Ce qui devait être une soirée de fête pour les supporters du Mouloudia d’Alger s’est transformé en drame. Lors des célébrations au Stade du 5 Juillet, une barrière vétuste a cédé sous la pression de la foule, causant la mort de trois personnes et blessant des dizaines d’autres. Ce nouvel incident soulève une question douloureuse : comment un lieu aussi symbolique peut-il encore sombrer dans la négligence après tant d’alertes ?
Elle était là depuis l’origine. Posée en 1972, année d’inauguration du Stade du 5 Juillet, la barrière métallique qui s’est effondrée ce samedi soir n’avait jamais été changée indique El-Khabar. Pas une pièce, pas un renfort, pas une révision sérieuse en 53 ans. Et c’est elle, rouillée, fatiguée, oubliée, qui a écrit l’épilogue tragique d’une fête qui devait célébrer le neuvième titre du Mouloudia d’Alger.
Le 21 juin 2025, alors que près de 80 000 supporters s’étaient massés dans les tribunes pour communier avec leur équipe, cette barrière historique a cédé sous la pression de la foule. Une chute de dix mètres, trois morts, plus de 80 blessés, dont certains toujours entre la vie et la mort. Ce n’est pas un simple fait divers. Ce n’est pas un accident.
Une pièce d’époque, figée dans le temps
En 1972, le président Houari Boumédiène inaugurait le Stade du 5 Juillet comme un emblème de grandeur. Capable d’accueillir jusqu’à 95 000 personnes, le colosse de béton et d’acier incarnait la modernité triomphante de l’Algérie indépendante. Mais derrière le rêve, rien n’a bougé. La barrière qui a cédé samedi faisait partie de l’installation d’origine. Malgré les décennies, malgré les annonces de rénovation en cascade (2003, 2013, 2022, 2024) elle est restée là, sans le moindre remplacement. Rouillée, minée par le temps, ignorée par les autorités compétentes. Pour les rénovations, c’était de simples coups de peinture pour cette petite partie, qui a créé le drame.
Une répétition tragique
Ce n’est pas la première fois que le Stade du 5 Juillet tue. En 2013, l’effondrement d’une dalle de béton avait déjà causé la mort de deux jeunes supporters de l’USMA. À l’époque, une enquête, un audit, une fermeture temporaire… puis plus rien. Les rapports techniques produits alors pointaient déjà la corrosion avancée des structures métalliques.
Parmi les éléments signalés : les rambardes du niveau supérieur, trop anciennes, trop fragiles. La barrière qui a cédé ce week-end était mentionnée. Elle est restée en place. En 2024, à l’approche des Jeux panarabes, une nouvelle « modernisation » du stade a été vantée comme un gage de sécurité. Mais encore une fois, seuls les éléments visibles ont été rénovés. Le danger, lui, est resté dans l’acier.
Samedi noir
Le stade était officiellement limité à 50 000 places et 8000 invitations. Mais comme souvent, les chiffres officiels n’étaient qu’une façade. Environ 80 000 supporters avaient envahi les tribunes pour célébrer la victoire du MCA. Les services de sécurité, débordés, ont vu la situation leur échapper. Dans la tribune supérieure, la pression humaine est devenue insoutenable.
La vieille barrière, incapable de retenir la vague, a cédé. La chute fut brutale. Dix mètres plus bas, des corps projetés. Trois morts dont Youssef Amghouzi, figure emblématique du virage mouloudéen. Deux autres jeunes hommes ont succombé à leurs blessures dans les heures suivantes. Plus de 80 blessés. Des familles brisées.