Invité de “C’est vous l’Expert” ce lundi 4 février 2019, Saïd Benrahma est l’un des Verts d’Europe les plus en forme cette saison. Encore buteur et double passeur contre Blackburn Rovers, l’international algérien régale en Championship malgré une faible équipe de Brentford. Le jeune joueur (23 ans) en est à 5 buts et 12 passes décisives ! De quoi postuler aux prochaines sélections de Djamel Belmadi ?
Le ton est tout de suite donné. Son anglais est “en progrès (rires)” mais son adaptation facilitée par “la présence de nombreux français”. Ses objectifs, quant à eux, sont secrets par soucis d’éviter… “el 3in” (le mauvais œil) !
“Quand je suis arrivé à Nice je ne savais que dribbler !”
Né en 1995 à Aïn Témouchent, Said Benrahma a connu un début de carrière assez mouvementé avec déjà 5 clubs au compteur (Nice, Angers, Gazélec, Châteauroux et Brentford). “J’apprends encore, je n’ai pas été formé. Je ne veux pas griller les étapes comme ça a été le cas à Nice où je n’ai pas joué. En allant en division inférieure, j’ai pu rebondir et je vais continuer à travailler pour aller au premier niveau. Au début, je ne savais que dribbler (rires)”.
“Je n’avais pas envie de revivre ce que j’ai vécu à Nice”
“Partir à Angers n’était pas le bon choix pour moi. Ils jouaient le haut de tableau, avaient une équipe en place mais je ne regrette rien, j’ai appris. C’était moi qui voulais partir au mercato d’hiver à Nice. En Angleterre cette fois, j’ai regardé le projet, comment ça jouait et ce que voulait le club. Ils m’ont démontré une confiance incroyable. J’aurais pu rester à Nice, ils voulaient me faire prolonger, mais je n’avais pas envie de revivre un peu les fausses promesses que j’ai pu vivre là-bas. J’ai une confiance à Brentford que je n’ai pas sentie à Nice. Ils mettent dans les meilleures conditions”.
Avec 5 buts et 12 passes décisives (en comptant celles réussies au lendemain de l’interview), Said Benrahma est plus que décisif pour cette première saison à Brentford (3ème meilleur passeur du championnat). Épanoui, il apprécie clairement son nouveau club.
“En allant à Brentford, j’ai eu un peu peur, ils ne rigolent pas ici !”
“Avant de signer, j’ai visité les installations, j’ai regardé le projet. J’avais un peu peur, ils ne rigolent pas ici (rires). C’est un club familial, ils font progresser les jeunes, ils avaient un vrai projet pour moi, je n’ai pas eu d’hésitation. Ils ne m’ont pas non plus bridé dans mon style. On a la chance d’avoir une équipe qui joue au ballon, j’ai Neal Maupay qui était avec moi à Nice et qui m’a énormément aidé ici avec d’autres. Je ne pouvais pas mieux tomber !”
Malgré la bonne saison de Benrahma, à conjuguer avec celle de Neal Maupay (17 buts), Brentford est en difficulté et ne trône qu’à la 17ème place (sur 24). Le changement d’entraîneur du début de saison a laissé des traces mais pour autant, Said Benrahma apprécie son quotidien anglais.
“J’ai discuté avec le nouveau coach. Depuis, j’enchaîne !”
“J’ai enchaîné dès ma signature. Entre temps, notre coach est passé à Aston Villa. Après le changement de coach, on a eu du mal à s’adapter. J’ai été sur le banc à son arrivée puis on a discuté ensemble, de la façon dont il me voit, de mon utilisation etc… Après tout ça, je savais ce qu’il attendait de moi, ce qu’il voulait faire et j’ai déroulé. Face à QPR, j’ai été blessé et n’ai pas joué deux matchs mais depuis, j’enchaîne !”
Avec encore peu d’expérience en Angleterre, Benrahma, lucide, a déjà les moyens de comparer avec ce qu’il a connu en France, en terme de style de jeu mais pas que.
“En plus de ça, on a une équipe vraiment différente de ce qui se fait en Championship. Ça joue au ballon et c’est un plaisir. Par rapport à la France, le suivi est incroyable. On croirait être en première division, même sans être un grand club. Il n’y a pas ça en France. Ici, il y a vraiment un travail, si tu ne bosses pas, tu n’es pas bon. On est passés en 3-4-3, je reçois énormément de ballons et je prends un plaisir fou. J’ai souvent des 1 contre 1, des espaces … même si on presse tout le temps, c’est moins fatiguant. On ne me demande pas de défendre tout le temps ici et j’essaye de jouer mon football. Dans tous les cas, je donne le meilleur de moi-même.”
“Moi je ne voulais que l’Algérie mais certains pensent plus à la carrière qu’au cœur.”
Incarnant pour certains une véritable alternative en Équipe Nationale et alors que des débats houleux ont lieu quant aux binationaux et à la loi des Bahamas, Benrahma reste droit dans ses bottes et martèle son amour de l’Algérie.
“La CAN est clairement un objectif, j’ai envie de représenter mon pays. Je n’ai pour autant pas eu de contact direct avec Djamel Belmadi. Ma première sélection s’était super bien passée. Moi qui suis né en Algérie, qui ai grandi là-bas jusqu’à mes 12 ans, c’était un rêve qui se réalisait, à 19 ans seulement ! J’avais été appelé directement par Christian Gourcuff, ça a duré 30 secondes et j’ai dit tout de suite oui ! Je n’avais eu monsieur Raouraoua qu’après”.
Sans citer de nom, et de manière totalement naturelle, le natif d’Aïn Témouchent est mesuré quand il s’agit de commenter le débat de l’heure autour du cas Aouar. “Le choix de sélection n’est pas facile parce qu’on ne pense pas tous de la même façon. Un joueur doit faire le choix du cœur, pas par défaut. Moi je ne voulais que l’Algérie donc je n’ai pas hésité. D’autres pensent plus à la carrière qu’au cœur mais c’est difficile de répondre à cette question ! Il ne faut pas me mettre mal à l’aise comme ça (rires). Après, même si je ne voulais que l’Algérie, j’avais été approché par les sélections françaises en jeunes. Je faisais mes apparitions en Ligue 1 et les U-20 français me voulaient”.
“Le cuisinier est algérien, il me met bien donc les autres sont jaloux !”
Enfin, très sympathique et chaleureux, Said Benrahma a terminé son entrevue avec nous par des anecdotes et un rire prononcé qui n’ont pas manqué d’interpeller notre équipe. Il n’a pas chanté le champ des supporters à sa gloire mais presque ….“La chanson à mon nom ? J’entends Bienvenue Said Benrahma et voilà (rires). Ils me montrent qu’ils m’aiment bien et moi ça me donne de la force … Pour la nourriture en Angleterre ? J’ai ma maman avec moi ici (rires). Le matin et le midi on déjeune là-bas, le chef cuisinier est un algérien en plus ! Il me met bien, les autres sont jaloux ! Ma maman vous passe le bonjour par ailleurs“. Elle a clairement le droit d’être fière de ce joueur “Oulid Familia”.
Retrouvez l’interview de Said Benrahma dans son intégralité:
Retrouvez l’émission “C’est Vous L’Expert” dans son intégralité : Le podcast
Walid Passas, La Gazette Du Fennec