Sur papier, l’équipe nationale à une composante humaine très intéressante. Mais les individualités présentes sur la pelouse ne garantissent pas forcément une production collective de qualité. Cela a été constatable mardi contre la Tunisie (1-1) en amicale mais aussi dans d’autres rencontres dans le passé récent.
Sur le plan tactique, Djamel Belmadi présente comme une forme de rigidité. Quand il n’aligne pas le 4-3-3 avec sentinelle qui lui a permis de remporter la CAN-2019 et auquel il reste particulièrement attaché, le sélectionneur joue avec deux récupérateurs comme c’est le cas lors de certaines des dernières dates FIFA.
Et c’est pour le plan avec deux récupérateurs qu’il a décidé d’opter face à la Tunisie et auparavant contre le Niger. Cette fois, il a confié ce rôle à Ramiz Zerrouki et Nabil Bentaleb après avoir utilisé Hicham Boudaoui et Bentaleb dans ce rôle. Ce choix n’a clairement pas donné satisfaction. Et ce n’était pas la seule déception parce que Saïd Benrahma, utilisé à la place de Youcef Belaïli, n’a pas franchement convaincu ainsi qu’Ahmed Touba sur le côté gauche de la défense. Quand le cœur du jeu est défaillant, c’est toute le bloc qui en souffre.
Bon en club – mauvais en sélection : nécessité de remise en question
Les Verts qui n’ont pas été au niveau ont pourtant un potentiel certain. Et on le voit avec leurs clubs à l’image de Benrahma avec West Ham United et Boudaoui avec l’OGC Nice sans oublier Zerrouki avec le FC Twente. D’ailleurs, Belmadi avait relevé, en conférence de presse d’avant-stage, que « comme Benrahma, Boudaoui n’a pas montré le même niveau en club et en sélection. Benrahma a les qualités pour être un joueur important de la sélection, mais je ne peux pas faire mieux. On l’utilise là où il doit jouer, et je suis d’accord avec David Moyes dans la façon de l’utiliser ».
Est-ce que Benrahma est vraiment mis dans les mêmes circonstances qu’avec les Hammers ? on ne le croit pas non. Et puis, concrètement, il ne s’agit pas vraiment de transposer les mises en place mais de savoir utiliser un élément sans dénaturer son jeu. L’idée est de faire en sorte de trouver une animation dans laquelle toutes les qualités se rejoignent. Surtout que cela ne concerne pas un seul joueur chez les Verts.
Si Benrahma « n’est pas le premier » c’est qu’il y a un problème
« Nous sommes d’accord pour dire que Benrahma n’a pas encore performé ou montré toutes ses qualités. Plusieurs explications à ça, et notamment le fait que ça n’est pas le premier », avait indiqué le driver de l’EN. S’ils sont plus de deux ou trois à balbutier leur football et donner l’impression qu’il jouent à contre-nature, c’est qu’il y a un problème dans l’utilisation. Belmadi en est-il conscient ? C’est la question qui se pose.
On a clairement l’impression que le successeur de Rabah Madjer veut, coûte que coûte, que Zerrouki soit le nouveau Guedioura et Benrahma la doublure carbone de Belaïli. Dans ce cas, le profiling est mauvais. Et cela empêchera El-Khadra de tirer la quintessence des forces en présence indubitablement qualitatives.
Autrement, la faillite individuelle peut aussi être imputée au chef de la barre technique car les différents profils devraient décupler les solutions et offrir une flexibilité tactique que Belmadi a du mal à mettre en valeur. A vrai dire, l’immobilisme n’est pas gage d’automatismes car l’intuition et l’instinct peuvent mettre en péril les dispositifs les plus “infaillibles”.