Youcef Belaïli est un footballeur autant fantastique que fantasque. Et ça, Patrice Beaumelle, son ancien entraîneur au MC Alger, l’a parfaitement compris. Cela lui a permis de tirer la quintessence footballistique de son maître à jouer. Le technicien français est revenu, dans une interview accordée à nos confrères de So Foot, sur la méthode à suivre pour coacher Belaïli et ses semblables. Extraits.
Le passage de Belaïli au Mouloudia était très court puisqu’il n’est resté qu’une seul saison au Doyen. Cependant, il a eu le temps de marquer les esprits et participer activement au huitième sacre de champion d’Algérie, après 14 ans d’attente, des Vert et Rouge grâce à ses 14 buts et 12 passes décisives en 21 matchs de Ligue 1 Mobilis.
Management et aménagement spéciaux pour Belaïli
L’instabilité de Belaïli est reflétée par cette envie soudaine de plier bagages et repartir vers l’Espérance de Tunis au terme du défunt exercice malgré un trophée de champion et une finale de Coupe d’Algérie perdue contre le CR Belouizdad. D’ailleurs, avec son départ, Beaumelle a perdu un élément important dans son échiquier. En effet, les deux hommes entretenaient une relation professionnelle très fusionnelle.
« Il faut aménager certaines choses pour le mettre dans les meilleures conditions. On a eu ce discours. Je lui ai dit “on va aménager quelque chose pour toi. Mais il faut que tu le mérites”. Et sincèrement, la saison dernière, il finit co-meilleur buteur et meilleur passeur. Il a été en équipe nationale (CAN 2023, NDLR) et je pense qu’aujourd’hui, c’est ce qui lui a permis aussi de retrouver le très haut niveau avec l’Espérance de Tunis. Il est – à nouveau – en équipe nationale. C’est des exemples qui montrent qu’il faut pouvoir s’adapter aussi aux joueurs. Ce n’est pas qu’aux joueurs de s’adapter à l’entraîneur », explique l’ex-driver des Algérois.
Pour lui, Belaïli est « un joueur qui gagne à être connu. En tout cas, en tant qu’entraîneur, c’est un joueur qui me fascine. Je n’ai jamais eu de problème avec lui. Dans la mesure où il faut aussi comprendre le joueur et rentrer dans son cerveau. Je pense qu’on ne coache pas tous les joueurs de la même manière. Je pense que Ronaldinho, on ne le coache pas de la même façon. Certains joueurs, les Neymar, on ne les coache pas de la même façon. Et encore une fois, je pense que nous les coachs, on doit pouvoir aménager quelque chose pour que les joueurs qui vont faire la différence soient dans les meilleures conditions. »
« S’il ne se régale plus… »
En outre, il explique que « ça était le deal avec Youcef. Je lui ai envoyé un message pour l’Aïd. Je lui ai tout simplement dit qu’il me manquait parce que c’est un joueur qui m’a marqué à vie. C’est un joueur très attachant. C’est un joueur qui a un football fait d’instinct et de duels. Fait de challenges. C’est un gagneur et il aime le foot. Et lui mettre trop de contraintes fait qu’il ne se régale plus. Et s’il ne se régale plus, il ne peut pas être lui-même. »
Aujourd’hui, l’Oranais s’amuse bien avec les Espérantistes (15 buts et 13 passes décisives en 28 apparitions) où il a retrouvé le soutien et l’environnement adéquat pour qu’il puisse s’exprimer. Cela se voit dans ses performances qui lui ont – il faut le rappeler – permis de revenir en sélection après un an d’absence. Vladimir Petkovic a décidé de le retenir – pour la première fois depuis sa venue sur le banc – à l’occaison du rassemblement de mars. Belaïli n’a eu que quelques minutes à se mettre sous la dent face au Botswana et le Mozambique. Désormais, il faudra voir si le successeur de Djamel Belmadi cernera (ou prendra le temps de cerner) le personnage comme l’a fait Beaumelle.