L’élimination de l’Algérie en quarts de finale du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2024 face au Soudan, après un match nul (1-1) et une séance de tirs au but perdue (4-2), dépasse la simple déception sportive. Elle illustre un mauvais choix stratégique, tant de la Fédération Algérienne de Football (FAF) que de son sélectionneur Madjid Bougherra. Invitée de dernière minute par la Confédération Africaine de Football (CAF), l’Algérie a accepté de participer à ce tournoi réservé aux joueurs locaux, contrairement à la Tunisie qui a décliné. Résultat : de l’argent jeté par les fenêtres, aucun bénéfice sportif, et un impact négatif sur le classement FIFA.
Le CHAN-2024, co-organisé par le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda (2–30 août), a confirmé une tendance : l’Égypte et la Tunisie ne veulent plus entendre parler de cette compétition mineure. Ces deux nations considèrent que le CHAN ne leur apporte rien et préfèrent concentrer leurs efforts sur les compétitions majeures : Ligue des champions CAF, Coupe de la CAF, qualifications à la CAN et au Mondial 2026. Ce pragmatisme leur évite de gaspiller leurs ressources et leur permet de garder le cap sur leurs objectifs.
L’Algérie, elle, avait initialement pris la même décision en refusant l’invitation. Mais en janvier 2025, sous l’insistance de la CAF, la FAF a changé d’avis et envoyé une sélection A’ menée par Madjid Bougherra. Une volte-face coûteuse et inutile, d’autant plus incompréhensible que la Confédération africaine de football n’a jamais été tendre ni équitable avec l’Algérie.
Un choix de casting raté
Madjid Bougherra porte aussi une part de responsabilité. La Fédération algérienne de football avait pensé engager dans un premier temps l’équipe olympique (U23), voire des joueurs encore plus jeunes, ce qui aurait donné du sens au projet de l’Algérie : préparer l’avenir et enrichir le vivier. Finalement, Bougherra en a décidé autrement avec une équipe composée surtout de joueurs confirmés comme Aymen Mahious, Ayoub Ghazala et d’autres noms en déclin comme Zakaria Draoui, Ilyes Chetti et Tayeb Meziani. Résultat : aucune révélation, une équipe vieillissante et une élimination prématurée.
Le Sénégal, champion en titre et encore qualifié pour les demi-finales, a fait le choix inverse. Les Lions de la Teranga ont lancé des joueurs jeunes (dont un jeune né en 2009 !), comme lors du dernier CHAN disputé en Algérie. Moussa Cissé, 16 ans seulement, s’est déjà imposé comme une des révélations du tournoi. En pariant sur la jeunesse, ils capitalisent sur l’avenir, quand l’Algérie se retrouve sans le moindre gain sportif, contrainte de recomposer un autre groupe pour la Coupe arabe FIFA au mois de décembre 2025.
Argent gaspillé et perte de points FIFA
L’un des points les plus critiquables reste le coût. Logistique, séjours, déplacements : la FAF a mobilisé d’importantes ressources pour participer à ce CHAN. On peut déduire après mauvais parcours que cet argent a été purement et simplement jeté par les fenêtres. Refuser l’invitation, comme l’a fait la Tunisie, aurait permis de préserver ces moyens pour des stages locaux ou d’autres priorités. Notons que selon la barème du Prize Money du CHAN, l’Algérie empochera en tant que quart de finaliste, la somme de 450.000 dollars (soit 385.800 euros).
Pis encore, l’Algérie ressort légèrement affaiblie au classement FIFA. Depuis 2014, les matchs du CHAN sont pris en compte au même titre que les rencontres internationales A. Classée 36e mondiale en juillet 2025, l’Algérie risque de perdre des places après ce tournoi. Les hommes de Bougherra ont en effet aligné des résultats médiocres face à des adversaires mal classés : nul contre la Guinée (81e), nul contre le Niger (121e) et élimination face au Soudan (110e). Autant de contre-performances qui entraînent une perte nette de points et pourraient faire reculer les Verts lors de la prochaine mise à jour du ranking, compliquant ainsi les futurs tirages au sort.
Un pari perdant
En définitive, ce CHAN-2024 n’a rien apporté à l’Algérie : argent perdu, image ternie et points FIFA envolés. L’Algérie aurait mieux fait de s’en tenir à sa première décision de ne pas participer et de rester ferme, comme l’ont fait ses voisins nord-africains.
D’autant que céder à l’invitation de la CAF n’a produit aucun retour positif : ni reconnaissance, ni équité. Bien au contraire, l’Algérie a offert sa présence à une institution qui n’a jamais été correcte envers elle. La leçon est limpide : accepter pour faire plaisir à la CAF a été une erreur. Dans ce contexte, refuser aurait sans doute été la meilleure victoire. Enfin, ce CHAN mettra en lumière que nos “stars” de la Ligue 1 Mobilis, grassement payées par des clubs sponsorisés par l’Etat, ne font pas le poids en Afrique.
Remplaçant, il a prouvé. 💚
Soufiane Bayazid a marqué trois fois, faisant de chaque apparition un succès. 🌟#TotalEnergiesCHAN2024pic.twitter.com/KZdbZIYdOT
— CAF – FR (@caf_online_FR) August 25, 2025