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Ayoub Abdi : “Mon objectif avec l’Algérie est de remporter la CAN 2020”

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ayoub abdi handball
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Après des débuts européens difficiles, le jeune international algérien Ayoub Abdi (22 ans) semble avoir franchi un palier dans le monde du handball. Le solide arrière droit (1m97) des Fénix de Toulouse en ProLigue française a définitivement lancé sa carrière professionnelle. Cela arrive au bon moment pour redorer le blason de l’Équipe Nationale qui s’apprête à disputer la CAN 2020 en janvier prochain en Tunisie (17-27 janvier). Retour sur un parcours semé d’embuches.

 

LGDF : Peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous expliquer à quel âge as-tu commencé le handball ?

Je m’appelle Ayoub ABDI, je suis handballeur professionnel et international algérien. Je joue au poste d’arrière droit. Aujourd’hui, j’ai 22 ans et je joue au club de 1ère division française, les Fénix de Toulouse. J’ai commencé en jeune avec le club de Chlef puis j’ai signé dans le club de Baraki à l’âge de 17 ans. Après une 1ère expérience non concluante en France, à l’âge de 19 ans, je suis reparti en Algérie. Mon club de Baraki m’a accueilli une 2ème fois. En 2018, j’ai retenté ma chance en France, à Grenoble et depuis cette saison à Toulouse.

“Mon meilleur souvenir est la Coupe du monde Espoir à Alger en 2017 avec l’équipe d’Algérie !”

Tu as connu très tôt la sélection nationale…

Oui effectivement, j’ai connu toute les catégories de la sélection : minime, cadette, junior et sénior. A l’âge de 17 ans, j’ai connu ma 1ère expérience en équipe sénior.

Quel est ton meilleur souvenir, en club ou en équipe d’Algérie ?

J’ai eu beaucoup de bons souvenirs, Hamdoulillah. Dans tous les clubs où j’ai joué, cela c’est très bien passé. Mais je pense quand même que le meilleur souvenir est la Coupe du monde Espoir avec l’équipe d’Algérie, en 2017. C’était avec mon pays et sur nos terres, il y avait beaucoup de monde dans les gradins. Ma famille était là pour me soutenir. C’était merveilleux !

Pourtant tu as joué avant cela la CAN 2016 alors que tu n’avais que 19 ans et élu meilleure révélation du tournoi !

Il est vrai que jouer une CAN est un bon souvenir, mais à cette coupe d’Afrique on a terminé 4ème. On a été jusqu’en demi-finale, défaite contre la Tunisie, puis on a perdu le match pour la 3ème place, contre l’Angola. Une 3ème place qualificative pour la coupe du monde. Pour moi, le fait de finir 4ème et ne pas se qualifier pour le Mondial n’est pas un bon résultat et je ne classe donc pas cette CAN comme un bon souvenir. Le fait d’avoir été élu meilleure révélation m’a permis d’avoir des propositions de clubs européens.

Quels étaient ces clubs ?

Il y en a eu plusieurs, mais les propositions les plus concrètes sont venues de Montpellier et le club Pays d’Aix. La meilleure proposition est venue d’Aix où j’ai passé 6 mois. Malheureusement, j’ai eu des soucis personnels. Des soucis, sur lesquels, je ne voudrais pas m’étaler. J’assume ma responsabilité. Je suis alors revenu en Algérie.

Suite à cela, as-tu eu des problèmes avec la fédération de handball ?

Effectivement, j’ai été suspendu par la fédération pour des raisons disciplinaires. Mais tout est rentré très rapidement dans l’ordre. Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont œuvré à ma levée de suspension. Je remercie aussi Rabah Gherbi (ancien sélectionneur des U21) pour son aide. J’ai effectué avec lui une très bonne préparation physique, ce qui m’a permis de retrouver mon niveau.

“A part Khelifa Ghedbane et moi, peu de joueurs ont percé de cette génération. C’est dommage !”

Lors de ce tournoi mondial Espoir, l’Algérie a échoué en 8ème de finale. Quel est ton diagnostic sur cette élimination prématurée de « notre » mondial ?

C’est vrai qu’on était très déçu de notre élimination. On avait fait un bon 1er tour, dans un groupe difficile. On avait tenu tête à la Croatie et l’Argentine, battu le Maroc et l’Arabie Saoudite. On avait juste perdu un seul match, contre l’Islande, alors qu’on menait à la mi-temps. En 8ème de finale, on tombe contre la Macédoine, qui était à notre portée et on perd bêtement. Certains avaient la pression, d’autres étaient moins à l’écoute des consignes de l’entraineur. C’est dommage parce que le public était présent, une effervescence incroyable.

Que sont devenus ces jeunes joueurs qui ont composés cette équipe ? Ont-ils continué dans le haut niveau ?

C’était une équipe espoir, par ce fait, ces joueurs devaient être l’avenir de la sélection nationale. Mais il n’y a rien eu. Trop peu de joueurs ont percé à haut niveau. De tête, il n’y a que Ghedbane Khelifa et moi. Malheureusement, il n’y a pas eu de continuité dans le travail pour ce groupe de joueurs.

Restons dans les groupes de joueurs de l’équipe nationale. Que penses-tu du groupe actuel ?

C’est un groupe solide, avec de très bonnes individualités. Après seulement quelques stages, j’ai remarqué qu’il vit bien ensemble. On a confiance les uns en les autres pour redorer le blason de l’Équipe nationale d’Algérie.

“Aziz Benkahla est venu me chercher chez moi, m’a emmené en France, hébergé, j’ai mangé chez lui. Il m’a beaucoup aidé. Je ne le remercierai jamais assez”

Revenons à ta carrière : après le Mondial U21, tu es reparti en France pour signer à Grenoble.

A cette époque, après le Mondial, j’avais retrouvé la forme. Suite à cela, en 2018, l’équipe de Grenoble Saint-Martin-d’Hères, qui venait de monter en Proligue, est venue me chercher. Je précise même que c’est l’ancien international algérien Aziz Benkahla qui m’a contacté. Il est venu me chercher chez moi, m’a emmené en France, hébergé, j’ai mangé chez lui. Il avait une grande confiance en moi, sur le terrain. Il m’a beaucoup aidé. Je ne le remercierai jamais assez pour toute son aide.

Comment s’est déroulé ta saison à Grenoble ?

Au début, c’était un peu difficile. Je n’avais pas participé à la préparation d’avant saison et en plus j’ai raté le début du championnat. J’avais manqué les 5 premiers matchs. Mais encore une fois, Aziz Benkahla a joué un grand rôle dans mon adaptation à l’équipe. Je me sentais de mieux en mieux. J’ai joué 21 matchs et j’ai marqué 105 buts. Malheureusement, à cause de problèmes financiers, le club a été rétrogradé en division inférieure. Après des entrevues avec Aziz et les dirigeants de Grenoble, nous avons estimé que mon niveau n’est pas celui d’une nationale 1. Par conséquent, il valait mieux pour moi que je continue à m’aguerrir dans un autre club de haut niveau.

C’est à cette occasion que les Fenix de Toulouse sont venus te chercher. Pourquoi avoir choisi ce club ?

J’ai eu plusieurs contacts de différents clubs. Mais mon départ tardif de Grenoble ne m’a pas permis signer dans d’autres clubs. Finalement, Toulouse est venu me chercher. C’est avec un grand plaisir que j’ai signé un contrat de 2 ans avec les Fenix.

Comment te sens-tu dans ta nouvelle équipe ?

C’est un très bon groupe, je me sens de mieux en mieux. Mes coéquipiers m’aident beaucoup à m’intégrer. Le coach m’aide aussi à m’améliorer. Il me conseille beaucoup. Hamdoulillah, aujourd’hui tout va bien. Nous sommes 2ème ex-aequo du championnat de France, avec Nîmes, juste derrière le PSG (classement au 15 novembre). On travaille énormément pour atteindre ce niveau. J’espère qu’on va continuer comme ça jusqu’à la fin de la saison.

“Au dernier stage de l’EN, il y avait une très bonne ambiance aussi bien entre joueurs qu’avec le staff”

Nîmes, justement, c’est la ville où s’est déroulé le dernier stage de l’équipe nationale (du 20 au 27 octobre 2019). Comment s’est déroulé ce stage ?

Le stage s’est très bien déroulé. Il y avait une très bonne ambiance aussi bien entre joueurs qu’avec le staff. On a travaillé dans une atmosphère sereine. On a peaufiné les automatismes au fur et à mesure des jours. On a aussi joué 2 matchs amicaux. Le premier contre un gros club du championnat de France, Montpellier, on l’a perdu 33-24. Une défaite qui s’explique surtout par un manque d’automatisme entre les joueurs. On ne se trouvait pas sur le terrain.

Quelques jours plus tard, on a joué le 2ème match, contre un autre grand du championnat de France, Nîmes, qui avait 4 internationaux en son effectif. Avant cette rencontre, on s’est réuni tous ensemble. On a discuté de la défaite contre Montpellier. On a tout mis sur table et on a réfléchi à l’attitude à avoir lors de ce 2ème match de préparation. Cela nous a permis de bien réagir et de sortir vainqueur du club du Gard, 25-24. On a progressé entre les 2 matchs.

Depuis le mois de mai dernier l’équipe nationale a un nouveau sélectionneur, peux-tu nous parler d’Alain Portes ?

C’est un sélectionneur compétent, son expérience parle pour lui. Il a travaillé aussi bien en Europe, qu’en Asie et en Afrique. Là où il est passé, il a remporté des titres. Le peu que j’ai travaillé avec lui, on l’a fait correctement. Son style de travail, ses schémas tactiques ou de travail me conviennent très bien. On a un objectif commun et je pense qu’il peut nous donner le « plus » nécessaire à atteindre cet objectif qui est la CAN 2020, en Tunisie. Je n’oublie pas non plus que certains coachs algériens comme Rabah Gherbi ou Salah Bouchekriou sont aussi de grands entraineurs qui peuvent apporter à notre Équipe Nationale.

Avant d’évoquer la prochaine CAN, on va parler de la précédente, celle jouer en 2018, au Gabon, pourquoi tu n’y as pas participé ?

La raison est toute simple : je m’étais blessé lors du stage de préparation au Qatar. Durant ce stage, j’ai eu une fracture à la clavicule. Un évènement malheureux pour moi. J’ai été très déçu car personne ne m’a aidé. J’avais l’impression d’être laissé à l’abandon. Je me suis soigné par mes propres moyens. C’était une période difficile. Je profite de l’occasion pour remercier le club de Baraki. Après ma convalescence, Baraki a contribué à ma rééducation. Le club a mis aussi, à ma disposition, un préparateur physique qui m’a beaucoup aidé à reprendre les entrainements et la compétition.

“Il ne faut pas sous-estimer les pays africains. Ils travaillent et progressent. Nous, on se reposent sur nos lauriers”

A cette CAN, au Gabon, l’Algérie a fini 6ème au classement final, c’est une déconvenue historique puisque jamais une équipe nationale n’a terminé aussi bas. Quelles étaient les raisons pour toi ?

Tout d’abord, il ne faut pas sous-estimer les pays africains. Alors qu’on a tendance à nous reposer sur nos lauriers, de leurs côtés, les pays africains travaillent et progressent. Ils envoient leurs jeunes joueurs se perfectionner en Europe. De plus, ils n’hésitent pas à naturaliser des joueurs qui jouent en 1er ou 2ème division pour se renforcer. Par exemple, l’Angola a fait d’énorme progrès et se qualifie souvent à la coupe du monde. Ensuite, la faute nous incombe aussi. On se réveille 5 ou 6 mois avant la compétition pour monter une équipe et se préparer. Les stages de préparation n’étaient pas adéquats donc nous arrivions le jour de la compétition mal préparés.

Est-ce que tu penses que nous avons retenu la leçon et qu’en prévision de la prochaine CAN, en janvier 2020 en Tunisie, il y a des changements dans la préparation ?

Oui, je le pense. Déjà on s’est pris en avance pour nommer un sélectionneur et son staff. Aujourd’hui nous avons un entraineur compétent et expérimenté. Sans oublier, son adjoint, Tahar Labane, un ancien très bon joueur. Il prend toujours de nos nouvelles : par exemple si on est blessé ou pas. Aux stages, il est très proche des joueurs. Il se réunit avec nous…Tous ces petits détails font la différence. On sent qu’on tend tous, joueurs et staff, vers un objectif commun qui est, au moins (il insiste sur le « au moins » à plusieurs reprises), la finale de la CAN et la qualification à la prochaine Coupe du monde.

“On se doit, tous ensemble, en étant unis, de redorer le blason de notre Équipe Nationale”

Justement, le tirage au sort de la prochaine CAN a eu lieu, le mois dernier. L’Algérie est dans le groupe D, en compagnie du Maroc, du Sénégal, de la Zambie et du Congo. Que penses-tu de ce groupe ?

Vu les résultats de ces différents pays dans les dernières CAN, je pense qu’il est à notre portée. Je ne dis pas qu’il est facile, mais on se doit de redorer le blason de notre Équipe Nationale. Pour notre part, les joueurs, on ira dans cette compétition très unis. Nous donnerons le maximum de nos capacités et Inch’Allah nous ferons une très belle compétition.

Connais-tu la date de vos prochains stages ?

Je n’ai pas les dates exactes, mais je crois savoir qu’on aura 2 stages au mois de décembre : un pour les locaux et un autre locaux et professionnels. Ce dernier stage, je crois qu’il sera en Europe de l’Est, je crois en Roumanie, ponctué par un match amical contre ce pays. Mais tout cela est à confirmer.

Quels sont tes objectifs pour l’année prochaine, aussi bien avec ton club de Toulouse qu’avec l’équipe d’Algérie ?

Avec Toulouse, j’aimerais bien gagner une coupe nationale. Il y aura bientôt la coupe de la Ligue, j’espère donc qu’on se qualifiera pour le « final four ». Je suis ambitieux donc j’aimerais aussi, qu’en championnat, on termine à une place qualificative pour la Ligue des champions. Concernant l’Équipe nationale d’Algérie, mon objectif est de remporter la prochaine coupe d’Afrique. En tout cas, j’irai dans cette optique.

Merci Ayoub pour cet entretien, un dernier mot pour les supporters qui te suivent ?

Merci à tous les supporters de Toulouse qui nous suivent chaque semaine. Je les remercie beaucoup. Pour les supporters de l’Équipe d’Algérie, je fais appel à eux pour qu’ils nous encouragent lors de la prochaine CAN. Je sais qu’on les a beaucoup déçu avec les derniers résultats, mais on a besoin de leurs encouragements afin d’avoir le meilleur résultat possible. Inch’Allah on leurs redonnera beaucoup de joies.

Entretien réalisé par Fateh le Coach, La Gazette du Fennec

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