L’échec du Nigéria avant d’être un échec sportif, est avant tout un échec politique, celui de la FAF. Avant cette rencontre décisive, beaucoup d’interrogations devaient être levées, mais l’approche d’un match déterminant nous a obligé à nous concentrer sur l’échéance sportive. Aujourd’hui, au lendemain d’une défaite cuisante, il est l’heure de rendre des comptes.
Les mystères de la liste
Soyons clairs, depuis le départ de Christian Gourcuff, les listes sont la seule œuvre du staff de l’équipe nationale, Raouraoua compris. Car oui, ce n’est un secret pour personne, le grand patron des instances du football algérien a son mot à dire. Ceci étant dit, force est de constater que les différentes listes proposées contenaient des anomalies parfois flagrantes. Ainsi, Cadamuro a retrouvé une place en équipe nationale, alors qu’il évolue en D2 suisse. Même désastreux face au Cameroun il est rappelé pour le Nigeria. Un choix sportif difficile à comprendre d’autant plus que Bensebaini est attendu à chaque rassemblement par le public algérien. Le jeune défenseur central réalise un début de saison convaincant avec son club du Stade Rennais, pensionnaire de L1 française. Des performances qui pourraient faire de lui un titulaire avec les Verts ou au minimum sur le banc pour gagner en expérience. Oui mais voilà, même lorsque Belkaroui est obligé de déclarer forfait avant le match contre le Cameroun, on préfère appeler Tahrat, sans expérience, plus âgé, évoluant dans un club moins prestigieux et clairement en manque de temps de jeu avec Angers. La raison ? Bensebaini est inexplicablement mis à l’écart pour avoir signé à Rennes et raté les J.O par la suite. En interne la rancœur est tenace et semble malheureusement primer sur le sportif. Quels sont les critères de sélections ? Faut-il connaître les bonnes personnes ou avoir le bon agent ? A l’évidence l’EN est gérée comme une équipe de copains. Est-il nécessaire de préciser qu’avant les blessures de Ounas, Soudani, Ghezzal et Boudebouz aucun numéro 9 n’avait été appelé pour affronter le Nigéria ? Allez comprendre…
Instabilité quand tu nous tiens
En 2 ans, l’Algérie a connu 4 sélectionneurs. Après le fiasco Rajevac, personnellement choisi par le “big boss” Raouraoua, beaucoup attendaient la pointure, le sélectionneur de résonance internationale. Il ne viendra jamais. La raison est simple, l’Algérie n’attire pas et la FAF ne veut pas mettre les moyens. Si sportivement les Verts ont une bonne réputation, la gestion en coulisse ne bénéficie pas de la même image. Deux sélectionneurs écœurés ont donné leur démission, en l’espace de 6 mois. Pour des raisons bien différentes certes, mais le résultat est le même, l’Algérie est en manque de stabilité, de projet. Gourcuff avait pourtant signé pour un projet ambitieux capable de faire changer les choses en Algérie, il a démissionné lorsqu’il a compris que les choses n’étaient pas prête de changer en interne.
Comment reprocher aux joueurs, le manque d’automatismes quand un rassemblement sur deux le sélectionneur est différent ? Alors que les sélections africaines comme la Côte d’Ivoire ou le Maroc planifient des matchs amicaux dès que possible, l’Algérie souffre d’un manque de stratégie et le responsable est tout désigné : la Fédération Algérienne de Football !
Leekens, un choix par défaut et amical
Sur ce point, Raouraoua a clairement échoué et les différentes révélations faites par Courbis sur le contrat qui lui a été proposé prouve que l’homme fort du football algérien manque de confiance. C’est sans doute la raison principale qui l’a poussé à choisir Leekens un homme qu’il connaît bien et avec qui il entretient de bonnes relations, premier critère d’embauche à la FAF.
Moins bling-bling que Renard, moins grande gueule que Courbis, Leekens ne bénéficiait que de peu de temps pour pouvoir organiser son équipe et il serait injuste de lui attribuer l’échec d’Uyo, même si ses remplacements n’étaient pas pertinents, sa composition de départ semblait bien structurée et pourrait être à terme un gage de stabilité.
Un staff technique définitivement médiocre
Le plus étonnant dans tout ça reste le staff en place qui a survécu au départ de Gourcuff. Les rôles de Mansouri et Neghiz sont très flous. Mais une chose est claire, ce sont eux qui ont réalisé les dernières listes de l’EN, sujettes à interrogations. Les deux adjoints devaient certainement être le lien permettant une transition en douceur. Au final, point de transition, point de douceur mais beaucoup de questions et d’incompréhensions. Lorsque l’on s’attarde sur les déclarations des joueurs algériens en forme qui pourraient être éligibles en EN, on constate que très peu sont supervisés ou même approchés. Hanni meilleur joueur de Belgique et l’un des meilleurs joueurs algériens de la saison dernière a du attendre un forfait pour être appelé et on attend toujours qu’il soit intégré dans cette équipe. Faut-il que le travail soit mâché et les joueurs suffisamment médiatisés ?
Un an pour tout changer
A l’approche de la CAN les Verts doivent se préparer convenablement. D’abord par l’organisation de matchs amicaux, chose qui manquait cruellement à cette équipe mais aussi par le retour d’une logique de sélection. Mise à part M’Bolhi titulaire indiscutable malgré son manque de temps de jeu, le reste de l’équipe doit être construit autour des meilleurs éléments. Nous n’étions pas loin du 11 type contre le Nigeria, mais ça ne suffit clairement pas. Leekens doit pouvoir construire une équipe compétitive à tous les niveaux et pour cela il faut mettre de côté tout ce qui est nuisible à l’EN, c’est à dire les choix qui ne sont justifiés par aucun critère sportif. En plus d’être vécu comme une injustice par certains joueurs, elle est propice à l’installation de la suffisance dans les rangs des appelés. Chaque sélection doit se mériter.
Il est temps que le sélectionneur puisse avoir la main sur son équipe. Leekens, doit pouvoir compter sur un staff compétent capable de superviser plusieurs joueurs, capable de penser plus loin qu’au prochain match afin d’intégrer les joueurs d’avenir petit à petit. La CAN approche et s’annonce difficile, l’Algérie a besoin d’un vent de fraicheur pour balayer les doutes et les questions qui la tourmente. Mesdames et Messieurs de la FAF au travail !
Yahia Saouthi, La Gazette du Fennec