L’inconscience, l’incivisme, l’irresponsabilité… appelez cela comme vous voulez. L’essentiel est que l’acte en soi est consternant et n’a – avant tout – rien à voir avec ou le sens de l’hospitalité. A Biskra, pour le match entre l’Union locale et l’ES Sétif, on a eu droit à des images qui montrent l’étendue du mal, des dégâts et de la nécrose que connaît notre balle ronde nationale. Une grosse pierre qui surgit des gradins pour heurter la tête d’un joueur. On en est encore à l’âge de pierre tant pour le niveau footballistique mais aussi l’aspect sécuritaire qui reste des plus pour le moins précaire.
Quoi amputer ? A qui l’imputer ? La violence est aujourd’hui partout lorsque la conscience est nulle-part. La responsabilité est générale car tout le monde en a sa part. Bien que chacun s’en lave les mains et s’en départ. De nos jours, l’agressif est omniprésent lorsque le coercitif est devenu insuffisant. A défaut de mettre un terme aux dépassements et de pouvoir maîtriser le danger, il est peut-être temps d’arrêter le football pour soigner les mentalités et les changer.
Des vies en jeu
Après tout, que reste-t-il de cette balle ronde qui suscite le consternant et l’immonde ? Absolument rien. Pire encore, le loisir c’est de venir se défouler dans les enceintes et alentours pour ceux qu’on appellera des « hors la loi ». Tout le monde veut dicter la sienne dans son territoire. La haine, les représailles et le régionalisme sont désormais des tumeurs qui ont métastasé un malheureux sport roi. Une discipline infestée à tous les niveaux. Qui touche le bas et le caniveau.
Les remèdes, il n’y en a pas vraiment car le mal semble ancré. La plaie est bien trop béante pour qu’elle soit refermée. En découdre à défaut de coudre. Jouer des coudes pour que la franchise ait les coudées franches dans sa course au titre ou la lutte pour le maintien. L’enjeu ne tue pas que le jeu. Désormais, il peut même prend littéralement des vies. Il n’y a pas plus édifiant pour montrer que notre foot dévie. Qu’une rencontre ne favorise plus l’entente car ce qui peut s’y passer dépasse – souvent – tout entendement. « Vaincre ou mourir » n’est plus au sens figuré d’un fair-play qu’on a tabassé jusqu’à le défigurer.
L’esprit d’Ebossé a plané
Le propre et l’intègre ont laissé place au macabre et l’atteinte à l’intégrité. Une révision intégrale doit être établie pour que l’ordre soit rétabli. Le rétablissement n’est certainement pas pour demain dans un football-circus où l’on voit des attitudes familières à la préhistoire. Dilapidation de l’argent, lapidation de l’esprit sportif, chacun jette la pierre à l’autre pour le tenir responsable des maux. Quant à nous, on ne pourra que condamner vigoureusement avec ces quelques mots.
L’esprit du regretté Albert Ebossé (JS Kabylie), tué d’un objet contendant dans un stade algérien, a plané à Biskra. Mais on croit, amèrement, que l’incident avec Salah Abd Etouab Bouchama (ES Sétif) ne fera pas date tant la guérison a toujours été inscrite dans les calendes grecques. Ailleurs, même un petit projectile peut provoquer l’arrêt de la partie. En Algérie, c’est plus “show must go on” même quand on frôle la tragédie. Incroyable.