À 22 ans, Farès Chaïbi traverse une période délicate à l’Eintracht Francfort. Après une première saison prometteuse, le milieu offensif algérien peine à retrouver son meilleur niveau en 2024-2025. Entre temps de jeu réduit et critiques de son entraîneur, le prodige lyonnais est à un tournant de sa jeune carrière. Décryptage.
Lorsqu’il a rejoint l’Eintracht Francfort en août 2023 pour 17 millions d’euros en provenance de Toulouse FC, Farès Chaïbi incarnait l’avenir du club allemand. Sa première saison en Bundesliga avait été une réussite : 44 apparitions toutes compétitions confondues, 3 buts et 4 passes décisives en championnat, avec des performances mémorables comme ses deux passes décisives lors d’une victoire 5-1 contre le Bayern Munich. Polyvalent, technique et doté d’un flair offensif rare, Chaïbi s’était imposé aux côtés de l’Egyptien Omar Marmoush comme un titulaire indiscutable sous les ordres d’Oliver Glasner.
Mais depuis l’été 2024, la dynamique a changé. Sous la direction de Dino Toppmöller, qui a succédé à Glasner, Chaïbi a vu son temps de jeu se réduire drastiquement. À la date du 23 février 2025, ses statistiques en Bundesliga sont plutôt faméliques : 16 matchs disputés sur 23 possibles (31% de minutes joués), un but et aucune passe décisive. Régulièrement écarté des convocations, comme face à Bochum ou Heidenheim, il n’a inscrit qu’un seul but cette saison, contre Heidenheim, après une entrée en jeu à la mi-temps.
Pourquoi cette chute ?
Plusieurs raisons expliquent cette descente aux enfers. Tout d’abord, l’arrivée de nouveaux joueurs offensifs, comme Hugo Ekitiké (12 buts en 22 matchs) de Bundesliga, a accru la concurrence. Ekitiké a souvent été préféré sur les ailes, reléguant Chaïbi loin de sa position favorite dans l’axe. Ensuite, les choix tactiques de Toppmöller semblent défavoriser le profil de Chaïbi. L’entraîneur privilégie des joueurs aux rôles plus strictement définis, critiquant implicitement la polyvalence de l’Algérien, autrefois un atout. Des rumeurs de tensions entre les deux hommes ont déjà circulé dans la presse allemande, alimentées par le fait que Toppmöller n’a pas recruté Chaïbi lui-même – c’était une décision de Glasner.
Les prestations récentes de Farès Chaïbi n’ont pas plaidé en sa faveur. Lors de ses rares apparitions, comme contre Dortmund en août 2024, il n’a pas su saisir ses chances. Toppmöller a publiquement regretté une occasion manquée dans ce match, qualifiée de “moment clé” dans une défaite, ce qui a terni leur relation.
Malgré ce tableau sombre, Chaïbi a montré quelques éclairs de talent. En Ligue Europa, il a disputé l’intégralité du match contre Midtjylland en novembre 2024, récoltant une note de 7,1 sur Sofascore. Son but contre Heidenheim reste un rappel de son potentiel. À seulement 22 ans, Chaïbi est encore en apprentissage, mais le temps commence à presser pour celui qui doit prouver sa valeur dans un championnat exigeant comme la Bundesliga.
Une situation tendue en sélection
En équipe nationale d’Algérie, le parcours de Farès Chaïbi reste sinueux. Après des débuts prometteurs avec les Fennecs en 2023, marqués par une première sélection contre le Niger, le milieu offensif a traversé une période compliquée. Écarté par Vladimir Petkovic lors de plusieurs rassemblements en 2024, le sélectionneur lui a préféré des joueurs comme Anis Hadj Moussa, valorisés pour leurs rôles plus spécifiques, là où la polyvalence de Chaïbi a été pointée comme un frein. Son retour en novembre 2024 pour les éliminatoires de la CAN 2025 contre la Guinée équatoriale et le Liberia (victoire 5-1) a toutefois ravivé l’espoir.
Titulaire lors de ces matchs, il a retrouvé le terrain et des discussions positives avec Petkovic ont laissé entrevoir une réconciliation. Mais à l’approche de mars 2025, ses chances de revenir avec les Verts s’amenuisent. Avec un temps de jeu insuffisant à Francfort – seulement 31 % de minutes jouées en Bundesliga cette saison et des absences répétées des convocations sous Dino Toppmöller dont celle de ce dimanche contre le Bayern Munich –, Chaïbi peine à retrouver son niveau de 2023-2024.
Petkovic, qui avait justifié son retour en novembre par un soutien à son potentiel de jeune joueur, pourrait cette fois privilégier des éléments en forme, comme Hadj Moussa, Amine Gouiri, surtout pour les deux matchs cruciaux contre le Botswana le 21 mars 2025 et le Mozambique trois jours plus tard (qualifications pour la Coupe du Monde 2026). À moins d’un sursaut à Francfort d’ici là, Chaïbi risque de voir la porte de la sélection se refermer à nouveau.
Quel avenir pour Chaïbi ?
Avec un contrat jusqu’en 2028 et une valeur marchande estimée entre 19,3 et 32,1 millions d’euros, Francfort pourrait envisager une vente si sa situation stagne. À 22 ans, Farès Chaïbi conserve un talent indéniable. Mais entre espoirs déçus et lueurs de résilience, il doit rapidement retrouver la confiance de son entraîneur ou saisir une nouvelle opportunité ailleurs. Les quatre prochains mois seront décisifs pour savoir si le jeune Algérien saura rebondir ou s’enliser dans cette saison compliquée.