Le nom est légendaire. C’est celui d’un des 4 centenaires avec Mandi, Mahrez ainsi que Belloumi, et du buteur historique (46 réalisations en 102 capes) de l’équipe nationale. L’héritage, acquis au prix d’années de sacrifices et de loyaux services, est lourd. Et en rapport poids/âge, il commence à peser. Islam Slimani (37 ans), qui s’est élevé plus haut que tout le monde dans le ciel de Curitiba pour catapulter le ballon dans la cage russe et offrir à l’Algérie une qualification inédite au second tour de la Coupe du Monde en 2014, vit un difficile retour sur terre. Et beaucoup sont ceux qui n’hésitent pas à presser sur la détente… sans état d’âme.
Qu’on soit bien clair. On n’est pas là à parler de l’aspect technique. L’entrée en jeu de Slimani face au Soudan mercredi en Coupe Arabe FIFA 2025 était ratée. C’était pour plusieurs raisons qui ne dépendent pas que de sa seule personne. Ce n’était pas une “disasterclass” pour autant compte tenu de la physionomie qu’avait déjà prise la rencontre. Ce qui est consternant et choquant, c’est le degré de la moquerie envers un Fennec qui a tant donné pour la sélection.
Plus de l’acharnement que de la critique
Il est vrai que Bougherra ne lui a peut-être pas rendu service en le retenant pour le tournoi. Bouggy pensait probablement bien faire en lui faisant l’honneur de disputer une ultime compétition majeure avec El-Khadra. En effet, Slimani n’est plus le joueur qu’on a connu auparavant. Mais, dans cet inévitable étiolement (footballistique), il y a une chose plus importante que la connaissance. C’est la reconnaissance.
Il ne s’agit aucunement d’être éternellement redevable ou de mythifier celui a longtemps été capable de bousculer les défenses jusqu’à les mystifier. Loin de là. C’est plus une question de bon sens. Il est question se rappeler les bons sentiments et émotions que Slimani a procurés pour éviter de basculer dans le méchanceté et le ressentiment. On peut critiquer, contester, faire des analyses accablantes avec des arguments mais pas railler, caricaturer ou ringardiser, ou s’acharner sur un homme.
Slimani est footballer. Mais c’est aussi un être humain, un fils, un mari, un père. Il est vrai que – par le passé – il se nourrissaient des critiques à son égard. C’était à un âge où il pouvait supporter les averses et danser sous la pluie des avis négatifs qui pouvaient s’abattre sur lui. Parfois ébloui par les feux des projecteurs (CAN 2017), d’autres raillé parce qu’il n’est efficace qu’avec la “cabeza”, il a constamment prouvé qu’il avait une forte-tête.
Persév…errance, le contrecoup
D’ailleurs, la force mentale aura été son point fort pour accomplir la carrière qu’il a connue. Sur le chemin, il a pu faire ses preuves et faire taire les plus irréductibles détracteurs. Cette accalmie n’était que provisoire. A la première grisaille, la foudre s’est abattue sur sa tête. La persévérance, jadis son bouclier, a été poussée à l’extrême jusqu’à basculer dans une forme d’errance qui l’a rendu fortement exposé. Slimani a fait office de dindon de farce. Des blagues de mauvais genre, des mèmes photos et vidéos, des montages… les adeptes de la mauvaise-foi s’en sont donnés à cœur joie.
SuperSlim, qui détient à ce jour le transfert le plus cher pour un local (31 millions d’euros payés par Leicester City à Sporting CP en 2016) de l’histoire, est même qualifié d’armoire. La référence est toute trouvée par des individus qui ont rangé l’égard dans un placard. Non sans oublier d’en sortir l’habit de l’hypocrisie et la mauvaise foi. Au final, on rappellera que la révérence est plus appréciée par quelqu’un de son vivant. Et puis, compte tenu des accomplissements, Slimani, qui a gravé son nom dans les annales du football algérien, est déjà un immortel.
