La fracture est désormais officielle entre les deux piliers historiques du Mouloudia Club d’Alger. Dans un document interne que La Gazette du Fennec s’est procuré, le CSA/MCA (club sportif amateur), par la voix de son président Mohamed Khaldi, dénonce avec une rare fermeté le comportement de la SSPA/MCA, dirigée par Mohamed Redjem, dit Hadj Redjem. Ce courrier, au ton sec et alarmant, révèle une crise institutionnelle majeure au sein du Doyen. Et annonce, en creux, une possible saisine du ministère des Sports, désormais dirigé par Walid Sadi.
Dans ce courrier officiel, le CSA dresse un constat sans appel : les engagements contractuels pris par la SSPA de Hadj Redjem ne sont pas respectés. Le texte évoque une série de manquements, notamment le non-versement des subventions destinées aux activités du sport amateur. “Depuis plusieurs exercices, la SSPA fait preuve d’une indifférence totale envers ses obligations vis-à-vis du club fondateur”, écrit le CSA.
“La gestion des sections sportives autres que le football professionnel est en péril.” Le ton est grave, presque solennel. L’instance fondatrice du Mouloudia y dénonce un mépris institutionnel, une opacité totale, et un refus de dialogue persistant de la part de la SSPA. Plus qu’un simple différend administratif, il s’agit d’un conflit d’identité et de gouvernance.
Une question d’argent, mais surtout de principes
Si la discorde porte en premier lieu sur les finances — le CSA affirme que la SSPA lui doit plusieurs tranches budgétaires non réglées —, l’enjeu est plus profond. Le cœur du problème est clairement l’effacement progressif du CSA dans les prises de décision, au mépris de la convention qui lie les deux entités.
“Le CSA n’est plus consulté, ni informé. C’est une mise à l’écart délibérée”, résume un membre de la direction du club amateur. Hadj Redjem, patron de la SSPA, est accusé de gérer le club comme une entité privée, en rupture totale avec l’esprit collectif et historique du Mouloudia.
Vers une bataille institutionnelle
Face à cette situation jugée intenable, le CSA annonce clairement son intention de saisir les autorités compétentes, à commencer par le ministère des Sports, dirigé par Walid Sadi, mais aussi la Fédération algérienne de football et, si nécessaire, la justice.
Dans son courrier, le CSA appelle à une “réparation urgente”, estimant que “l’équilibre du club est menacé” et que “le Doyen est en train de perdre son âme”. Ce sont les termes utilisés dans un document à la portée symbolique forte, révélateur d’un malaise structurel profond.
Un malaise ancien, mais désormais visible
Cette crise n’est pas née d’hier. Depuis le passage au professionnalisme en 2010, les clubs algériens vivent une dualité complexe entre structures sportives amateures héritées de l’histoire, et SSPA censées incarner la modernité et la gestion économique. Le Mouloudia, club centenaire, emblématique, n’échappe pas à cette logique conflictuelle. Mais ici, la tension a franchi un cap. Ce document, que nous révélons aujourd’hui, jette une lumière crue sur un modèle à bout de souffle, où les logiques financières écrasent le tissu associatif, et où la mémoire du club se heurte à une gestion jugée autoritaire.