Entretien exclusif avec Salah Eddine Bouziani, jeune milieu de terrain du Paradou AC et international U20. Originaire de Béchar, tout comme Hicham Boudaoui, il est considéré à 18 ans comme l’un des espoirs les plus prometteurs de la Ligue 1 algérienne. Dans cet échange, il revient sur sa saison, son expérience en sélection nationale, ses inspirations et ses ambitions pour l’Europe.
On commence par l’actualité Salah-Eddine : vous vous êtes qualifiés en finale de Coupe d’Algérie hier (interview réalisée le 18 avril). Raconte-nous ce match.
Depuis qu’on a raté le championnat, on s’est recentrés à fond sur la Coupe. Après notre victoire contre l’USMA, on avait un objectif clair. Hier, on a affronté la JS Saoura et hamdoullah, on s’est qualifiés en finale.
La JS Saoura, c’est une équipe difficile à manœuvrer…
Oui, franchement c’était très compliqué. Ils sont venus en bloc, bien regroupés derrière. En plus, on a raté trois penalties pendant la séance de tirs au but… Mais heureusement, notre gardien Mayas Boudeja nous a sortis de là. Il a été énorme.
Tu étais capitaine pendant ce match, c’est une première pour toi ?
Pas vraiment. Je n’ai pas beaucoup joué avec la réserve cette saison, mais quand je le fais, comme je suis l’un des plus âgés, je porte souvent le brassard.
“Yattou m’a beaucoup aidé à m’intégrer avec les pros.”
Parlons de ta saison. Tu as commencé avec les pros cette année. Comment s’est passée ta première convocation ?
Je l’attendais avec impatience. J’avais fait une très bonne phase retour avec les U21 en 2023-2024, et ensuite j’ai intégré la préparation avec les seniors. Les cadres m’ont bien aidé, surtout Nassim Yettou.
Et la saison dernière, tu t’entraînais déjà avec les pros ?
Oui, mais je n’étais jamais entré en jeu.
Ton tout premier match pro, c’était quand ?
Contre l’ASO Chlef, le tout premier match du championnat au 20 août. Ensuite, j’ai enchaîné une mi-temps contre le MCA, puis JSK, CSC (où je n’ai pas joué), MCO où j’étais titulaire, et El Bayadh aussi.
C’était sous les ordres de l’entraineur tunisien Jaïdi. Quel genre de discours il te tenait ?
Il me disait de m’entraîner normalement, de ne pas me prendre la tête, que si je n’avais pas les qualités, il ne m’aurait pas fait jouer. Ça donne confiance.
Tu as joué à quel poste avec les pros ?
Numéro 10. On évolue avec deux milieux défensifs derrière moi.
“Je suis originaire de Béchar “
Tu es originaire d’où, Salah ?
Je viens de Béchar.
Comme Boudaoui ! Tu as déjà échangé avec lui ?
Oui, il m’a donné pas mal de conseils. Il m’a dit de travailler dur et que le reste viendrait inchallah.
Tu as commencé où le foot ?
Pas à la JS Saoura. J’ai fait une détection avec l’équipe nationale U17 à 15 ans, ensuite un stage, puis j’ai rejoint l’académie de Sidi Bel Abbès. Après un an là-bas, je suis parti au Paradou AC. Ça fait trois ans que j’y suis maintenant.
Qui t’a repéré ?a
C’est Erico et Cheikh Mourad qui m’ont fait venir au Paradou.
Tout le monde sait que le Paradou AC est une excellente académie. Mais concrètement, c’est quoi une journée type là-bas ?
On se lève à 6h30, on prend le petit-déj, puis on s’entraîne. Ensuite, on part à l’école. Après une petite sieste, on retourne aux études, et en fin de journée on s’entraîne encore, vers 16h ou 16h30.
“Boudaoui et Pogba sont mes modèles”
Et tu trouves ça bénéfique de suivre des études en parallèle ?
Oui, bien sûr. On est plus concentrés, et au final c’est une bonne chose pour notre équilibre.
Parle-nous un peu de ton style de jeu. Quel type de joueur tu es ?
Je suis milieu de terrain, polyvalent. Je défends, je tacle, je distribue. Mon modèle, c’est Hicham Boudaoui.
Et en Europe, il y a un joueur que tu admires particulièrement ?
Paul Pogba.
Comme Boudaoui, encore une fois !
(Rire) Exactement.
La saison dernière, tu as joué un tournoi UNAF avec la sélection nationale. Tu étais titulaire sur les quatre matchs. Raconte-nous comment tu as vécu ce moment.
C’était une super expérience. A ce moment là j’avais quatre matchs dans les jambes avec les séniors du Paradou, ce tournoi avec les U20 m’a permis de vivre ma première vraie compétition officielle en sélection. Être titulaire sur les quatre matchs m’a donné beaucoup de confiance. Le coach me connaissait déjà, donc je me suis senti à l’aise pour m’exprimer sur le terrain.
“Mon objectif la saison prochaine est d’être titulaire au Paradou AC”
Vous commencez face à l’Égypte, puis contre le Maroc vous êtes solides, mais contre la Tunisie, vous perdez dans les dernières minutes. Qu’est-ce qui a manqué ?
On était bien organisés, surtout défensivement. Mais offensivement, on manquait de réalisme. On avait beaucoup d’occasions qu’on ne concrétisait pas. Contre le Maroc, on peut mener 2-0, on rate un penalty… et derrière on encaisse.
Et après ce tournoi, tu as senti un changement en toi ?
Oui, ça m’a fait grandir. Jouer avec les 2005 alors que je suis 2006, ça m’a aidé. Maintenant je suis avec les U20, je suis prêt à donner encore plus.
Tu penses avoir progressé tactiquement ?
Bien sûr. Mais je ne me dis jamais que j’ai réussi. Pour moi, le vrai objectif c’est l’Europe. Tant que je n’y suis pas, je ne peux pas dire que j’ai atteint mon but.
Tu es actuellement en regroupement avec la sélection. Comment s’est passé le premier contact avec le coach Nedder ?
Il cherche à bien nous connaître, et nous, on commence à comprendre son style. Avec les tournois à venir, on veut vraiment viser des titres.
En première partie de saison, vous étiez solides. Mais au retour, ça a été plus compliqué. Qu’est-ce qui a changé ?
L’état d’esprit. Quand tu perds ça, tu perds tout. Les matchs qu’on a gagnés, c’était parce qu’on jouait tous ensemble, avec la bonne mentalité. Cette saison, j’ai accumulé de l’expérience. L’année prochaine, mon objectif, c’est d’être titulaire.
” Boudaooui méritait de jouer plus durant l’ère Belmadi”
Un mot sur la nouvelle équipe nationale A ? Qu’est-ce que tu as pensé des derniers matchs ?
J’ai le sentiment que désormais on a un groupe. Ils peuvent faire quelque chose. On voit un style de jeu clair. Beaucoup de joueurs se sont libérés, comme Boudaoui justement.
Tu trouves qu’il aurait mérité plus de temps de jeu sous Belmadi ?
Oui. Quand tu ne joues que quelques minutes, c’est dur de montrer ton vrai niveau. Il fallait qu’il enchaîne.
Tu es né en 2006. C’est quoi ton premier souvenir marquant avec l’équipe nationale ?
Les matchs de qualification pour la Coupe du monde 2014 contre le Burkina Faso. Deux gros matchs, ça m’a marqué.
À cette époque, tu avais un joueur préféré ?
Pas vraiment. J’ai toujours admiré Boudaoui. Son style de jeu, sa polyvalence et sa discrétion sur le terrain m’inspirent beaucoup.
“Je dois m’améliorer tactiquement pour passer un cap”
Tu penses qu’il te manque quoi aujourd’hui pour passer un cap ?
Tactiquement, il me reste du travail. Chaque coach t’apprend quelque chose de différent. Il faut rester à l’écoute.
Vous faites beaucoup d’analyse vidéo au Paradou ?
Oui, on en fait régulièrement. Ça nous permet d’analyser nos erreurs, de mieux comprendre le jeu et de progresser plus vite.
Ton objectif, on l’a compris : être titulaire, puis partir en Europe. Un championnat en tête ?
La Belgique. C’est un bon tremplin, surtout pour les joueurs du Paradou AC. Je veux y aller étape par étape, ne pas brûler les étapes.
Un dernier mot pour les supporters qui suivent les jeunes comme toi ?
Avant d’intégrer l’académie du Paradou, je ne connaissais pas grand-chose. Mais ici, tu apprends énormément : on t’inculque les bases du haut niveau, tu bosses tous les jours, tu répètes, tu corriges, tu progresses. C’est une vraie école de football. Je ne peux que remercier les formateurs, car grâce à eux, j’ai énormément évolué. Aujourd’hui, je suis prêt à franchir un nouveau cap.
