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Ilias Hassani : « Je suis binational, mais j’ai toujours eu l’Algérie dans mon cœur »

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ilias hassani
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Lancé dans le grand bain par Lucas Alcaraz lors d’un triste match face à la Zambie (défaite 3-1), le défenseur central Ilias Hassani (22 ans) poursuit sa carrière en Bulgarie du côté de Tcherno More Varna. Interrogé par nos confrères de Onze Mondial, l’ancien Bordelais est revenu sur son début de carrière et son passage raté avec les Verts qu’il espère retrouver un jour.

Passé par Toulouse et Bordeaux, Ilias Hassani a rejoint la Bulgarie en 2016. D’abord au FC Vereya avant de signer au Tcherno More Varna où le défenseur central s’est imposé comme un titulaire indiscutable et l’un des meilleurs joueurs du championnat bulgare. Interview découverte réalisé par ONZE MONDIAL

Comment tu t’es retrouvé en Bulgarie ? 

J’étais sous contrat amateur à Bordeaux. J’ai fait une saison avec les Girondins. J’ai peu joué en Ligue 1 lors de la première partie de saison. Ensuite, à la reprise, je suis retourné avec la CFA. Derrière, en mars, je me suis fait une rupture du ménisque intérieur – extérieur avec une entorse. Du coup, je me suis fait opérer. J’en ai eu pour six semaines d’absence. La saison était donc finie pour moi. Mon agent de l’époque me disait : « Ne t’inquiète pas, je vais te trouver un club malgré ta blessure ». Entre temps, un agent bien implanté en Bulgarie m’a approché. Je lui ai répondu que je n’étais pas intéressé mais que si je ne trouvais rien d’ici août, je reviendrais vers lui. Il m’a ensuite expliqué le projet. Et moi, en attendant, je faisais une préparation physique individualisée. Je me préparais pour être à 100%, pour que mon genou soit prêt au cas où un essai se présenterait à moi. Du jour au lendemain, je n’ai plus eu de nouvelles de mon agent. Plus rien alors qu’il m’avait parlé de clubs en Serie B. Étant marié, je ne pouvais pas rester sans club. Je ne voulais plus perdre de temps, surtout à mon âge, j’avais besoin de jouer. Je suis donc revenu vers l’agent bien implanté en Bulgarie. Et j’ai signé un an au FK Vereya, une équipe tout juste promue en D1. J’ai fait une saison pleine. Plusieurs clubs m’ont contacté. Comme j’avais des problèmes de paiement à Vereya, j’ai opté pour le PFK Tcherno More Varna. Un club stable qui n’a aucun problème de finance. Et voilà, je me suis retrouvé comme ça en Bulgarie.

Tu as déjà fait deux clubs en Bulgarie. C’est la preuve que tu te plais… 

Le championnat est bien, je m’y plais, oui. Je suis surtout ici pour jouer le maximum de matchs, me faire remarquer et rejoindre un championnat plus attractif. La Bulgarie est un bon tremplin.

Comment est le niveau du championnat bulgare ? 

Tout dépend des équipes contre lesquelles tu joues. Tu as une équipe comme Ludogorets qui joue la Ligue des Champions. La saison dernière, ils étaient dans la poule du PSG. Ils avaient fait match nul au Parc. C’est une équipe de Ligue 1. Tu as des clubs comme le CSK Sofia aussi, c’est niveau Ligue 1. Mais généralement, le niveau des équipes du championnat bulgare se rapproche de celui de la Ligue 2.

Comment se passe la vie en Bulgarie ? 

Je vis actuellement à Varna. La ville est vraiment bien. Tu as la plage, la mer, c’est touristique. En été, il fait chaud. Et puis, la vie ne coute pas très cher. C’est une station balnéaire. Il y a de la vie, c’est sympa. Beaucoup de touristes viennent ici. Je ne m’attendais vraiment pas à ça de la Bulgarie. Ma femme et ma famille vivent ici avec moi. Et franchement, elles s’y plaisent. Elles ne se sentent pas dépaysées. C’est un bon pays, sécurisé, il n’y a pas de soucis. Et pour la famille, c’est important.

C’est un pays et un championnat que tu conseillerais donc ? 

Oui, c’est un championnat que je conseillerais à des joueurs qui n’ont pas eu leur chance en France, par exemple. Attention, ce n’est pas tout le monde qui peut jouer ici. Ce n’est pas un championnat de CFA ou de CFA 2. Il faut quand même avoir un certain niveau, avoir une certaine formation. Moi, j’ai eu une bonne formation à Toulouse quand même. Pour des jeunes joueurs comme moi qui souhaitent avoir du temps de jeu, je conseille vraiment la Bulgarie. Après, je ne conseillerais pas tous les clubs. Certains clubs ont des problèmes de trésorerie, ils ne paient pas à l’heure. Mais les clubs du haut de tableau, c’est le top. Si tu peux accrocher ça, il ne faut pas hésiter. Au Levski Sofia, il y a des joueurs comme Obertan ou Jordi Gomez.

« En fait, les dirigeants de Bordeaux avaient un double discours. J’aurais préféré qu’il soit franc avec moi plutôt que de me faire ça le lendemain, dans mon dos. »

« En fait, les dirigeants de Bordeaux avaient un double discours. J’aurais préféré qu’il soit franc avec moi plutôt que de me faire ça le lendemain, dans mon dos. »
Credit Photo – Icon Sport

Avant de signer en Bulgarie, tu as évolué en France, à Toulouse et Bordeaux. Tu fais quel bilan de ces expériences-là ? 

J’ai passé 10 ans à Toulouse, 10 belles années. C’est le club de ma ville natale. J’ai eu une bonne formation. Après, il y a eu le choix des dirigeants de ne pas me faire signer professionnel alors que j’avais fait 15 apparitions dans le groupe pro. J’avais pourtant joué avec les pros en Ligue 1, j’avais aussi participé à plusieurs matchs amicaux et aux préparations estivales. Je ne regrette rien de mes années à Toulouse. Je regrette juste l’absence de confiance des dirigeants. Je ne connais toujours pas les raisons. Bordeaux, je n’y suis passé qu’une année. Je n’ai pas grand chose à dire sur ce club. Mis à part que ce n’était pas comme à Toulouse. La formation est différente. Pour moi, Toulouse, c’est meilleur au niveau de la formation.

Pourquoi n’es-tu parvenu à t’imposer dans aucun de ces clubs ? 

J’ai commencé jeune en Ligue 1. J’ai joué mon premier match à 17 ans avec Toulouse. C’était contre Bastia, j’étais rentré à la mi-temps. On va dire que j’avais un manque d’expérience et je n’étais pas rentré à mon poste. Derrière ça, j’ai fait quelques bancs. Mais on n’a pas su me donner cette confiance. On ne m’a pas vraiment lancé, on va dire. Personne n’a su me gérer ni me lancer correctement, dans les bonnes conditions. Et puis à Bordeaux, je n’ai pas pu faire mes preuves en un an. J’ai joué les six premiers mois, j’enchaînais les matchs. Et les six derniers mois, je me suis blessé et je n’ai pas pu prouver.

Tu n’as fait qu’un seul match avec les professionnels ? 

Oui, je n’ai fait qu’une seule apparition, sachant que je ne m’étais jamais entraîné avec le groupe professionnel avant ça. Le jour où j’ai joué en L1 avec Bordeaux, je l’ai appris le jour même du déplacement à Bastia. On m’a appelé pour me dire : « Viens vite, tu es dans le groupe ». Je n’étais pas préparé. On m’a envoyé au feu, un peu. En plus à ce moment-là, le club n’avait pas de bons résultats. L’équipe vivait une période difficile. Il y avait de la tension. Le coach était à deux doigts de se faire limoger. Ce n’était pas de bonnes conditions pour débuter.

Et puis lors de ce match, il y a eu cette fameuse glissade. 

Oui. Quand j’entre sur le terrain, je me mets en mode « Tu as des qualités, fais toi plaisir ». J’étais insouciant, je voulais jouer mon jeu et c’est tout. Tout se passait bien. Et puis, il y a cette action-là où je glisse. Moi, je suis un joueur qui aime bien jouer au ballon. Je ne suis pas un bourrin. J’essaie toujours de relancer proprement. Il y a ce long ballon, je le vois arriver et je pars dans l’idée de le laisser à Carrasso. Du coup, je commence à me mettre en position. Carrasso me dit : « Laisse, laisse, laisse, laisse ». Du coup, je lui laisse. Et au moment où le ballon arrive au niveau de mes hanches-genoux, il me dit : « Prends la ». Moi, au dernier moment, je mets mon pied pour contrôler et c’est là où je glisse et puis but derrière. Voilà, c’est un fait de jeu qu’on ne peut pas contrôler, c’est de la communication. Et c’est moi qui en paie les conséquences.

Tu penses avoir payé cash cette glissade ? 

Oui, je pense avoir payé cash cette glissade. Ce que je reproche aux dirigeants de Bordeaux, c’est qu’après ce match, le coach m’avait dit : « Tu vas commencer le prochain match face à Guingamp dans trois jours ». Il avait ajouté : « Ce qu’il s’est passé à Bastia, ce n’est rien de grave. Carrasso ne t’a pas mis dans les bonnes conditions ». Et derrière, je vois que le lendemain, il me renvoie en réserve. En fait, ils avaient un double discours. J’aurais préféré qu’il soit franc avec moi plutôt que de me faire ça le lendemain, dans mon dos.

« Je suis binational, mais j’ai toujours eu l’Algérie dans mon cœur. Je suis fier d’être Algérien. »

« Je suis binational, mais j’ai toujours eu l’Algérie dans mon cœur. Je suis fier d’être Algérien. »

Cédric Carrasso avait reconnu son erreur à l’époque ? 

Du tout. Il ne m’a rien dit du tout. Je pense qu’au fond de lui, il savait parce qu’il ne m’a pas dit un mot. Il était mal dans le vestiaire. Tous les joueurs sont venus me voir en me disant : « Ce n’est pas grave, on a vu ce qu’il s’est passé, il y a eu un manque de communication ». Mais en aucun cas, Carrasso a fait quoi que ce soit pour dire qu’il était en tort sur l’action. Surtout que le club n’était pas en très bonne posture. Et puis Carrasso aussi était dans une situation délicate. Sa place était remise en cause parce que le numéro 2 jouait souvent aussi.

Tu ne gardes pas que de bons souvenirs de ton passage à Bordeaux donc… 

Non, je n’ai pas de très bons souvenirs de Bordeaux. Je vais parler sans langue de bois : ce n’est pas un club que j’ai apprécié. Je ne le garde pas dans mon cœur contrairement à Toulouse où j’ai passé 10 belles années.

Après tout ça, tu as enchaîné les performances en Bulgarie. Des prestations qui t’ont ouvert les portes de la sélection algérienne. C’était comment alors ? 

La sélection, c’est un moment inoubliable. C’est un truc que je n’aurais jamais pensé vivre cette saison. En une année, je suis passé de la CFA à la sélection algérienne. C’était une fierté pour moi. D’autant que mon choix a toujours été clair, j’ai toujours voulu porter le maillot de l’Algérie. Quand j’ai reçu cette convocation, c’était une joie immense. En dix jours de stage, j’ai appris autant qu’en un an d’entraînement. Ça a été exceptionnel.

Qu’est-ce qui t’a impressionné ? 

On a une sélection très bien fournie. Que ce soit en défense, au milieu ou en attaque et même dans la cage. Il n’y a que des joueurs d’expérience qui ont évolué dans de grands clubs. Comme Mahrez qui a fini meilleur joueur de Premier League ou Brahimi qui joue à Porto. Je peux te citer aussi Slimani, Bentaleb, Mandi et les autres. Ce sont des joueurs que je regarde à la télé. Je m’inspire d’eux. Me retrouver avec des joueurs comme ça, c’est une fierté et un honneur.

Quel est ton degré d’attachement à l’Algérie ? 

Je suis binational, mais j’ai toujours eu l’Algérie dans mon cœur. Je suis fier d’être Algérien. Toute ma famille vit en Algérie sauf mes parents. Chaque année, je vais en Algérie. C’est mon pays. Ma femme vient de là-bas. Moi, je suis 100% Algérien. J’ai beaucoup d’affection pour mon pays.

« La sélection reste dans un coin de ma tête, c’est un objectif. »

« La sélection reste dans un coin de ma tête, c’est un objectif. »

Tu vises un retour en sélection je suppose… 

Bien sûr. J’ai 22 ans, je suis jeune. La sélection reste dans un coin de ma tête, c’est un objectif. Je sais que pour y retourner, ça passe par de bonnes prestations en club. C’est un objectif pour moi. Je ne me le cache pas et je ne le cache à personne. Après, si ça ne vient pas maintenant, ce n’est pas une fin en soi. À mon poste, il n’y a que Ramy Bensebaini qui a mon âge. Je sais que j’y retournerai un jour ou l’autre.

Comment s’est passé ton premier match avec la sélection algérienne ? 

C’était face à la Zambie. Quand je suis entré sur le terrain, quand j’ai entendu l’hymne, c’était quelque chose d’exceptionnel. Je ne saurais pas te décrire cette sensation-là. C’était un match de qualification pour la Coupe du Monde. Je souhaite à tout le monde de vivre ce genre d’expérience. Jouer pour son pays dans un stade devant plus de 65 000 personnes pour un match aussi important, c’est indescriptible, c’est magnifique. Après, au niveau du terrain, c’était une première expérience. Je ne connaissais pas, je n’avais jamais joué en Afrique. Je ne savais pas comment ça se passait. Je pense que pour une première sélection, ça n’a été ni bon, ni catastrophique, surtout pour un match à enjeu comme ça. Je ne trouve pas que j’ai été en-dessous. Après, j’aurais pu faire mieux. Je sais que je peux apporter à la sélection défensivement.

Tu as aussi été international français chez les jeunes ? 

Oui, j’ai été international U18 et U19 chez les jeunes. J’ai aussi fait plusieurs stages en U16 et en  U17. J’ai été régulièrement appelé avec la génération 95. J’ai côtoyé Martial, Rabiot, Maignan, Coman, Lenglet… Je faisais partie d’une génération un peu dorée. J’en garde de bons souvenirs. Ça m’a fait progresser. Le niveau était élevé. C’était enrichissant.

Tu es quel type de garçon ? 

J’aime bien regarder les autres sports comme le tennis. Quand je ne suis pas au foot, je passe beaucoup de temps avec ma famille. Je viens d’avoir une fille, je reste beaucoup avec elle. En dehors des entraînements et des matchs, je coupe avec le football et je profite un maximum des miens. Il n’y a pas que le foot dans la vie. Il y aussi la famille.

Avoir un enfant a changé quelque chose dans ta vie ? 

Oui. Devenir papa à 22 ans, c’est quelque chose quand même. Ce n’est pas tout le monde qui gère un enfant à 22 ans. C’est un choix voulu. C’est quelque chose qui t’apporte une stabilité, qui te fait grandir dans la tête, qui te donne une bonne hygiène de vie. Ça change tout pour un homme. Ça te donne des responsabilités. Tous les parents du monde te diront la même chose que moi : c’est la plus belle chose au monde d’avoir un enfant.

Entretien réalisé par Onze Mondial

 

 

 

>>Voir également l’entretien découverte LGDF :

 

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