Alignés dans un double-pivot face à la Zambie, Adlène Guedioura et Mehdi Abeid sont apparus en grande difficulté face à l’agilité et au jeu direct adverse. Si l’arbitrage a grandement joué un rôle dans le score final, on ne peut mettre de côté les largesses affichées par le duo de l’entrejeu. Explications.
On a (trop vite) cru que l’Équipe nationale allait passer une soirée paisible ce jeudi lorsqu’Islam Slimani avait doublé le score sur un surprenant festival de Rachid Ghezzal (0-2 ; 25’). Le joueur formé à l’OL rendait la pareille au meilleur buteur en activité de l’EN qui lui avait offert l’ouverture du score sur un plateau dès la 19ème minute. Malheureusement, tout a (très vite) basculé. La faute, tout d’abord, à un arbitrage catastrophique qui a notamment rappelé certaines rencontres en Afrique assez ubuesques (Algérie-Rwanda 2009, Burkina Faso-Algérie 2013). Accordant deux penaltys totalement immérités aux Chipolopolos (34’ et 80’), l’arbitre comorien a nettement faussé l’issue de la rencontre (3-3, score final).
Mais les raisons de ce match nul ne peuvent être expliquées que par la prestation inqualifiable de l’homme en noir. Alignant un 4-4-2 à plat, Djamel Belmadi a fait confiance au duo Guedioura–Abeid pour le double-pivot de l’entrejeu. Baptême du feu pour cette paire qui n’avait, jusqu’alors jamais été alignée dans ce registre par le sélectionneur national depuis le début de son mandat (août 2018). En difficulté dans la relance et souvent en retard dans les interceptions, les deux Fennecs ont beaucoup couru dans le vide et souvent fait des fautes évitables. Un triste spectacle qui nous a renvoyé aux heures douloureuses de la doublette Taider–Bentaleb. Les entrées de Zerrouki (qui ne devait pas débuter en Zambie selon Belmadi) et Belkebla en lieu et place des deux titulaires ont peut-être montré que le sélectionneur a voulu rectifier le tir. À moins que ce dernier n’ait voulu tester une autre paire dans un contexte aussi particulier que celui de ce jeudi soir.
Erreur de casting et manque d’impact
Revenu en grâce lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations remportée par les Fennecs, Adlène Guedioura (59 sélections, 2 buts) semble avoir beaucoup plus de mal depuis. En préambule, il est tout de même nécessaire de souligner l’abnégation et le professionnalisme de l’ancien joueur de Wolverhampton. Touché par une nouvelle blessure au ménisque fin 2019, le milieu de terrain de 35 ans est, quand même, revenu à la compétition. Auparavant aligné en pure sentinelle lors de la CAN et bien protégé par le duo de relayeurs Bennacer – Feghouli qui lui limitait son champ d’action sur le plan défensif, l’actuel pensionnaire d’Al Gharafa semble avoir du mal à suivre la transition tactique que veut opérer Djamel Belmadi (4-3-3 vers le 4-2-3-1). Avec un Sofiane Feghouli beaucoup plus haut (Mexique puis Zimbabwe au 5 juillet), le joueur passé par l’US Créteil Lusitanos doit désormais couvrir une zone de terrain beaucoup plus vaste et peine à être aussi efficace que lors du rendez-vous continental. La rencontre face au Mexique et l’explication face aux Zambiens (absence de Feghouli mais double pivot aligné) ce jeudi sont des exemples pour illustrer ce propos. En retard sur bon nombre d’interventions, Guedioura avait finalement été expulsé à la 55ème minute. Ce jeudi, il a également donné des coups de pied arrêtés évitables à l’adversaire provoquant du danger dans la surface algérienne. On peut également se rappeler la CAN 2017 dans laquelle les qualités de l’ex-Glazier n’avaient pas été mises en valeur par le 4-2-3-1 de Georges Leekens, aux côtés de Nabil Bentaleb. Actuellement l’un des cadres du groupe Algérie, Adlène Guedioura garde une place importante dans la tête et l’échiquier de Djamel Belmadi, peut-être également dans l’optique de mieux accompagner les éléments un peu plus jeune de l’effectif. Seulement et en définitive, force est de constater que le mondialiste 2010 n’est pas l’élément adéquat si le sélectionneur national persiste à vouloir mettre en place un double pivot devant l’arrière-garde.
Auteur de deux rencontres très satisfaisantes face au Nigéria en amical (victoire 1-0) et contre le Zimbabwe en match officiel (victoire 3-1), Mehdi Abeid avait aussi bien négocié son entrée lors du match retour face aux Warriors, à Harare (match nul 2-2). Aligné au 5 juillet et dans un double pivot en Autriche accompagné par Haris Belkebla, l’ancien Canari avait allié anticipation et bonne lecture du jeu sur le plan défensif ainsi qu’une utilisation optimale du cuir sur les phases avec ballon. Transféré à Al Nasr Dubai en janvier dernier et auteur de deux buts en onze rencontres aux Émirats Arabes Unis, l’Algérien est apparu quelque peu dépassé et beaucoup moins efficace dans son activité. Son choix de rejoindre un championnat nettement moins compétitif ne peut-être une réponse définitive mais la question se posera à l’avenir si le Fennec réitère pareille prestation. Car oui, rappelons le et à l’inverse du Qatar ou de l’Arabie Saoudite par exemple, le championnat émirati affiche un niveau bien en dessous des autres ligues asiatiques.
La surprise Zerrouki, Belkebla lancé trop tard ?
Premier déplacement africain et première apparition pour Ramiz Zerrouki, une entrée assez surprenante lorsque l’on sait que Djamel Belmadi avait annoncé ne pas vouloir le lancer dans un contexte aussi complexe et singulier : « Je compte faire jouer le maximum de joueurs contre la Zambie et le Botswana. Pour les nouveaux (Touba, Khacef, et Zerrouki, ndlr), je ne compte pas les mettre en difficulté dès le début en Afrique, on va attendre de revenir en Algérie. Il ont une carte personnelle à jouer. Arriver en équipe nationale n’est pas une fin en soi, il faut montrer qu’on est capable de jouer » déclarait-il avant la rencontre à Lusaka. Force est de constater qu’en voyant la paire de l’entrejeu en grande difficulté, le sélectionneur national s’est finalement résigné à accorder ses premières minutes au joueur du FC Twente. Plus à l’aise avec le ballon que ses coéquipiers sortants, le joueur formé à l’Ajax s’est, néanmoins et assez logiquement, très vite retrouvé en difficulté dans la récupération. Cependant, et dans un tel contexte, difficile de tirer une conclusion définitive -et qui serait de toute façon top hâtive- sur le néo-Fennec de 22 ans.
Incorporé à l’heure de jeu (tout comme Zerrouki), Haris Belkebla aurait peut-être été le joueur le plus à même d’évoluer dans le 4-4-2 de ce jeudi soir. Évoluant dans ce registre en club, le Brestois avait également rendu une belle copie aux côtés de Mehdi Abeid face au Nigéria en octobre dernier. Son sens du placement et sa lecture de jeu aurait peut-être éviter certaines incursions (beaucoup trop faciles par moment) zambiennes. L’on se demande d’ailleurs pourquoi ne pas avoir reconduit une paire testée auparavant et qui avait donné (certes en amical) satisfaction. À la place, Djamel Belmadi a lancé un duo peu complémentaire et surtout jamais utilisé auparavant. Au final, et que ce soit pour un entrejeu à 3 ou une doublette au milieu, l’important réside plus dans les profils alignés que dans le schéma tactique.