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Belmadi : “Mes choix sont de plus en plus difficiles pour composer mon 11 de départ”

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Le sélectionneur Djamel Belmadi s’est exprimé longuement cette semaine sur les ondes de RMC. L’occasion pour lui de revenir notamment sur le chemin parcouru depuis le titre de champion d’Afrique, les binationaux, Youcef Atal, tout en se projetant sur la coupe du monde 2022. Voici quelques extraits de ses meilleures déclarations.

Bonsoir Djamel, grâce au nul face au Zimbabwe vous vous êtes qualifiés à la prochaine CAN avant même les deux dernières journées d’éliminatoires. Cela doit être satisfaisant d’avoir les deux derniers matchs pour travailler ?

Exactement, c’est une très bonne chose. On a l’occasion de voir d’autres joueurs, de leur donner la possibilité de s’exprimer et de montrer ce qu’ils sont capables de faire.

Vous êtes champions d’Afrique depuis juillet 2019, est-ce que vous considérez que votre équipe a progressé ?

Oui, cette période COVID durant laquelle on a été obligés d’annuler pas mal de dates FIFA aurait pu casser cette dynamique mais ça n’a pas été le cas. Les joueurs sont toujours autant excités à l’idée de retrouver l’équipe nationale et toujours pleinement investis quand ils sont en rassemblement. Ça bosse bien et c’est que l’on souhaitait car on avait peur de retomber dans les travers qu’on a pu connaître dans le passé. L’équipe est donc en progression.

“Jouer en Afrique c’est vraiment très particulier”

Comment s’est matérialisée cette exigence dont vous parlez et que vous avez apporté à cette équipe ? Comment est passé l’Algérie d’une équipe qui se contentait de bien jouer à une équipe qui gagne ?

Ça dépend ce que l’on entend par « bien jouer ». Si c’est jouer à la baballe, garder le ballon inutilement, de la possession stérile, faire de beaux gestes, alors oui en Afrique du Nord on a les joueurs pour ça. Moi ce que je voulais apporter c’est l’idée qu’en Afrique c’est vraiment très particulier. Qu’il faut se tourner vers l’efficacité à cause des terrains, les distances, cet environnement difficile… J’aurais d’ailleurs du mal à imaginer une équipe européenne, même bonne, avoir le même rendement que nous sur ce continent. Par exemple notre dernier match, c’était à 15 heures de l’après-midi, sous 30 degrés, sur un terrain pourri … c’est tout de suite très difficile. Il fallait changer l’état d’esprit, prendre conscience de là où on évoluait et être plus pragmatique. En dehors du football, il fallait resserrer les boulons : savoir quelles doivent être les priorités. Mettre en forme un environnement propice au résultat.

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Pensez-vous qu’il faut conserver la cohésion actuelle quitte à ne pas trop ouvrir le groupe ?

Non, l’effectif évolue et il y a d’ailleurs beaucoup de nouveaux joueurs. Bien sûr que le onze entrant à la CAN a été très performant et ne veut rien lâcher. Mais, on essaye de faire jouer quasiment tout le monde et quasiment sur toutes les dates FIFA. On a un groupe qui devient homogène et au sein duquel les différences de niveau ne sont pas très grandes. D’ailleurs je le leur ai dit lors du dernier match : « j’ai un réel souci lorsque je veux composer mon équipe et ça devient difficile de faire des choix entre des joueurs très proches en terme de niveau ». Je ne fais pas dans le social avec eux, j’essaye d’être le plus juste et d’aligner la meilleure équipe possible mais ce sont des choix de plus en plus difficiles.

“Je ne cherche pas à ‘convaincre’ les binationaux. Ce terme, je ne l’emploie pas”

Quel regard avez-vous sur les binationaux ? Comment les convaincre de rejoindre la sélection algérienne ?

Le terme « convaincre » que vous avez employé, je ne l’emploie pas. J’explique, je propose un projet et je leur dis ce qui va les attendre en étant le plus honnête possible mais je ne cherche pas à les convaincre. Ensuite, soit le joueur adhère et souhaite rejoindre son pays d’origine soit non : c’est aussi simple que ça. Il y en a certains pour qui ça va très vite mais il y en a d’autres qui veulent vous faire tourner en bourrique. Certains sont tout de suite très intéressés, d’autres ont besoin de temps, de réfléchir et je les comprends. Mais d’autres ne sont pas du tout intéressés, ils n’ont pas du tout en tête de rejoindre cette équipe nationale. Chacun son choix : ça dépend de l’éducation, de la culture dans laquelle ils ont baignés… en tout cas je fais mon travail en présentant le projet mais c’est eux qui décident, pour ceux qui méritent en tout cas. (…) J’ai cette double culture, je suis né en France, j’ai fait la formation française mais j’ai joué pour l’Algérie, pour mon pays, j’en ai été le capitaine, je connais les tenants et les aboutissants du football algérien. Cette culture là m’aide vraiment, je sais quel discours tenir, la plupart de ces binationaux venant d’île de France plutôt que de Belgique et je sais donc avoir la capacité de leur tenir les choses de façon directe.

Concernant Youcef Atal, vous avez eu un discours direct sur la cause de ses blessures, selon vous ce n’est donc pas qu’une question de malchance ?

Je n’ai pas l’habitude de régler les choses par l’intermédiaire de la presse mais quand un joueur à la tête dure et que ça ne se règle pas alors j’envoie un petit pique comme ça. Il sait ce que je pense de lui, c’est un super joueur et un super gars. Mais il débarque à Nice, sur la Côte d’Azur… c’est compliqué pour un jeune joueur. Je suis pour qu’il y ait un accompagnement de la famille ou du club, même pour Hichem Boudaoui qui joue avec lui et qui est encore plus jeune. Si je me permets de parler comme ça, c’est parce que j’ai été sollicité par le club et si l’OGC Nice veut me répondre ils savent ce qu’il en est. Je leur ai expliqué qu’on ne peut pas se permettre de balancer des jeunes joueurs comme ça et les prolonger avec des salaires encore plus élevés. Il faut les accompagner, faire en sorte que ça se fasse en douceur. Je ne dédouane pas le joueur et c’est pour ça que je suis intervenu dans les médias mais chacun doit y mettre du sien… il faut faire attention avec le professionnalisme et les accompagner pour cela.

Considérez-vous la CAN en janvier 2022 comme un avantage ou un désavantage dans la préparation à la Coupe du Monde qui aura lieu quelques mois plus tard, si l’équipe nationale s’y qualifie bien évidemment ?

Vous avez bien fait de préciser que ça ne va pas être une partie de plaisir de se qualifier à la coupe du Monde car les éliminatoires en Afrique sont très difficiles. Ceci étant dit, je pense que c’est plutôt une bonne chose. De base c’est déjà difficile de créer des automatismes, une cohérence, une identité de jeu dans une sélection. On manque de dates FIFA, surtout avec la pandémie. Si il y a une coupe d’Afrique 4 mois avant la Coupe du Monde ça ne peut être que bénéfique, je le prends donc comme une opportunité.

Retranscription Walid Ailas, pour La Gazette du Fennec

Quelques extraits du passage de Belmadi sur RMC :

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