C’est une véritable bourde que la fédération internationale de boxe a commis. À quelques jours de sa Box Cup d’Eindhoven, la fédération World Boxing, jeune et en quête de reconnaissance, a trébuché lourdement sur un sujet ultrasensible de par les anciennes polémiques qu’il a suscitées. Et ce faux pas, aussi maladroit que préjudiciable, a ravivé une polémique que l’on croyait pourtant éteinte : celle sur l’identité de genre d’Imane Khelif, championne algérienne respectée et symbole de fierté nationale.
Tout est parti d’un communiqué de World Boxing annonçant la mise en place de tests de vérification de genre pour les athlètes majeurs souhaitant participer à ses compétitions. Jusque-là, le sujet — bien que délicat — aurait pu rester général. Mais l’organisation a choisi de mentionner explicitement Imane Khelif, médaillée d’or des JO Parisiens de 2024 et championne née de la boxe mondiale. Une baffe incompréhensible, une faute professionnelle, humaine et éthique puisqu’il s’agit de divulgation de données personnelles et une démarche douteuse visant uniquement la boxeuse algérienne.
Dans le monde du sport, il y a des règles, mais il y a surtout des vies. Et cette fois, l’instance internationale n’a pas seulement froissé la Fédération algérienne, elle a blessé une athlète. En s’attaquant à l’intimité d’Imane Khelif, World Boxing a ouvert la porte à tous les jugements, toutes les attaques gratuites, réveillant les pires instincts de ceux qui n’attendaient que cela pour cracher à nouveau leur fiel.
Quand une fédération boxe en dessous de la ceinture : la haine relancée, les rumeurs ressuscitées
Les détracteurs de la championne algérienne, bien connus pour leur obsession malsaine à remettre en cause sa féminité, se sont rués sur cette erreur comme des charognards sur une proie. L’occasion était trop belle. Certains médias, notamment étrangers, n’ont pas tardé à ressortir de vieux dossiers, parfois poussiéreux, souvent douteux, pour relancer une polémique déjà réglée. Les réseaux sociaux ont suivi, entre insinuations, sarcasmes et attaques infondées.
Ce n’est pas simplement une tempête médiatique que subit Imane Khelif. C’est une tentative de démolition, orchestrée par ceux qui ne supportent pas qu’une femme, forte, déterminée et brillante, puisse briller sur les rings du monde entier.
Le mea culpa d’une fédération qui a allumé à nouveau l’étincelle
Face à l’ampleur de la controverse, Boris van der Vorst, président de World Boxing, a tenté de se rattraper. Dans une lettre adressée à la Fédération algérienne, il a présenté ses excuses personnelles et officielles : « Je vous écris personnellement pour présenter des excuses officielles et sincères à cet égard et reconnaître que la vie privée de Mlle Imane Khelif aurait dû être protégée », a-t-il dit.
Un geste fort, certes, mais qui arrive après un évitable et inexplicable coup en dessous de la ceinture. Car entre la gêne diplomatique et le coup porté à une athlète, il y a des cicatrices qui ne partent pas avec une simple lettre.
Imane Khelif : une championne toujours debout
Préparant activement la Coupe d’Eindhoven, Imane Khelif a finalement choisi de se retirer. Une décision prise au terme de longues semaines de préparation. Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette pause n’est pas une reddition. C’est le silence d’une tempête intérieure. L’attente d’un retour encore plus fort. Parce que si Imane Khelif a l’habitude des combats sur le ring, c’est en dehors qu’elle mène les plus rudes. Et elle les gagne. Encore. Toujours.
Un avertissement pour l’avenir
Cette erreur de World Boxing est un rappel que derrière les règlements et les protocoles, il y a des êtres humains. Et que l’on ne construit pas une fédération en sacrifiant ceux qui l’ont portée, soutenue, et honorée. L’Algérie, l’un des premiers pays à reconnaître cette instance face à l’IBF, doit être respectée davantage. Et Imane Khelif, surtout, méritait d’être protégée, pas livrée aux fauves.
Il appartient à tous les acteurs du sport, dirigeants, journalistes, supporters, de ne pas devenir complices du lynchage. Imane Khelif, quoi qu’en disent ses détracteurs, reste une immense boxeuse… et une immense femme.
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