Depuis la première édition de la Coupe de France en 1918, pas moins de 25 joueurs algériens ont remporté l’ancêtre de la “Coupe Charles Simon”. De Benouna à Bensebaïni, La Gazette du Fennec vous propose une saga inédite en 4 chapitres pour retracer le parcours de ces footballeurs algériens qui ont inscrit en lettre d’or leur nom au palmarès de l’épreuve la plus populaire du football français.
Épisode 1 :
1930-40 : Le temps des pionniers
Pour ce premier épisode, La Gazette du Fennec vous propose de plonger dans les années 30′ du football français. Si la Coupe de France existe depuis 1917, il faudra attendre l’année 1932 pour voir la naissance officielle du championnat de France. La première édition du championnat de football professionnel, baptisé Division Nationale, se tient ainsi en 1932-1933. Quelques Algériens sont déjà au coup d’envoi de l’ancêtre de la Ligue 1 et ils ne tarderont pas à inscrire leurs noms au palmarès permettant à des clubs prestigieux comme l’Olympique de Marseille ou les Girondins de Bordeaux de glaner leurs premiers trophées. Malgré la concurrence du championnat et le prestige acquis avec le temps, la Coupe de France conservera toujours son “charme” si particulier.
Ali Benouna, à jamais le premier en 1934
Le premier joueur algérien qui a soulevé le trophée de la Coupe de France était Ali Benouna en 1934 avec son équipe le FC Sète face à l’Olympique de Marseille (2-1) devant 40 000 spectateurs au Stade Olympique Yves-du-Manoir à Colombes. Né à Chlef en 1907, l’attaquant Benouna fait partie des premiers joueurs “indigènes” à rejoindre la Métropole en 1930. Il a 27 ans lorsqu’il remporte la Coupe de France et deviendra même le premier footballeur algérien (et maghrébin) à porter le maillot de l’Équipe de France (2 sélections en 1936). Surnommé le “pauvre Ali“, car il se lamentait toujours sur son propre sort sur le terrain, Ali Benouna était un ailier gauche insaisissable qui s’amusait à dribbler plusieurs adversaires en même temps. Également redoutable face au but, il permet au FC Sète de remporter aussi le championnat de France de D1 durant cette saison 1933-34 au nez et à la barbe de l’Olympique de Marseille qui a échoué d’un petit point malgré trois matchs en retard à négocier (3 défaites !). Pour la première fois de l’histoire du football français un club parvient à réaliser le doublé Coupe-Championnat et c’est le FC Sète de Benouna qui réalise cette formidable performance !
Riahi Rabih triomphe avec Marseille en 1935
L’année suivante lors de la saison 1934/35 c’est finalement l’Olympique de Marseille qui inscrit son nom au palmarès de la Coupe de France et un Algérien figure dans l’effectif olympien. Même s’il ne dispute pas la finale, le milieu de terrain Riahi Rabih a disputé 5 matchs en intégralité des 1/32è jusqu’à la 1/2 finale participant ainsi à l’épopée de son club dont il porte les couleurs depuis 1930 où il débarque en réserve. Le natif d’Orléansville (ex-Chlef) sera un joueur important de l’OM en équipe première de 1931 à 1936 aux cotés des Mario Zatelli (né à Sétif), Joseph Alcazar (né à Oran), Max Charbit (Sig) ou Emile Zermani (El Attaf). Premier Algérien à porter les couleurs de l’OM, il rejoindra ensuite Reims en 1937 avant de décéder à Marseille en mai 1946 à l’âge de 34 ans seulement.
Abdelkader Ben Bouali, le Mondialiste olympien brille en 1938
Durant cette même période, en 1938, c’est au tour du défenseur gauche Abdelkader Ben Bouali de remporter la Coupe de France avec l’Olympique de Marseille face au FC Metz (2-1) au Parc des Princes à Paris. Un an plus tôt, l’OM remporte son premier titre de Champion de France avec Ben Bouali dans ses rangs (28 matchs sur 30). L’Algérien, natif de Temdrara (Chlef), est même sélectionné en Équipe de France en 1937 et participe également (sans jouer) à la phase finale de la Coupe du Monde 1938 qui s’est déroulée en France (1/4 de finaliste).
Durant ces années 30, l’OM domine les débats dans l’Hexagone et se retrouve pour la sixième fois en finale de la Coupe de France qu’il a déjà remporté à quatre reprises. Avec ses buteurs Zatelli (né à Sétif) et Aznar (Sidi Bel Abbès), l’OM fait figure de favori face aux Messins mais doit aller jusqu’aux prolongations pour s’imposer un peu grâce à l’aide de l’arbitre. Ce dernier siffle une main involontaire de Ben Bouali dans la surface de réparation messine avant de se raviser après consultation de son juge de touche. L’OM s’imposera finalement au bout des prolongations après une décision très litigieuse d’un arbitre de touche qui valide le but de la victoire phocéenne sur une tête qui n’aurait pas vraiment franchi la ligne de but.
Le rendez-vous manqué de… Ben Bella en 1940 !
En 1940, l’Olympique de Marseille compte dans ses rangs un milieu de terrain offensif répondant au nom de Ahmed Ben Bella, futur premier président de la République Algérienne à l’Indépendance. Âgé de 23 ans, le natif de Maghnia dispute le 21 avril 1940 son unique match sous le maillot olympien lors de la 7ème journée de Division 1 face à Antibes (victoire 9-0 à Cannes avec un but de l’Algérien !). Deux semaines plus tard, le 5 mai 1940 au Parc des Princes, il ne figure pas dans le groupe de l’OM qui s’incline face au RC Paris (2-1) en finale de la Coupe de France 1940.
Nordine Ben Ali écrit l’histoire de Bordeaux en 1941
Dans une compétition défigurée par l’Occupation allemande, les Girondins de Bordeaux écrivent leur histoire en obtenant leur premier titre national en 1941. Un Algérien, natif de Bologhine (Alger), participe au premier sacre du club scapulaire dans un contexte particulier. La France, occupée, est divisée en 3 zones, ce qui rend l’épopée de la Coupe de France 1940/41 assez particulière. Les coéquipiers de Nordine Ben Ali (sur la photo avec le trophée en main) remportent les 3 finales de zone et obligent les instances du football à lui décerner la Coupe de France qui, initialement, ne devait pas être remise. Le milieu de terrain algérien sera également finaliste de l’édition 1943 toujours avec les Girondins de Bordeaux et ses compatriotes Ahmed Nemeur et Saïd Ben Arab.
De nombreux footballeurs algériens s’illustrent dans les années 40 et certains atteindront même l’Equipe de France, comme c’est le cas du gardien de but Abderrahmane Ibrir (Bordeaux, Toulouse, Marseille) qui connaitra pas moins de 6 sélections avec les Bleus en 1949 et 1950. Mais le meilleur est à venir dans les années 50 où de nombreux algériens seront de véritables stars du championnat de France. A suivre dans le prochain épisode…
Les Algériens et la Coupe de France (1930-1940):
Ali Benouna (1): 1934 avec FC Sète
Riahi Rabih (1): 1935 avec Olympique de Marseille
Abdelkader Ben Bouali (1): 1938 avec Olympique de Marseille
Nordine Ben Ali (1): 1941 avec Bordeaux
Bonus – Quelques photos de cette période :
Saga Coupe de France – Revoir les 4 épisodes :
Depuis la première édition de la Coupe de France en 1918, pas moins de 25 joueurs algériens ont remporté l’ancêtre de la “Coupe Charles Simon”. De Benouna à Bensebaïni, La Gazette du Fennec vous propose une saga inédite en 4 chapitres pour retracer le parcours de ces footballeurs algériens qui ont inscrit en lettre d’or leur nom au palmarès de l’épreuve populaire du football français.
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1930-40 : le temps des pionniers
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1950-60 : l’âge d’or de la génération FLN
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1970-80 : les succès des premiers bi-nationaux
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1990-2000 : la nouvelle vague verte
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