Alors que la Ligue 2 française reprend ses droits pour une nouvelle saison 2020/2021, La Gazette du Fennec s’est rapprochée de Maxime Spano-Rahou. Le nouveau défenseur central des Verts va entamer sa deuxième saison avec le club nordiste de Valenciennes. Il nous parle dans cet entretien de son début d’aventure avec les Verts, de son club qui vise la montée et de ses ambitions de jouer au plus haut niveau.
Les lecteurs de La Gazette du Fennec t’ont quitté, au lendemain de ta première convocation en équipe nationale, en décembre 2019. Avec le recul comment ressens-tu cette convocation?
Je suis arrivé dans un groupe qui se connaissait parfaitement bien, un groupe qui vit bien, vainqueur de la coupe d’Afrique. J’arrive donc dans les meilleures conditions. Ils m’ont très bien accueilli. De plus nous avons gagné nos deux matchs, donc franchement, ce stage s’est très bien passé.
Justement qu’elle était l’ambiance dans les vestiaires après le match contre le Botswana ?
Forcément après une dynamique des deux victoires, sur la continuité des victoires de la CAN, l’ambiance était très bonne. Quand on est rentré dans les vestiaires, on était tous très content. Puis nous sommes rentrés à l’hôtel où j’ai fait mon bizutage. J’ai chanté une chanson d’un rappeur marseillais.
Le premier match de qualification, c’était une victoire 5-0 contre la Zambie. Franchement l’équipe d’Algérie est si forte que ça pour battre la Zambie 5-0 ?
L’équipe renferme des joueurs de qualité, un coach de qualité qui a su créer un groupe, une mentalité, et cela s’est soldée par une victoire à la CAN. De plus nous sommes dans une bonne dynamique de victoires, Cela créée des liens entre les joueurs. Aujourd’hui l’équipe d’Algérie grandit et se bonifie de plus en plus, matchs après matchs. Donc forcément il y a la victoire au bout. Il devient très difficile de la battre.
Pour l’anecdote, Belaïli avait déclaré qu’il mettrait le but directement du corner. Est-ce que tu l’as entendu le dire ?
Comme beaucoup de gens je l’ai entendu ou lu, mais par contre je ne peux pas te le confirmer parce que je ne l’ai pas entendu de vive voix. Mais cela ne m’étonnerait pas qu’il ait dit. C’est un joueur talentueux qui a sa place dans les grands championnats européens.
Quel a été le discours de Djamel Belmadi après la victoire contre le Botswana ?
Djamel a surtout souligné la mentalité des joueurs. Il a évoqué le faite que la victoire n’aurait pas été il y a, encore, quelques temps. Sous des conditions climatiques difficiles, contre un adversaire agressif et un arbitrage compliqué, nous avons quand même réussi à ramener les 3 points. Il a surtout parlé de l’état d’esprit qu’on a eu sur le terrain.
“Belmadi est très respecté, ici à Valenciennes ceux qui l’ont côtoyé n’en disent que du bien”
Est ce qu’il s’est entretenu avec toi ?
Après le match, pas spécialement. Elle a surtout parlé à tout le monde. Sinon lors du stage, il s’est rapproché de moi et on a eu une discussion. Il m’a dit qu’il comptait sur moi qu’il me connaissait, qu’il savait ce que je pouvais apporter à l’équipe. Djamel, en plus d’être un grand entraîneur, est vu comme un grand frère par l’ensemble de l’équipe. Il est très respecté. Il a su garder cet équilibre entre coach et ancien joueur que toute l’équipe apprécie.
Parle-t-on encore de lui à Valenciennes ?
Oui bien sûr. Tous les joueurs qui l’ont côtoyé n’en disent que du bien. Celui qui en parle le mieux est notre directeur sportif, José Saez.
Pendant ce long arrêt dû au Covid 19, as-tu été en contact avec lui ? Est-ce que Djamel Belmadi t’a contacté pour prendre de tes nouvelles ?
Non. On n’a pas été en contact. C’est un peu normal puisque il n’y avait pas eu de matchs de programmer. Mais avec tous les internationaux, nous sommes toujours en contact. Grâce au groupe WhatsApp de l’équipe, on se tient au courant les uns des autres.
À ton retour à Valenciennes, tu reprends le championnat de Ligue 2, pour finir septième. Finir septième, n’est-il pas décevant pour un club qui ambitionne de monter en Ligue 1 ?
Il y a forcément une amertume. Nous sommes déçus de ne pas avoir fini le championnat, il manquait 10 matchs à jouer. Forcément avec ces 10 matchs, on aurait pu finir plus haut au classement. Mais une décision a était prise. Elle est ce qu’elle est, on la respecte. Maintenant il faut repartir de l’avant et Inch’Allah on finira plus haut la saison prochaine, avec pourquoi pas une accession.
Ironie du sort, pour le dernier match, vous jouez contre ton ancien club Grenoble, comment se sont passées les retrouvailles ?
Cela s’est très bien passé puisqu’on a gagné 3-1 (rire). Au-delà de cela, en tant que capitaine, j’ai quitté le club en très bon terme, aussi bien avec les joueurs, la direction que les supporters. Donc tout s’est bien passé. D’ailleurs en fin de match, j’ai eu une petite ovation de la part des supporters grenoblois, les Red Kaos.
Tu as joué à Grenoble, Toulouse, Nîmes, Cannes lequel de ses clubs que tu gardes au fond de ton cœur, en te disant j’y reviendrai jouer?
C’est très difficile à répondre à cette question. À Grenoble, j’ai participé à 2 montées. À Toulouse, j’ai signé mon premier contrat pro. À Cannes, c’est le club où j’ai commencé ma formation. C’est compliqué de choisir un club. Par contre, je ne suis pas un nostalgique qui regarde en arrière. Je pense plus à ma carrière en allant de l’avant.
Lors de notre dernier entretien, tu nous avais dit quand tu ambitionnes de jouer à l’étranger. As-tu eu des contacts avec des clubs étrangers ?
Mon ambition n’a pas changé. J’aimerais toujours jouer à l’étranger. À cause de quelques complications avec mon entourage et mon agent, je n’ai pas eu l’occasion d’avoir cette possibilité. Donc aujourd’hui, je n’ai pas de contacts. Mais, Oui, je suis toujours attiré par les championnats étrangers.
Quels sont les championnats qui t’attirent le plus ?
Il y a plusieurs championnats dont celui de Belgique. Mais les deux qui m’attirent le plus ce sont ceux d’Angleterre et d’Allemagne.
Tu es sous contrat jusqu’en juillet 2022 avec ton club de Valenciennes, comment vois-tu la suite ?
Je suis un joueur ambitieux, j’aimerais jouer au plus haut niveau. Dans un premier temps cela veut dire qu’il faut jouer en Ligue 1. Pour l’instant je suis à Valenciennes, la direction est en train de monter une équipe compétitive. On va voir où cela va nous amener, j’espère la montée. Je vais me donner les moyens, comme la saison passée, d’effectuer une belle saison. Mon but final est de jouer en Ligue 1, avec mon club ou un autre.
Le RC Lens vient de rejoindre le club de Lille en Ligue 1. C’est le deuxième club du Nord qui jouera à la plus haute marche du championnat français. Ce sont vos voisins, est-ce que il n’y a pas de jalousie à Valenciennes de les voir jouer en L1, Alors que VA est encore en L2 ?
C’est clair que lorsque nous les voyons en Ligue 1, nous avons envie de les rejoindre. De la jalousie non, sûrement de l’envie. Nous allons nous donner les moyens de les rejoindre. Valenciennes a la possibilité de monter en Ligue 1 cette année. Si ce n’est pas cette année, sur les 2 ou 3 prochaines saisons, nous pouvons rejoindre l’élite.
Un autre club nordiste, l’USL Dunkerque, vient de monter en L2. Les connais-tu ? Qu’en penses-tu du futur derby ?
On a pu les affrontées en match amical, c’est une bonne équipe qui tient bien le ballon après très difficile de juger sur un match de préparation.
Pour franchir ce cap, la direction de Valenciennes a recruté la saison passée, un coach que tu connais bien, en la personne d’Olivier Guégan.
C’est un coach que je connais bien puisque il m’a entraîné deux ans à Grenoble. On a réussi 2 montées avec lui. Cela fait quelques temps qu’on travaille ensemble. Je connais bien sa façon de travailler. Je pense que c’est la même chose pour lui. C’est une relation à double sens. Il sait que je suis un soldat, il peut compter sur moi. Il sait aussi que je transmets bien ses valeurs. On en sort gagnant tous les deux.
Quelle est sa façon de travailler ? Quelle stratégie de jeu prône-t-il ?
Olivier se dirige vers un bloc défensif solide. Il dit souvent, et il n’a pas tort, que ce sont régulièrement les équipes qui ont les meilleurs défenses qui sont en haut du tableau. Mais c’est aussi un coach qui aime bien la maîtrise technique, qui aime bien qu’on garde le ballon. C’est pour cela, que cette année, nous avons recruté des joueurs de ce profil. Nous avons recruté des joueurs capables de garder le ballon et de produire du jeu. Valenciennes est avant tout un bloc défensif, d’ailleurs la saison passée, nous avons fini meilleure défense du championnat.
Valenciennes ne sera pas la seule équipe à vouloir monter en L1. La L2 sera relevée cette année. Qu’elles seront pour toi les équipes favorites pour la montée ?
C’est vrai que cette année le championnat de Ligue 2 sera beaucoup plus relevé. Beaucoup d’équipes peuvent prétendre à la montée, je pense à Guingamp, Auxerre, Troyes, Clermont ou encore Ajaccio.
Début du mois de juillet, vous avez repris les entraînements, après pratiquement quatre mois d’arrêt. Comment s’est passée la reprise ?
Pendant la première partie environ une semaine et demi cela s’est très bien passé. Puis j’ai contracté le virus COVID-19. J’ai eu quatre jours très compliqués où j’étais vraiment très fatigué. J’ai été reconfiné pendant deux semaines. J’ai repris tranquillement les entraînements que la semaine dernière (NDLR : dernière semaine du mois de juillet). Le mercredi 29 juillet, j’ai joué mon premier match amical (victoire 4-0 contre Villefranche). Ce match a été très compliqué pour moi. Pendant les 15 jours où j’ai été confiné, je n’ai rien pu faire, même pas courir. Le virus m’a beaucoup affaibli. Au final, je m’en sors bien et j’ai beaucoup de plaisir à reprendre avec mon équipe.
Depuis ta reprise, tu as joué que deux matchs amicaux. Comment cela s’est passé dans le jeu ?
Lors de ces deux matchs, j’ai joué à chaque fois une mi-temps. Une reprise en douceur. Même si physiquement j’étais diminué, pas au mieux de ma forme, après seulement une semaine d’entraînement, dans le jeu, cela s’est bien passé.
Un Marseillais qui se retrouve à jouer à Valenciennes, cela fait bizarre. Tu ne trouves pas ?
(Rires) effectivement pour les supporters, au début, je pense qu’ils ont trouvé cela un peu déroutant parce qu’il y a encore de la rivalité entre les deux clubs. Mais j’ai prouvé sur le terrain et on est vite passé à autre chose.
On parle encore de l’affaire VA-O.M. ?
L’affaire n’est pas oubliée, on en parle toujours. Souvent les gens traitent les marseillais de tricheur, qu’on achète les matchs ou d’autres noms peu reluisants. Je leur rétorque que Marseille est le meilleur club français, que Marseille est le seul club français qui a remporté la ligue des champions. Les discussions finissent souvent à cette affaire de VA–O.M.
Revenons à l’Algérie, tu nous avais dit que tu aimerais visiter le pays, est-ce que tu en as eu l’occasion (NDLR: la mère de Maxime Spano-Rahou est originaire de Tlemcen)?
À cause de la pandémie du coronavirus, tout est bloqué. Comme beaucoup de monde, j’ai été confiné. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion.
Tu as eu ton passeport en 2013, comme toi Andy Delort et Alexandre Oukidja ont fait les mêmes démarches. En parlez-vous entre-vous de vos motivations ?
Même si on discute de temps en temps sur le groupe WhatsApp, je n’ai malheureusement passé qu’une semaine avec eux. Je suis encore tout nouveau avec eux. Je ne les connais pas encore assez. Donc on n’en a pas encore parlé.
Merci Maxime pour ta disponibilité. Un dernier mot pour les supporters.
Avant tout, j’espère que tout le monde va bien, que tout le monde prend soin de faire attention à ce virus. Il faut faire attention parce que la propagation n’est pas terminée. Je leur souhaite aussi une bonne fête de l’Aïd (interview faite au lendemain de la fête de l’Aid El Adheha), Aidkoum Moubarek à tous. Surtout protégez-vous, protéger vos parents et vos familles.
Fateh Le Coach, pour La Gazette du Fennec