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Tribune/Noureddine Ould Ali : Pour un football algérien uni et pacifié

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Le football algérien traverse une crise profonde, marquée par une montée alarmante des violences, dont le tragique décès de Sofiane Ramadan, supporter du Mouloudia Club d’Alger et membre des Green Corsairs, est le dernier et douloureux symbole. Ce drame, survenu à Bir El Naâm, n’est pas un accident isolé : il révèle une fracture dans notre sport national, gangréné par des discours haineux, des intérêts malveillants et un manque criant de professionnalisme. En tant qu’entraîneur ayant sillonné l’Algérie et le monde, je refuse de rester silencieux face à cette dérive. Le football, outil de joie et d’unité, doit redevenir un espace de fair-play, de respect et de fraternité.

Par Noureddine Ouldali, entraîneur algérien et sélectionneur du Yémen

Je constate que la plupart des rencontres se sont déroulées dans une ambiance respectueuse et dans un fair-play. Malheureusement ces derniers temps, une partie des pseudos analystes qui s’autoproclament défenseurs de quelques clubs, en réalité c’est un retour d’ascenseur, par un conflit d’intérêt, lancent un discours haineux, injurieux quitte à mettre en danger la vie d’autrui. C’est comme jeter quelqu’un sur la place publique pour qu’il soit achevé. Ces influenceurs occupent malheureusement une grande place dans les réseaux sociaux et possèdent des tribunes et une grande place dans l’audiovisuel et à des heures de grande écoute. Il y a des matchs qui devaient se dérouler le plus normalement du monde, la mise en danger s’est déclarée une fois que ces intrus ont voulu faire le buzz, donc, ont déclenché les discours de haine de part et d’autre.

Cette rhétorique toxique, amplifiée par des plateformes numériques et audiovisuelles, transforme des rivalités sportives en conflits personnels, voire en appels à la violence. Des matchs, qui devraient être des célébrations de la compétition, deviennent des champs de bataille médiatiques, où des individus en quête de notoriété attisent les passions pour servir leurs propres intérêts. Cette dérive est inacceptable. Elle trahit l’essence même du sport.

La violence vient des personnes ignorantes et pour la plupart du temps incultes, qui ne connaissent pas ce que c’est que le sport, ce que doit véhiculer cet outil comme le fair-play, l’amitié, le respect. Ça peut venir pour la plupart des cas, de personnes malintentionnées, qui ont forcément des intérêts personnels, ils se servent de ces braves supporters pour atteindre leur objectif. Ces supporters, animés par leur passion, sont instrumentalisés par des acteurs qui exploitent leur ferveur pour semer la discorde. La rivalité sportive doit exister mais elle doit rester dans un cadre de jeu et de compétitivité saine.

Je reviens à ces malpropres qui occupent les réseaux sociaux et autres plateaux audiovisuels qui pourrissent ce paysage footballistique.

Le problème est également structurel. Les actuels dirigeants sont pour la plupart inexpérimentés pour la gestion de nos clubs, ils sont mis devant le fait accompli, quand j’entends que ces dirigeants discutent avec des fans qui ne sont reconnus devant aucune institution, là je me pose des questions, est-ce que c’est une tentative de racket ? En fait ça doit être le rôle des instances qui gèrent notre sport, le MJS et la FAF qui doivent d’abord mettre les outils pour renforcer le professionnalisme, les institutions qui sont chargées de la sécurité doivent accompagner ce projet sportif, mais malheureusement le besoin en sécurité est devenu une priorité absolue pour le bon déroulement d’une compétition.

Dans des pays où le professionnalisme est appliqué à sa juste valeur, ce sont des structures qui font tourner l’événement. En Algérie, le manque de structures adaptées et l’absence de coordination entre les instances sportives, les clubs et les forces de sécurité transforment chaque match en un défi logistique. Les entraîneurs et les capitaines, qui devraient être au cœur du projet sportif, sont marginalisés. Les entraîneurs et les capitaines sont là pour sensibiliser et accompagner ce projet sportif sain et dans un fair-play. Actuellement, ces acteurs principaux sont marginalisés.

J’ai eu l’occasion de coacher dans différents pays, différentes cultures et religions, je cherche à donner du plaisir, j’ai aussi exercé dans différentes régions en Algérie, chacun doit accompagner son équipe contre un adversaire du jour avec respect. Le football ne doit pas nous diviser après une défaite, même une victoire, la déception et la joie font partie des émotions. Il faut bannir cette haine ou cette détestation qui malheureusement mènent à la violence et parfois à la perte de vies humaines. Ce n’est pas du tout un objectif du sport.

L’Algérien, par sa générosité, son courage et sa solidarité, est un être à part. J’ai visité plusieurs pays dans ma carrière, je considère que l’Algérien est un être à part de part sa personnalité, sa générosité, son courage et surtout de sa disponibilité à aider autrui, on est des frères quelles que soient les régions, il faut éradiquer ces pseudos influenceurs qui font dans la division, le dénigrement. L’Algérien est aussi attaqué de l’intérieur par ces soi-disant compatriotes haineux et frustrés. Ces voix destructrices, qui se drapent dans le patriotisme ou la défense de leur club, ne font que diviser une nation qui devrait être unie par son amour du football.

Pour sortir de cette spirale, il faut agir à plusieurs niveaux. Premièrement, les instances sportives, à commencer par la Fédération Algérienne de Football (FAF) et le Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), doivent instaurer un cadre rigoureux pour professionnaliser la gestion des clubs et encadrer les supporters. Cela passe par des formations pour les dirigeants, des protocoles de sécurité renforcés et une régulation stricte des discours médiatiques. Deuxièmement, les clubs doivent reprendre leur rôle éducatif, en impliquant davantage les entraîneurs et les capitaines dans des campagnes de sensibilisation auprès des supporters. Enfin, la société civile, y compris les médias, doit rejeter les discours de haine et promouvoir des modèles positifs de rivalité sportive.

——————————-FIN ——————————

“Le décès de Sofiane Ramadan est une tragédie qui nous rappelle l’urgence de ces réformes. Sa passion pour le Mouloudia d’Alger, son engagement auprès des Green Corsairs, ne méritaient pas une fin aussi brutale. Pour lui, pour tous les supporters, pour l’avenir du football algérien, nous devons construire un sport qui unit, qui célèbre, et qui protège. L’Algérie mérite un football à la hauteur de sa grandeur. Ensemble, bannissons la haine et faisons triompher le fair-play.”

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