Dans un entretien pour Nice Matin, Youcef Atal et Hicham Boudaoui sont revenus sur leur complicité depuis leurs débuts au Paradou, leurs arrivées en France ainsi que leurs débuts au sein de l’OGC Nice. Morceaux choisis.
Actuellement en stage à Divonne-les-Bains après avoir affronté l’Olympique Lyonnais (défaite 1-0), Youcef Atal et Hicham Boudaoui sont en pleine préparation pour la saison prochaine. Les deux jeunes champions d’Afrique sortent d’une année assez différente. Blessé durant quatre mois, Youcef Atal n’a plus joué de matchs officiels depuis décembre 2019 (victoire 4-1 face à Metz). Tandis qu’Hicham Boudaoui commençait tout juste à prendre ses marques en Ligue 1 avant l’arrêt des compétitions.
L’Académie du Paradou
“On était comme des frères au Paradou, déjà. À l’académie, les grands ont chacun leur petit. Moi, c’était Hicham”
Issu du Paradou AC, les deux jeunes sont tout d’abord revenus sur leurs débuts pas toujours faciles en Algérie : “On a beaucoup travaillé pour en arriver là […]. On avait très peu de moyens. Mais dans la vie quand tu as des convictions, c’est plus facile” commença Youcef Atal avant que son compère de toujours ne rajoute : “C’est à sept ans que je me suis dit que c’était possible. Avant, c’était un rêve. J’ai bossé très dur pour en arriver là […]. J’ai fait ce sacrifice car l’académie est à 1000 kilomètres de chez moi. J’ai été repéré après une détection. Je suis resté deux mois à l’Académie avant le stage final. Sur les 511 joueurs retenus, ils n’en ont gardé que 21”.
Les deux acolytes de l’OGC Nice rappellent qu’ils étaient déjà très complices au sein de l’Académie JMG : “On était comme des frères au Paradou, déjà. À l’académie, les grands ont chacun leur petit. Moi, c’était Hicham” affirma Atal. Une relation qui a fortement aidé Boudaoui a mieux s’intégrer au sein du club azuréen.
Un nouvel environnement, une nouvelle vie
“Dans mon quartier, je ne peux plus me balader tranquillement. On ne va pas se plaindre, c’était notre rêve d’enfance”
Arrivé à l’OGC Nice avec un an d’intervalle, Youcef Atal et Hicham Boudaoui ont découvert un tout autre monde, l’arrière droit algérien a confirmé la difficulté de ce changement de vie : “C’est dur de tout laisser. Je ne parlais pas bien la langue mais je n’ai jamais eu peur de me lancer en français. Ma famille me manquait beaucoup. Au début, en Belgique, je ne jouais pas beaucoup […]. Ensuite, si le gars de Nice (Serge Recordier, ndlr) ne vient pas voir un match de Courtrai, je ne viens pas à Nice. Bon j’ai appris plus tard qu’il n’était pas venu pour moi (rires)”.
Hicham Boudaoui, quant à lui, a débarqué en France auréolé d’un titre de champion d’Afrique. Le Fennec a signé en faveur des Aiglons pour la coquette somme de quatre millions d’euros. Pour lui, la présence d’Atal l’a beaucoup aidé : “Pour nous, il y a tout qui change : la langue, la culture, la nourriture. J’ai eu la chance d’avoir Youcef à mes côtés à Nice. C’est un grand frère, un guide. On est très fiers d’être deux joueurs formés au Paradou à Nice, en Europe […]. Le destin nous lie. On n’a pas envie de se quitter”. Très proches, les deux joueurs habitent actuellement sous le même toit et s’entraident dans les coups durs, comme lors de la blessure de Youcef : “Je n’avais jamais été blessé aussi gravement. Quatre mois de convalescence, le confinement… Mais ça m’a fait grandir. Tu apprends toujours dans les moments comme ça. J’avais Hicham à mes côtés. C’est un bout de ma famille”.
Les vingtenaires sont également revenus sur le fabuleux sacre de la CAN 2019 en Egypte. Un sacre qui a littéralement changé leurs vies, surtout en Algérie : “Quand je rentre chez moi, je ne peux plus manger dans un restaurant. Si on me reconnaît, je vais rester deux heures de suite dans la rue à signer des autographes et faire des selfies. Je suis obligé de sortir caché, avec des lunettes et une casquette. En Algérie, tout le monde a regardé la CAN. C’était la folie. On a mis sept heures pour un trajet de sept minutes en temps normal. On voyait des mères de famille avec leur bébé dans les bras au milieu de la foule. Un truc de fou, ça faisait 29 ans que le pays attendait ce moment” s’exclama Atal. Hicham Boudaoui est tout aussi célèbre auprès des siens, à Béchar : “C’est vrai que dans mon quartier, je ne peux plus me balader tranquillement. On ne va pas se plaindre, c’était notre rêve d’enfance. On est touché de toutes ces marques d’attention” ajouta le milieu de terrain, et Youcef Atal conclut: “Mais il faut savoir gérer tout ça, bien s’entourer”.
L’OGC Nice, terre d’accueil
“Je ne pensais pas jouer autant après aussi peu de temps à Nice. Je n’avais jamais évoluer ailier droit”
Très appréciés par les supporters niçois, les deux Fennecs ont également rendu un bel hommage au public azuréen.” Ils sont chauds ! Jouer à l’Allianz Riviera c’est magnifique” dira Youcef Atal. “J’ai été élu meilleur espoir, quelle fierté! Je suis venu pour travailler. Je ne pensais pas jouer autant après aussi peu de temps à Nice. Je n’avais jamais évoluer ailier droit” poursuivra Boudaoui.
Les champions d’Afrique ne sont pas non plus avares en bons moments passés avec le Gym : “Ma première entrée (août 2018, ndlr), j’avais trop faim. Je me devais de tout donner pour gagner ma place dans le onze. Le triplé contre Guingamp, avec ma volée du gauche, c’était bien aussi, comme mon match au Parc des Princes” se souvient Atal. Hicham Boudaoui se rappelle d’un match précis. “Pour moi, c’est notre victoire à l’Allianz contre Lyon, avec ma passe décisive pour Kasper Dolberg”. Enfin, questionnés sur leurs idoles et leurs clubs de rêves, les deux DZ ont eu des réponses bien différentes, “Ronaldinho” pour Atal, “Eto’o, Pogba” pour Boudaoui, “Real Madrid, Liverpool” pour l’ancien joueur de Courtrai et “Barcelone, Juventus Turin” pour le natif de Béchar. En espérant qu’ils atteignent les mêmes sommets que leurs idoles et intègrent, un jour, leurs clubs de rêves.