Fait rarissime, le Procureur de la République a organisé ce lundi une conférence de presse au cours de laquelle il a détaillé les chefs d’inculpation retenus contre Fahd Halfaya et Nassim Saâdaoui, en détention préventive depuis dimanche, et les peines encourues. Les deux hommes risquent entre deux à dix ans de prison ferme s’ils sont reconnus coupables de corruption pour l’un, de corruption, de diffamation et d’atteinte à la vie privé d’autrui pour l’autre.
Quatre personnes pour l’heure ont comparus, dimanche, devant le Procureur de la République et le Juge d’instruction dans l’affaire de l’enregistrement téléphonique qui éclabousse depuis près d’un mois le football algérien. Fahd Halfaia et Nassim Saâdaoui ont été placés en détention préventive, alors de autres personnes sont mises sous contrôle judiciaire.
Ce lundi, le Procureur de la République a organisé une conférence de presse dans laquelle il avait dévoilé quelques détails de ce dossier qui est toujours, faut-il le préciser, en instruction.
Ainsi, selon le magistrat, Fahd Halfaia est poursuivi pour corruption, tentative de corruption en vue d’arranger des matches de football. L’agent de joueur, Nassim Saâdaoui est poursuivi pour corruption en vue d’influencer le résultat d’un match, diffamation, atteinte à la vie privée d’autrui ainsi qu enregistrement d’appels téléphoniques sans consentement. Pour ces chefs d’inculpation, les deux prévenus risquent des peines d’emprisonnement allant de deux à dix ans. Ceci pour le procès civile. Reste le procès sportif.
Ce que risque l’Entente de Setif
Ce qui interpelle dans toute cette affaire, c’est le silence criant des instances du football algérien. Plus de vingt-quatre heures après la mise en détention préventive de Halfaia et Saâdaoui, ni la FAF ni la LFP n’ont pipé mot. Pourtant, il s’agit d’une affaire de corruption dans laquelle les deux instances ne peuvent se détourner.
Il faut savoir que dans le cas où Fahd Halfaia est reconnu coupable des chefs d’inculpation retenus contre lui, des peines « sportives » devront automatiquement être prononcées contre lui et son club, ceci en plus de la peine civile.
En effet, selon le code disciplinaire de la FAF, des sanctions seront prononcées, mais leur degré de sévérité dépendra des conclusions de la commission de discipline qui jugera, selon toute vraisemblance l’affaire indépendamment du procès juridique. S’agit-il d’un corruption avérée ou d’une tentative de corruption ? C’est ce que la commission de discipline doit démontrer.
Dans le cas l’acte de corruption est prouvé, la CD appliquera l’article 80 du code disciplinaire qui stipule que “la corruption ou tentative de corruption avérée est passible d’une interdiction à vie d’exercer toute fonction et ou activité en relation avec le football pour le contrevenant; suspension de l’équipe pour la saison en cours et rétrogradation du club en division inférieur”.
Dans le cas où il s’avère que c’est une tentative d’influence, d’arrangement ou de pression, la sanction se limite à une défalcation de trois points pour le mis en cause , dans ce cas Fahd Halfaia, et défalcation de trois points pour son club, l’ESS en l’occurrence.
Pour le moment, ni la FAF ni la LFP n’ont réagit aux premières décisions de la justice. La première sanction sportive émane de l’Entente de Setif qui a décidé ce lundi matin de suspendre son DG, Fahd Halfaia, après sa mise en détention provisoire.
Vidéo – Procureur de la République : ” L’enregistrement est authentique”