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Rachid Mekhloufi, témoin des massacres du 8 mai 1945

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Mekhloufi

Qui ne connait pas l’illustre footballeur algérien, Rachid Mekhloufi, 84 ans aujourd’hui, qui se distingue par son parcours unique dans l’histoire du football. Né entre les deux guerres, il a fait ses premières armes lors des années sombres de la colonisation.

Et il se trouve que l’Algérie commémore ce vendredi le 75è anniversaire des massacres du 8 mai 1945 où, alors que les Français célébraient la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie marquant la fin de la seconde guerre mondiale, des dizaines de milliers d’Algériens sont sortis dans les rues de Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes pour revendiquer pacifiquement l’indépendance de l’Algérie, ainsi que l’avait promis la France s’ils la soutenaient dans son combat contre le nazisme. La réponse du gouvernement français d’alors fut sanglante, d’une brutalité inouïe : 45.000 Algériens furent massacrés.

Un nationalisme ancré

Par manque d’archives et leur rareté sur la situation des sportifs algériens de l’époque, on exploite une interview du célèbre Rachid Mekhloufi, datée de 2007 où il a évoqué ce qu’il garde de cette période des massacres du 8 mai 45 dont il a été témoin alors qu’il n’était âgé que de 8 ans : « Personnellement, j’ai assisté à des scènes vraiment terribles. J’habitais un quartier qui était presque en dehors de la ville . Il y avait des champs énormes autour de notre quartier, et on voyait les fusils-mitrailleurs des militaires français tirer sur des gens qui voulaient s’enfuir » raconte Mekhloufi avant d’ajouter que « Ce jour-là, c’était jour de marché, et les gens des alentours venaient à Sétif pour vendre leurs moutons, etc. Ces gens-là ont été mitraillés et ça m’a bouleversé. Je voyais des personnes essayer de se faufiler à travers les champs de blé. Parfois les gars se relevaient, parfois ils restaient étendus. De telles scènes m’ont vraiment bouleversé » a témoigné Rachid Mekhloufi en concluant « Mais j’étais gamin. Le nationalisme est venu par la suite ». Ces évènements douloureux ont laissé des traces indélébiles dans la mémoire du gamin Mekhloufi qui n’avait que 8 ans et qui prenait un plaisir insouciant à taper dans un ballon en caoutchouc avec ses amis dans les rues de sa ville natale, Sétif.

Quelques années plus tard, Rachid Mekhloufi intègre le club de football de l’USFMS lui qui a tenu à préciser que « Ce n’était pas l’USMS mais l’USFMS. Dans la législation française, il fallait mettre un « f » à tout club musulman. J’ai donc été formé à l’Union Sportive Franco-Musulmane de Sétif. C’était mon club préféré, quand j’étais gamin j’allais le voir jouer. Petit à petit, grâce aux copains et à la famille, je suis rentré dans ce club à l’âge de quatorze ou quinze ans. J’avais des qualités qui me permettaient de jouer dans les catégories supérieures : première année cadet, j’ai joué très vite en junior ; première année junior, je jouais en senior. Le football était vraiment ancré en moi. Je crois qu’une personne qui n’a pas le football dans le sang ne peut pas réussir une carrière professionnelle », a-t-il indiqué. Par la suite, on connait tous l’histoire de ce grand artiste du ballon rond qui a refusé de jouer le Mondial 1958 en Suède avec l’équipe nationale de France, lui le joueur de l’AS Saint Etienne qui était sélectionné chez les Bleus dès l’âge de 20 ans. La raison est justement « ce nationalisme » qui ne l’a jamais quitté : il répondait à l’appel du FLN pour former la célèbre sélection nationale de ce parti « historique » un certain 13 avril 1958.

Sélectionneur national puis directeur technique

Après l’indépendance de l’Algérie, il revient jouer en France puis devient entraîneur international et membre de la FIFA. Il est considéré comme l’un des meilleurs joueurs algériens ayant évolué dans le championnat de France. Il compte 4 sélections en équipe de France entre 1956 et 1957, 40 sélections en équipe du FLN entre 1958 et 1962 et 11 sélections en équipe nationale entre 1962 et 1968. Rachid Mekhloufi, c’est l’entraîneur des Fennecs des Jeux méditerranéens des années 1975 et des Jeux africains de 1978. C’est lui qui a offert à l’Algérie deux médailles d’or en 1975 et 1978. En 1982, il devint directeur technique des Verts dans le Mondial-1982 puis celui de Mulhouse qui venait d’acquérir Salah Assad. C’est d’ailleurs lui qui a mis dans le bain des joueurs de la classe des Beloumi, Assad, Draoui, Ighili, Betrouni et autres.

Doublé de Rachid Mekhloufi, finale Coupe de France 1968 :

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