Les récentes performances de nos sportifs prouvent que l’Algérie ne manque pas de graines de champions. Mais les résultats pourraient être meilleurs si les fédérations sportives utilisaient les aides conséquentes de l’État à bon escient. Dans de trop nombreuses instances, les dépenses, très mal contrôlées, sont sujettes aux suspicions. D’ailleurs, il y a deux semaines, Abderrezak Sebgag, ministre de la Jeunesse et des Sports (MJS), a rappelé cette réalité. Il évoque 16 dossiers de corruption dans les différentes structures sportives du pays. Alarmant et édifiant.
Cette délinquance financière touche de nombreuses disciplines. L’exemple le plus frappant des répercussions de ce phénomène reste le handball où la décrépitude est sans précédent. En effet, la Fédération du sport à sept est sans président après que Habib Labane a fait l’objet de poursuites de la part des autorités en raison de détournement. Il serait coupable de « faux et usage de faux documents administratifs, détournement de fonds publics et abus de position ». Rien que ça. Son procès au Tribunal de Chéraga est en cours.
Des succès mais beaucoup d’échecs
Malgré cela, Sebgag se veut optimiste pour que les choses aillent mieux dans l’avenir. Le MJS a mis un directoire pour gérer les affaires courantes à la FAHB. Mais ce comité ad hoc n’a que trop durer. Désormais, il faut faire élire un nouveau président. Chose qui n’est pas vraiment évidente quand ont sait que beaucoup de patrons n’hésitent pas à taper dans la caisse. Ils s’en mettent dans les poches en détournant les aides étatiques et les revenus des sponsors privés qui ne représentent pas des bribes. Les pratiques sont bien connues : voyages en première classe, factures astronomiques d’hôtels, surfacturations de prestations, achat d’équipements fictifs etc…
Si les Autorités consacrent un sacré budget pour le Sport d’élite, certaines défaillances persistent. Illustration avec la participation catastrophique des sports collectifs aux Jeux Méditerranéens 2022 d’Oran. « Certes, il y a eu plusieurs échecs dans différentes compétitions. Pourtant, tous les moyens étaient réunis pour réaliser les meilleurs résultats possibles. C’est le raison pour laquelle on va se réunir avec les fédérations de toutes les disciplines pour faire une évaluation, avant de prendre les décisions qui s’imposent », a constaté le successeur de Sid-Ali Khaldi.
170 milliards de centimes rien qu’en 2021
Le ton monte d’une manière très sensible. Surtout quand on sait qu’en prévision de ces joutes, les Autorités ont consacré un budget faramineux. “Un montant de 660 millions DA a été transféré à ce fonds dont les revenus estimés à 440 millions DA, lors des premiers préparatifs des athlètes pour ce rendez-vous méditerranéen. Le montant est passé l’année précédente à 170 mds centimes”. Un montant loin d’être négligeable.
L’incompétence préméditée ne se résume pas à la mauvaise dépenses des allocations de l’Etat. Elle est aussi constatable dans la stratégie à se placer dans les structures confédérales. En témoigne la dernière défaite cuisante de Nouredine Fazil-Ferhat, président de la Fédération algérienne de boxe (FAB) dans la course au siège de la présidence de la Confédération africaine de boxe (CAB).
Un revers qui ne passe pas
Le revers était humiliant devant le Camerounais Bertrand Mendouga. Ce dernier a obtenu 21 voix des 40 délégués africains présents au Congrès électif tenu à Alger… au frais de l’Algérie. En effet, selon nos informations, Fazil-Ferhat avait presque garanti aux autorités qu’il devait sortir gagnant du vote si les élections se tenaient sur nos terres. Le verdict était sans appel: 11 voix d’écart avec le vainqueur et une toute petite d’avance par rapport au troisième candidat, l’Ougandais Moses Muhangi (9 voix).
Cela donne un aperçu concret sur l’apeuprisme et le manque de vision des présidents de fédérations qui parlent beaucoup trop qu’ils ne travaillent concrètement. On croit même savoir que Fazil-Ferhat pourrait sauter de son poste après ce camouflet à domicile lui qui est fortement contesté par les internationaux algériens de boxe qui réclament unanimement au MJS son départ sans condition. En tout cas, Sebgag et son équipe devraient remédier en sanctionnant tout président de Fédération qui échoue à atteindre ses objectifs quand on lui donne tous les moyens.
L’Etat doit absolument sévir !
Certes, l’immixtion de l’Etat est interdite comme le stipule la charte olympique et le règlement des différentes instances mondiales. Mais il y a des lois de prévention et lutte contre la corruption en Algérie qui permettent de geler l’activité des coupables et punir très sévèrement les tricheurs. Longtemps copain-copain avec les directeurs de cabinet des différents MJS et du COA, de nombreux présidents de fédération ont vécu avec un train de vie de nabab sans être inquiété sur leur gestion financière opaque. Mais cela commence à changer avec le temps et l’exigence de résultats.
Plus que jamais, nos sportifs doivent grandir et progresser dans un milieu qui soit le plus sain possible. De la sorte, ils peuvent bénéficier des aides nécessaires et adéquates afin de performer au plus haut niveau. Imane Khelif, Djamel Sedjati, Slimane Moula, Jaoud Syoud, Mohamed Ali Gouaned, Yasser Triki et les autres méritent d’être entourés des personnes qui les aident à aller de l’avant et concrétiser leurs ambitions. La déperdition des talents a assez duré. Il est tout simplement inconcevable que l’Algérie rentre bredouille de grandes compétitions mondiales. Le talent existe et les moyens financiers aussi.