Scandale/Ligue 2 “espoirs” : Ça combine, on ne pipe pas mot!

Les sommes sont astronomiques et le mal de plus en plus endémique. Le football algérien semble être un terrain propice aux pratiques frauduleuses. Nasreddine Baghdadi, qui connaît bien les coulisses des rencontres et les arcanes sombres de la balle ronde algérienne étant un commissaire de matchs, avait, au mois de mai dernier, évoqué des arrangements au niveau du championnat d’Algérie « espoirs ». Mais on peut affirmer que le phénomène concerne les paliers seniors. La mafia des paris a trouvé en l’Algérie une poule aux œufs d’or face à des instances qui laissent les choses gangréner. Sans broncher. Détails.

Avant c’était en dinars.  Désormais, c’est en devises que se font les arrangements. Et le gain est plus conséquent avec des chiffres qui font saliver les « magouilleurs » et délayer les langues de ceux qui ne peuvent pas taper dans la gamelle.

Des 9-0 et et 2-10, des scores qui devraient interpeller 

Selon nos informations, le football algérien est infesté par des pratiques obscures. Notamment du côté de l’Ouest du pays en seconde division “seniors” et “espoirs” où les anomalies sont nombreuses mais échappent étrangement à toutes suspicion des responsables.

Dans les pays qui se respectent, toute rencontre présentant un score ou scénario étrange (on parle tout de même de victoires de 9-0 et de 10-2 à l’extérieur chez les U21) est automatiquement passée au crible. Mais ce n’est pas le cas en Algérie. Et parfois, même quand il y a des preuves évidentes et patentes, le dossier est classé sans suite et les suspects s’en sortent sans être punis.

On se rappelle tous de cette rencontre entre le CRB Aïn Fakroun et l’AS Khroub en fin de saison 2015-2016. Il y avait des images télé et des joueurs qui se tenaient debout comme des plots. Le laxisme était manifeste. Mais les mesures décidées après cette mascarade n’étaient ni dissuasives ni coercitives.

Piper les dés, c’est  à boire et à manger et au diable la montée!

Aussi, on peut assurer que certains clubs de D2 ne veulent même pas accéder à la Ligue 1 Mobilis car leurs présidents ont trouvé leur « bonheur » dans le palier inférieur, loin des lumières, pour s’adonner à leur activité de trabendistes à grande échelle et dont les enjeux sont transfrontaliers. A ce sujet, des sources nous assurent que des présidents empochent 6 millions de dinars chaque week-end contre leur complicité pour truquer le résultat d’une partie.

Et on ne parle pas là d’un score final. Il s’agit plus des physionomies des rencontres avec -souvent- des mises sur les résultats à la mi-temps ou le nombre de buts qui seront inscrits. Cela donne plus de marge pour satisfaire la mafia tentaculaire des paris. Pour ce qui est de l’Est du pays, ce sont les managers qui font office de relais.

En parallèle, chez les seniors, on voit bien qu’il n’y a pas souvent de grèves des joueurs car tout le monde trouve son compte en levant le pied. Et le malheur c’est que les jeunes catégories se retrouvent mêlées à ce jeu dangereux qui n’a aucun lien avec les valeurs et l’éthique que le sport est censé inculquer à ses pratiquants.

Les révélations vraies de Baghdadi

A ce propos, Nasreddine Baghdadi, Commissaire de match, assurait en mai dernier que « depuis 4 ans, je constate des anomalies et je suis les choses. Lors de la saison 2018-2019, j’ai même déposé un dossier sur le bureau d’un procureur à Bir Mourad Raïs. Et il a fini dans un tiroir. J’avais attiré l’attention et j’ai parlé récemment avec Bouzenad (SG de la FAF). Et il m’a assuré que la FAF est en train de réaliser une enquête approfondie ».

L’ancien vice-président de la FAF a aussi lancé un « appel à la Fédération algérienne de football, au Ministère de la Jeunesse et des Sports, à la Présidence et aux procureurs concernés. Sachez qu’aujourd’hui, des matchs du championnat d’Algérie espoirs sont arrangés. Il y a le pari sportif international. Il y a même des journalistes bandits”.

L’ancien dirigeant au RC Arbâa et l’USM El-Harrach révèle, à ceux qui ne le savent pas, qu’« il y a une mafia des pays de l’Est (Europe et Asie). Une autre en France. Ils sont très actifs dans les relais des paris à l’international. Ces gens misent sur nos enfants (joueurs). Ils demandent des scores de 4-0 et 5-0 et mise sur ça. Des sommes de 50 000, 80 000, 100 000 euros. Tout cela avec la complicité des entraîneurs, présidents de clubs algériens ».

Des ratios buts anormaux

Et on peut vous dire que ce constat est vrai. En effet, dans certaines journées, on dépasse la barre de 40 buts dans les 8 matchs confondus. On parle tout de même d’une moyenne de 5 buts/match. Ce qui est énorme. On est plus proche d’un « average » d’un match gala qu’une compétition officielle. Dans le groupe Centre-Est “espoirs”, il y a eu un total de 809 réalisations avec une moyenne intrigante de 3.37 but/match.

Pour le Centre-Ouest, les filets ont tremblé à 737 reprises avec une cadence de 3.07/rencontre. Le ratio n’est clairement pas normal. « La justice doit déclencher une enquête. Il s’agit du devenir de nos enfants. Un président de club et un voyou qui soudoient des enfants. On parle de président de clubs à l’agonie qui possèdent 4 téléphones dernier cri. Il fait quoi avec quatre lignes ? Tout ça doit s’arrêter. La commission d’éthique de la FAF sert à quoi ? Que fait Zouaoui ? Il n’attend que son salaire. Oui on parle de score de 7-0 et 8-0 », préconise Baghdadi.

Perméabilité et laxisme

Il faut savoir qu’aujourd’hui, le score technique n’est pas le moyen le plus “safe” pour placer l’argent. A partir de là, les parieurs, dont certains comptent sur des tuyaux pour miser, s’orientent vers le nombre de buts qui peuvent être marqués dans un match. Et cela peut facilement être orchestré par les mafieux du domaine. De la sorte, les deux équipes peuvent tirer profit de la magouille. Indices: les équipes suspectes s’habillent en rouge et blanc et blanc et bleu (on ne vous en dira pas plus mais il suffit de faire un tour sur le site de la lnfa.dz pour constater cette activité paranormale).

Tout cela se passe alors que les responsables de notre balle ronde ne bronchent pas. Et l’on s’étonne de la précarité et du voyoutisme qui règnent désormais dans le circuit footballistique Dz. Les autorités doivent réagir face à ce phénomène dangereux. Cela relève même de la souveraineté nationale car des étrangers tirent les ficelles dans un jeu qui mélange l’argent sale et celui du denier public.