Coach Vahid a encore et toujours des regrets au sujet du match épique contre l’Allemagne en huitième de finale du Mondial 2014 au Brésil. Pour la seconde partie de l’entretien exclusif accordé à So Foot, l’ancien sélectionneur des Verts est revenu en détail sur les circonstances de ce match et le retour mémorable à Alger après la Coupe du Monde. Quelques extraits succulents.
Sur son arrivée en Algérie
J’ai encore régulièrement des appels. Mon plus grand problème c’est que partout où je suis passé, j’ai eu des bons résultats, même si on râle après moi. Je fais abstraction, mais ça ne me donne pas envie. Quand j’arrive en Algérie, ils viennent de perdre un match 4-0 contre le Maroc, c’est une honte nationale. 3 ans après, tout le monde a dit qu’on aurait mérité de battre le futur champion du monde 2014. Préparer un match comme ça, tactiquement… ça, je pourrais écrire un livre là-dessus. Le rôle de chaque joueur était planifié, avec sa mission bien précise.
Sur le match contre l’Allemagne
Il y a pas mal de choses quand même (il se marre). Le retour à Alger, après la Coupe du monde, c’était fou ! Chaque jour, j’ai 5 à 10 appels de l’Algérie, pour me remercier, me demander pourquoi je suis parti. Ça n’a pas été facile du tout de mettre ce projet en place, mais après, quel bonheur ! L’intérêt autour de l’Algérie était incroyable, mais il fallait gagner. Mais même après la défaite contre l’Allemagne, les gens étaient contents, la manière leur a plu. Ça n’arrive pas comme ça. C’est le fruit de trois ans de boulot pour arriver à ce match. Mais sur ce seul match, je suis intarissable. L’aspect psychologique, mental… C’est une équipe avec laquelle j’aurais pu battre n’importe qui. En première mi-temps contre l’Allemagne, on a 4 occasions immanquables. Les Allemands paniquaient, ils ont perdu confiance. On pouvait conserver le ballon mais on avait aussi les joueurs pour accélérer, et ça c’était dangereux. On avait tout sur ce match, sauf l’efficacité. Une fois, on a essayé de me le remontrer, mais j’ai dû arrêter au bout de 20 minutes parce que j’étais tellement énervé qu’on puisse rater d’aussi bonnes occasions… On a payé un manque d’expérience, ils se sont précipités, ils étaient presque étonnés de dominer. Quand tu arrives en Coupe du monde devant Manuel Neuer, et que tu t’appelles Slimani, que tu as joué au CR Bélouizdad, un petit club de la campagne algérienne, forcément, tu manques d’expérience. Mais je l’ai déjà dit et je le redis : on a failli jouer avec l’Algérie une finale de la Coupe du monde, parce que si on battait l’Allemagne, on allait en finale, je le sais, j’en suis persuadé. Parce que j’y ai bien réfléchi, ça s’est joué sur deux choses. J’ai vu les joueurs d’Allemagne paniquer. L’équipe qui a battu le Brésil 7-1 a paniqué contre l’Algérie, je le dis franchement. Ça, c’est la Coupe du monde, ce petit tournoi peut prendre une tournure inattendue.
Sur la découverte de joueurs inconnus comme Slimani au Japon
C’est un gros problème ici. On ne fait pas trop confiance aux jeunes. Les trois meilleurs joueurs au Japon sont encore des garçons qui ont 37/38 ans. Si le joueur est une star de l’équipe et veut jouer jusqu’à 50 ans, il va jouer, il est intouchable, ils sont très respectueux. Quand tu deviens sélectionneur d’un pays, il faut connaitre ça, il faut entrer dans la psychologie de ce pays, et après tu te fais ton opinion. Même si tu n’es pas forcément d’accord, tu ne peux pas la changer.
Sur les rapports avec les supporters
Quand tu es sélectionneur, tu es un peu diplomate, un peu politicien, tu représentes un pays. Et tout le monde est attaché à l’équipe nationale, surtout en football. Quand tu rentres de Coupe du monde, la manière dont les gens nous ont fêtés à Alger, ça n’a pas de prix. Même des millions ne peuvent pas acheter ça. Je suis un peu idéaliste, et la plus grande récompense pour un entraineur c’est la ferveur que peuvent te communiquer les gens dans la rue par exemple, comme ici au Japon. En Côte d’Ivoire, c’était pareil. Tu ne peux pas tricher avec les gens, avec les supporters, ils le ressentent, même si parfois ils sont agressifs. Tu peux tricher avec les journalistes, tes dirigeants, mais pas avec les supporters. Quand tu es sélectionneur, c’est une fierté, un honneur mais une responsabilité énorme.
Les larmes de Feghouli et Halilhodzic après Allemagne-Algérie
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