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Milovan Rajevac : “La FAF ne m’a pas soutenu et on s’est séparés”

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Dans un excellent entretien accordé à Goal, l’ancien sélectionneur des Verts Milovan Rajevac a réglé quelques comptes avec la FAF après son passage raté sur le banc algérien. S’exprimant pour la première fois sur le sujet, le technicien serbe a expliqué les raisons de son divorce avec la fédération et quelques joueurs algériens sans les citer. Il s’est en revanche montré très élogieux envers Soudani et Hanni. Voici l’entretien en intégralité.

En 2010, le Ghana est devenu l’une des trois équipes africaines à avoir atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde, égalant les performances du Cameroun (1990) et du Sénégal (2002). Les Black Stars ont fait belle figure en Afrique du Sud, mais ils auraient pu aller encore plus loin sans cette fin de match totalement défavorable contre l’Uruguay. À la fin de la prolongation, Luis Suarez se “sacrifiait” en dégageant un ballon de la main sur sa ligne de but, avant qu’Asamoh Gyan ne voit son pénalty s’envoler dans le ciel de Johannesburg.

Milovan Rajevac était à la tête du Ghana ce jour-là. Le coach serbe a vécu une superbe aventure avec cette sélection, mais cette élimination lui reste encore en travers de la gorge. C’est ce qu’il a confié dans un entretien exclusif à Goal. Le rêve s’est brisé. Le technicien de 64 ans est aussi revenu pour nous sur son passage manqué à la tête de la sélection d’Algérie, ainsi que le nouveau défi qu’il s’est lancé en Thaïlande.


Qui sait ? On serait peut-être allé au bout s’il n’y avait pas eu ce scénario”


Quand on pense à vous, on pense surtout à votre parcours avec la sélection ghanéenne. On imagine que cela reste le meilleur souvenir de votre carrière…

Milovan Rajevac : Avec le Ghana, je pense qu’on a fait en sorte que le rêve devienne une réalité. D’abord, il y a eu ce triomphe au Mondial des moins de 20 ans avec les jeunes. Il y a aussi eu la sélection des locaux qui est allée jusqu’à la finale de la CAN avec un effectif qui n’était pourtant pas exceptionnel. Ça a été un vrai exploit, surtout que certaines sélections s’y sont produites avec leurs équipes A comme la RD Congo et la Libye. Et puis, il y a eu bien sûr le parcours avec l’équipe A du Ghana. L’équipe a été vice-championne d’Afrique avant de réussir les résultats que vous savez à la Coupe du Monde.

Le Mondial 2010 reste aujourd’hui comme une frustration ?

On a réalisé un remarquable parcours. On s’est extirpés d’un groupe très relevé avec l’Allemagne, l’Australie et la Serbie et sans prendre énormément de buts. Ensuite, on a écarté les Etats-Unis avant de disputer ce match historique contre l’Uruguay. Tout le monde doit probablement se souvenir de cette fin de match rocambolesque où Luis Suarez empêche un but de la main à la 120e minute et le manqué sur le penalty qui s’en suit.

Vous y pensez encore à cette fin de match ? N’ y-a-t-il pas ce sentiment que vous êtes passé à côté de quelque chose d’encore plus grand ?

Croyez-moi, cette fin de match et cette élimination, je n’arrive pas à me les sortir de la tête. Ce sont des matches comme on n’en voit que très peu. Ceux qui vous font entrer dans l’histoire. Qui sait, peut-être que si on avait transformé ce penalty, on serait peut-être allé au bout. Je suis sûr que je n’oublierai jamais ce moment-là. La chance nous a fuit ce jour-là et elle a souri à Luis Suarez. Cela a même boosté sa carrière.


En Algérie, il y a eu une divergence d’opinion et la fédération ne m’a pas soutenu”


Mais vous avez tout de même fait la fierté de l’Afrique…

Bien sûr. Cela reste le plus grand résultat de l’histoire du football africain. Et après notre élimination contre l’Uruguay, nous avons été reçus dans la résidence de Nelson Mandela. Sa femme était une grand fan de la sélection ghanéenne. Ça a été un moment très émouvant. D’une certaine manière, ce Mondial a été organisé en l’honneur de ce grand homme.

Après ce Mondial, on vous a un peu perdu de vue. Jusqu’à cette courte expérience en Algérie. Cela ne s’est pas bien passé là-bas. Pourquoi ?

Oui, c’était court. Seulement deux matches, dont un qu’on a gagné sur le score de 6-0. Et dans le second, on fait match nul. Mais, là-bas, il y a eu des évènements qui sont allés contre moi. Il y a eu une divergence d’opinion, la fédération a fait le choix de ne pas me soutenir et on s’est séparés. Mais je ne veux pas trop parler à propos de cette période-là. L’Algérie a une grande équipe, mais il existe un énorme décalage entre son potentiel offensif et défensif. S’ils s’améliorent défensivement, ils peuvent monter à un niveau très élevé.

Il y avait pourtant de très bons joueurs dans cette équipe…

Tout le monde met en avant Mahrez et les autres stars qu’il y a là-bas, mais lorsque j’y étais, le principal nom c’était Soudani. Après tout, c’est celui qui a marqué le plus de buts. Il était le joueur le plus important pour nous. Et c’est quelqu’un qui maitrise très bien la langue croate. Je ne parlais pas français, et il m’a beaucoup aidé pour la traduction. C’était quelqu’un d’extrêmement professionnel et qui m’a manifesté beaucoup de soutien. Il y a des choses qui n’allaient pas dans cette équipe, mais je ne peux en revanche dire que du bien de Soudani. Il reste le meilleur joueur de la sélection algérienne. Et j’espère vraiment le revoir un jour.


Dans mon esprit, le collectif doit toujours passer avant les individualités”


On prétend qu’il y a eu un clash avec Sofiane Feghouli après la rencontre contre le Cameroun. Un joueur qui depuis paierait son comportement ce soir-là…

Je ne me sens plus concerné par ces problèmes. L’Algérie a de très bonnes individualités, une très bonne équipe. C’est facile de travailler lorsque la fédération est à vos côtés. Mais lorsque ce n’est pas là cas, les problèmes commencent. Et j’ai encore la conviction qu’il y avait de très bonnes choses à faire là-bas. Malheureusement, je n’avais pas non plus Sofiane Hanni à ma disposition. Un très grand joueur qui évoluait alors à Anderlecht. De tous les joueurs, c’est celui qui était dans la meilleure forme. Je ne vais pas donner de noms, mais il y a des joueurs qui n’étaient pas du tout prêts physiquement et ils voulaient tous jouer. Il y en a même qui arrivaient avec un surpoids de 10 kilos.

Aujourd’hui, vous êtes en charge de la sélection thaïlandaise. Quel est votre objectif avec cette équipe ?

Après le Mondial 2010, j’avais des vues sur la Russie et les Etats-Unis. Mais, je ne m’en suis pas rendu compte quand je me suis retrouvé à profiter d’un break de quatre ans. Aujourd’hui, je m’occupe effectivement de cette sélection de Thaïlande et on veut réussir quelque chose en Asie. Dans mon esprit, le collectif passe toujours avant les individualités. Le Thaïlande n’est pas la meilleure sélection en Asie, mais on a montré qu’on peut gêner l’Australie. On doit encore travailler pour arriver au niveau de la Corée du Sud et du Japon. Là, il y a la Coupe d’Asie 2019 qui arrive dans pas longtemps. Si on est bons dans ce tournoi, je pense que je reviendrai au niveau auquel j’étais avant.

Interview réalisée par Hrvoje Tironi et Naïm Beneddra pour Goal

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