheureux Bourrada aura gagné le respect de ses compatriotes pour son courage
Après une attente d’une heure et demie, « la décision a été prise de rentrer au village Olympique par la navette puis de prendre un moyen de transport vers la clinique », poursuit l’entraîneur, qui tient à remercier Guidouche Zhor, membre du COA, qui « outrée par cette situation, a permis le déplacement en payant le taxi vers la clinique ».
« Voila la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Quant à la voiture commandée, eh bien elle avait été réquisitionnée pour la soirée et la nuit par deux officiels de la délégation », dénonce encore Mahour Bacha très remonté mais qui ne donne pas les noms de ces deux officiels. Le retour à Alger s’annonce chaud, à moins que l’affaire ne soit encore une fois étouffée afin de mieux prendre en otage l’athlétisme algérien…
Le résumé des performances de Bourrada à Rio :
http://www.dailymotion.com/video/x4p7on8_resume-de-la-journee-de-bouraada-1er-au-110m-haies-record-personnel-au-lancer-de-disque_sport
http://www.dailymotion.com/video/x4p33ar_resume-des-epreuves-de-decathlon-de-bourrada_sport
Yassin Benarbia, La Gazette du Fennec,
avec notre correspondant à Rio