Quelques semaines après la défaite de l’Algérie face à l’Arabie Saoudite en Coupe arabe des nations U20, c’est l’occasion de revenir dans cet article sur les principaux acteurs de cette compétition. Certains joueurs ont brillé, d’autres moins. Décryptage.
Malgré le manque de cohésion et d’automatismes au sein du groupe, dus au manque de préparation, la sélection algérienne U20 s’est bonifiée au fil des matches lors de la Coupe arabe des nations U20, et a réussi à se hisser jusqu’en finale. La phase de groupes fut poussive et dans le même temps constructive. Alors que la deuxième partie de la compétition fut plus aboutie grâce à un milieu complémentaire constitué, et des individualités qui ont fait la différence, on pense notamment à Mohamed Omar Rafik. Sans oublier le portier de l’AS Saint Etienne, Nabil Ouennas, qui a arrêté deux penalties face au Maroc, entre autre.
Il est vrai qu’il y a eu plusieurs stages de prospection, ou le staff des Verts dirigé par Mohamed Lacete, a vu à l’œuvre beaucoup d’éléments mais au final il n’a eu que quatre jours pour constituer son ossature et disputer seulement deux matches amicaux. Très peu pour dégager un collectif très bien huilé, et mettre en place une tactique conquérante. Au-delà de cet aspect purement collectif, plusieurs individualités sont sortis du lot lors de la compétition, à commencer par le milieu de terrain, qui fut le point fort de cette équipe.
Yacine Titraoui (Paradou AC, 17 ans) : L’architecte
Arrivé au Caire après le deuxième match de la phase de groupe face à l’Egypte (Passage du Baccaulauréat), le milieu de terrain du Paradou AC a directement été intronisé comme titulaire face au Niger. Sans réelle préparation, le Paciste a rapidement mis tout le monde d’accord. Sa grande force réside dans sa manière à garder le ballon quand il est sous la pression d’un adversaire voir de deux ou trois. Cela aspire donc les adversaires et dégage beaucoup d’espace derrière pour permettre à ses coéquipiers d’enclencher les attaques. Cela est couplé aussi à une grande créativité et endurance dans son jeu. L’Académicien est aussi solide sur ses appuis, sa masse musculaire est remarquable à son âge. Globalement, c’est un vrai architecte sur le terrain, il a notamment beaucoup de variétés dans son jeu. A l’image de son coéquipier au club, Boulbina, il pourrait viser l’Europe dans deux ou trois ans.
Massil Adjaoudi (RC Lens, 18 ans) : L’altruiste
Passé par l’emblématique INF Clairefontaine (13-15 ans) qui a sorti des stars internationales à l’image de Thierry Henry, Nicolas Anelka ou encore Mourad Meghni, Massil Adjaoudi est l’autre nom de ce milieu de terrain algérien, avec un profil un peu plus offensif que Titraoui et Chekkal. L’enfant d’Alforville en région parisienne, a un gabarit frêle, mais une grande aisance technique. Jouant préférentiellement comme meneur de jeu, c’est à ce poste qu’il peut exprimer sa qualité de passe, son altruisme et sa vision du jeu. Son QI football élevé se ressent dans ses prises de décision. En effet, c’est ce profil qui cherche à déstabiliser constamment son adversaire avec des passes dans l’intervalle pour casser des lignes. On pense notamment à sa passe adressée à Dougui face au Maroc, alors qu’il était très excentré sur le côté droit. Son volume de jeu lui permet également d’être très disponible.
Chekkal Hadji (CS Constantine, 18 ans) : L’athlète
Alors qu’il a débuté la compétition comme remplaçant, le joueur du CS Constantine, a été titularisé pour la première fois face au Maroc en quart de finale. Ce jour-là, l’enfant de Gharaida a réalisé un gros match, en ayant notamment récupéré 12 ballons, impressionnant ! Sa grande force est sans doute son gros volume de jeu, mais il a aussi une belle palette technique. Le jeune constantinois n’hésite pas à porter le ballon vers l’avant pour amener du surnombre et offensif et permettre au bloc de son équipe de monter. Sa prestation en quart de finale s’est confirmée face à la Tunisie puis face à l’Arabie Saoudite en finale. Son endurance est couplée aussi à une agressivité dans son jeu et fait de lui un très bon box to box. Un athlète.
Mohamed Rafik Omar (Académie FAF, 17 ans) : L’insouciant
Formé à l’Académie Khemis Miliana de la FAF, le lutin algérien avait déjà disputé le tournoi de l’UNAF qui s’est déroulé en Algérie, en compagnie des Zuliani, Ouchaouche et Baghdadi. Deux matches seulement, face à la Tunisie et le Libye (1-1 et 3-2) avaient suffit pour déceler en lui un grand talent. Pouvant jouer sur les ailes ou même comme meneur de jeu/neuf et demi (aligné souvent à ce poste en coupe arabe), il a cette grosse force d’être insouciant et de chercher toujours à déstabiliser son adversaire. Un peu à l’image d’un Adam Ounas en équipe nationale A, toutes proportions gardées. Utilisé souvent comme joker de luxe, ses entrées en cours de match ont apporté beaucoup de punch à l’attaque algérienne. Habile également des deux pieds dans sa conduite de balle, son centre de gravité bas lui donne des facilités pour se faufiler dans la surface de réparation. Les Tunisiens se souviendront longtemps de son doublé d’anthologie en demi-finale (2-0).
Adil Boulbina (Paradou AC, 18 ans) : Le dribbleur fin
Tout comme son coéquipier en club, Yacine Titraoui, le Paciste est arrivé au cours de la compétions à cause de ses examens du Baccalauréat. Il a ensuite été directement titularisé face à la Tunisie en demi-finale. Droitier mais évoluant préférentiellement comme ailier gauche, c’est ce profil de joueur sur de lui qui n’hésite pas à jouer le un contre un. On sent qu’il supporte la pression et fait preuve de beaucoup de sang froid. Son intronisation a énormément apporté à l’attaque de l’équipe nationale et a permis notamment d’être tranchant dans les 20 derniers mètres. En plus de son insouciance, sa lourde frappe flottante était une arme redoutable. Il pourrait intégrer le groupe professionnel du Paradou AC dès la saison prochaine, et il a toutes les capacités pour devenir titulaire et viser dans deux ou trois ans l’Europe.
Younes Aitamer (Bayern Munich, 18 ans) : Le travailleur
Formé au grand Bayern Munich, l’ailier algérien a été l’un des artisans du parcours magnifique de l’équipe nationale U20. Positionné comme ailier droit, il a fait preuve d’une très grande activité, en hésitant pas à prendre l’espace et proposer en profondeur. Sa conduite de balle est remarquable, que ce soit du pied droit ou gauche. Il dégage également une intelligence tactique palpable et sait donner le bon tempo. Sa remontée de balle et sa passe décisive vers Dougui lors du match face au Niger, dans les dernières secondes du match avait notamment permis aux siens de valider le billet pour les quarts de finale. In extremis. Le plus, c’est qu’il peut également évoluer comme latéral droit.
Issam Bouaoune (FC Valenciennes, 18 ans) : L’élégant
Au gabarit imposant, le joueur de Valenciennes est également sorti du lot lors de la Coupe arabe des nations U20. Positionné comme meneur de jeu (Mauritanie, Niger) et attaquant de pointe (Egypte, Maroc, Tunisie, Arabie Saoudite), cet élégant joueur algérien a fait preuve d’une maîtrise technique remarquable. Bon dans la conservation et l’orientation du jeu, il a su se montrer très disponible à la pointe de l’attaque, n’hésitant pas aussi à décrocher. On relève également un très bon QI football, identifiable dans ses prises de décision. C’est lui notamment qui avait permis aux siens de remporter le premier match du tournoi face à la Mauritanie, avec un but de classe : Contrôle dans la surface de réparation puis crochet extérieur qui met dans le vend son adversaire suivi d’un tir puissant qui n’a laissé aucune chance au gardien.
Nabil Ouennas (AS Saint Etienne, 18 ans) : Le mur
On ne peut pas finir cet article sans parler du gardien de l’AS Saint Etienne, Nabil Ouennas. C’est en grande partie grâce à lui que ses camarades sont venus à bout du Maroc aux tirs aux buts (score final 1-1). Le Stéphanois avait sorti le grand jeu en arrêtant deux penalties dans la fatidique séance des tirs aux buts. En phase de groupes il a également été décisif notamment face au Niger et la Mauritanie. En finale face à l’Arabie Saoudite, c’est lui qui avait permis aux siens de rester dans le match en arrêtant un penalty alors que son équipe était menée au score. L’égalisation de Boulbina n’avait finalement pas suffi pour concéder la défaite. Au club, il a connu quelques convocations dans les 18 en fin de saison dernière, à cause de la convalescence des habituels gardiens. Avec Teddy Boulhendi (OGC Nice), qui avait un très bon tournoi de l’UNAF en Tunisie, ils pourraient petit à petit toquer aux portes de l’équipe nationale A, à condition bien sur de performer en club et être réguliers, car les places sont chères.