Deux années après avoir emmené les Comores jusqu’en 8es de finale de la CAN, Amir Abdou rêve de réitérer cet exploit avec la Mauritanie en Côte d’Ivoire. Pour cela, l’entraîneur franco-comorien a effectué un très gros travail depuis son arrivée à la tête des Mourabitounes.
La sélection nationale de football des Comores avait atteint les huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations en 2021, alors qu’elle était coachée par l’entraîneur français, Corentin Martins, actuel coach de l’équipe « académique » algérienne, le Paradou AC, depuis septembre dernier. Après le départ de Corentin Martins, c’est son compatriote français, Didier Gomes Da Rosa, qui l’a remplacé en novembre 2021. Ce limogeage de Martins est intervenu à la suite du match nul (0-0) enregistré par la Mauritanie face à la Tunisie dans le match de la 4ème journée des éliminatoires du Mondial 2022 de football (groupe B) joué le 10 octobre 2021 en terre mauritanienne. Et c’est ainsi qu’a pris fin l’aventure de Martins avec la Mauritanie qui a débuté en 2014. Mieux encore, le coach français, Corentin Martins, a été le premier sélectionneur français à qualifier la Mauritanie pour la deuxième fois à une phase finale du CHAN (Maroc 2018), ainsi qu’à la première phase finale d’une CAN (Égypte 2019) et la deuxième consécutive (Cameroun 2022). Enfin, l’actuel coach du Paradou AC (Ligue 1 professionnelle algérienne) a qualifié la Mauritanie pour la première fois à la Coupe Arabe qui a eu lieu en novembre 2021 au Qatar.
Par la suite, le Comité Exécutif de la Fédération de Football de la République Islamique de Mauritanie (FFRIM) a procédé le 2 mars 2022 à la nomination du Comorien Amir Abdou au poste de sélectionneur de l’équipe nationale A de la Mauritanie. Ce dernier remplace le Français Didier Gomes Da Rosa. À ce moment-là, le président de la Fédération mauritanienne de football a décidé de mettre fin aux fonctions de Didier Gomes Da Rosa, et de l’ensemble de son staff technique, ainsi que de la nomination de M. Amir Abdou en qualité de sélectionneur national et d’un nouvel encadrement technique pour les équipes nationales « A » et locale de Mauritanie, avec en sus, le réaménagement du staff administratif des sélections nationales « A » et locale. Ainsi, Amir Abdou avait réussi un très bon parcours avec son pays à la dernière CAN au Cameroun en se qualifiant aux huitièmes de finale. Amir Abdou a terminé avec les Cœlacanthes (surnom des Comores) à la 3ème place (3 points) dans le groupe C derrière le Maroc (7 points) et le Gabon (5 points). Cette 3ème place lui a donc permis de se qualifier pour les huitièmes de finale au titre des quatre meilleurs troisièmes. Malheureusement, il a été éliminé à cette étape de la compétition par le Cameroun (2-1), le pays organisateur.
Amir Abdou raconte que « comme footballeur, j’ai en effet côtoyé le niveau amateur ». Il voulait aller le plus loin possible en qualité de joueur, mais il fut stoppé comme il l’a indiqué dans une par une blessure des croisés à l’âge de 22 ans, un arrachement des ligaments, dont « je ne me suis jamais remis. Donc je me suis contenté de jouer aux niveaux Division d’Honneur, CFA2 (actuels R1 et N3, les 6e et 5e échelons). Je ne vivais que de ça et lors de ma reconversion, pour faire bref, j’ai d’abord été adjoint d’une National 3, puis je me suis retrouvé dans un club où j’étais le maître à bord, à Golfech (Tarn-et-Garonne) en DHR puis en DH. En 2014, le manager de l’équipe nationale des Comores recherchait un doublon à Henri Stambouli. », rappelle-t-il avant d’ajouter que « j’avais accepté de travailler avec lui, mais il s’est désisté au dernier moment parce que la fédération était un peu bancale, vu qu’elle était mise aux oubliettes depuis deux ans. Stambouli a décliné l’offre au mois de décembre 2013, d’autres candidats étaient alors en lice et je ne me sentais pas forcément prêt, pour moi la marche était très très haute. Mais, le président de la Fédération s’est déplacé, et on s’est vu par la suite, à plusieurs reprises. Suite à leur insistance et je me suis donc retrouvé à prendre l’équipe au mois de janvier 2014. »
Abdou poursuit sa narration en indiquant que « Nous avons réussi à créer un collectif, grâce au travail, avec le peu de moyens que nous avions. Nous avons joué le tour préliminaire de la CAN. Comme nous devions passer par un tour préliminaire. Nous jouons le Kenya (en mai 2014), nous perdons 1-0 chez eux, 1-1 chez nous, nous sommes éliminés. Par la suite et lors de la CAN 2019, nous avions le Cameroun et le Maroc en qualifications, et nous ne sommes pas passés loin. Quand nous les avons jouées chez nous, aucune des deux équipes ne nous a survolés (1-1 contre le Cameroun en septembre 2018, 2-2 contre le Maroc en octobre). Nous avons constaté que nous pouvions rivaliser et aller au bout. Les joueurs ont bossé, nous avons été rigoureux. Nous avons appris, beaucoup, parce que jouer à l’extérieur n’est jamais évident en Afrique. C’est très très dur… Pour la CAN 2022, nous avons gagné notre premier match au Togo, chez eux, avec Claude Le Roy sur le banc (0-1). Donc nous gagnons notre premier match, puis nous recevons l’Égypte derrière, nous prenons un point (0-0), ça fait 4… Et là on se dit : oh ! On était premiers de la poule ! Le Covid est arrivé, nous n’avons pas joué au mois de mars, les matchs ont été reportés au mois de septembre, nous avons enchaîné derrière. Et là… Une explosion. C’est l’extase », et Abdou poursuit son histoire avec les Comores en indiquant que pour la qualification pour la CAN. « C’était un truc de fou. Vivre une CAN avec une petite fédération, un petit pays de 800.000 habitants… C’est incroyable… »
CAN 2023 / Mauritanie-Algérie (J-1) : Conférence de presse de Belmadi et Aouar #TeamDZ https://t.co/6DlFe7ll7K
— La Gazette du Fennec (@LGDFennec) January 22, 2024
Passage en Mauritanie
En novembre 2020, Abdou est devenu entraîneur du FC Nouadhibou, en même temps il cochait toujours les Comores. Oui affirme-t-il, « Quand j’ai enchaîné avec Nouadhibou, je me suis retrouvé à entraîner les deux, équipe nationale et club. J’ai eu l’autorisation de ma fédération, je travaillais au club puisqu’il n’y avait pas de formation aux Comores, et qu’ils ne s’intéressaient pas vraiment au football local. Je me suis retrouvé à faire souvent des voyages entre les deux, et c’était dur. Je vivais là-bas, je ne rentrais quasiment plus du tout ici (en France, où vit sa famille). Ça a été une période d’usure, mais enrichissante. Je me suis construit en termes de management et des stratégies, des projets de jeu, des changements tactiques… Et ce fut donc un tournant de ma carrière qui m’a beaucoup apporté de prendre Nouadhibou. Ça m’a fait beaucoup progresser ». Et en prenant l’équipe nationale de la Mauritanie, il fallait « écarter certains anciens un peu nuisibles envers le groupe » pour pouvoir « repartir de zéro avec un groupe neuf. »
Abdou était alors sélectionneur des A mais aussi des locaux, avec qui il est parvenu jusqu’aux quarts de finale du CHAN 2023 en Algérie. Aujourd’hui donc Abdou est coach national de la Mauritanie, pour la 3ème CAN de ce pays d’affilée. Elle n’a jamais remporté un seul match sur les deux premières éditions. Et là, Abdou et la Mauritanie veulent aller le plus loin possible dans cette CAN en commençant par tenter de se qualifier aux huitièmes de finale de cette compétition continentale, où ils affrontent ce soir l’Algérie pour le dernier match de leur poule « D ». Et là, me vient à l’esprit une question qu’a posée un de mes confrères au coach Abdou en janvier dernier : Quel regard portez vous sur cette équipe d’Algérie ?
Réponse du coach Abdou : « L’Algérie, c’est incomparable. C’est une force de frappe avec des joueurs de qualité, de talent, forcément pour moi c’est une équipe qui va être attractive lors de cette CAN et ils auront une revanche à prendre sur leur dernière édition. Elle est capable de tout, et je pense qu’elle a su tirer les enseignements et qu’elle s’est préparée en conséquence. Elle peut faire très mal parce qu’elle a une facilité à jouer, avec des joueurs de qualité qui jouent dans de très bons championnats. »