Avant que la pandémie de la COVID19 ne vienne tout arrêter, les rues en Algérie étaient envahies par le peuple algérien assoiffé de liberté et de justice. Quoi de plus normal que de lui dédier cette victoire au Caire ? Chaque joueur et membre du staff ont eu cette pensée… pour le peuple.
Une frappe de Bounedjah contrée par S. Sané, dès la 2ème minute de jeu, finit dans les filets du gardien de but sénégalais, A. Gomis. Une trajectoire parabolique dont seul Olivier Aton, Captain Tsubaza ou Majed, suivant les versions, a le secret. Après “la main de Dieu” de Maradona, au mondial 86, certains ont même vu une aide divine dans cette trajectoire, afin d’aider “le pauvre” Bounedjah sur qui le sort s’acharna durant toute la compétition. Une revanche pour celui qui a vu son penalty s’écraser sur la barre transversale, lors du quart de finale, contre la Côte d’Ivoire. Ce but, mélange de hargne, chance, talent résume bien mieux les forces des Verts, que le contenu d’une finale non maîtrisée, loin de refléter la force dégagée durant le tournoi. Djamel Belmadi l’a même reconnu lors de la conférence de presse d’après match : “ce n’est peut-être pas notre meilleur match (…) dans le contenu technique (…), on a eu des difficultés à mettre en place notre jeu, mais in fine, (…) la victoire finale est méritée sur l’ensemble du tournoi”.
Une trajectoire parabolique qui a duré deux secondes. Deux secondes durant lesquelles tous les Algériens d’Alger, Constantine, Montréal, Paris ou Doha … bref dans le monde entier, sont restés muets. Deux secondes durant lesquelles le temps fût suspendu. L’horloge du temps fût arrêtée et ainsi a permis à toutes ces âmes d’avoir milles pensées. Certains ont pensé à Mahrez : “donne le ballon à droite, Mahrez est seul…”, d’autres au tir “pourquoi tu tires d’aussi loin, dribble”, et d’autres encore, tout simplement hagard : leurs regards qui suivent le ballon disparaissant dans le ciel d’Egypte, avant d’apparaître dans les filets sénégalais. Deux secondes durant lesquelles, les Algériens se sont arrêtés de respirer. Le calme avant la tempête. Le calme avant l’éruption du volcan “Algérie”. Comme pour le coup franc de Mahrez, contre le Nigéria, d’une seule voie, d’un seul mouvement, le peuple se souleva et accompagna, dans un cri de joie indescriptible, le bonheur du buteur…le peuple !
La suite n’est qu’un long combat. Le bloc algérien repousse toutes les vagues sénégalaises. Un bloc qui s’effrite mais qui ne casse pas, symbolisé par la blessure du “roc” Benlamri, à la pommette droite. Une revanche pour le meilleur défenseur de cette coupe d‘Afrique : snobé, blacklisté, mis à l’écart d’une équipe où il avait sa place. Il a su attendre son heure…comme le peuple. Un bloc défensif articulé autour du triangle Benlamri-Mandi-Guedioura qui permettait à l’Equipe Nationale de jouer aussi bas et de contre-attaquer. Une stratégie que les vitesses de Belaili ou Atal (avant sa blessure contre les Éléphants Ivoiriens) rendent létales. Un jeu qui dénature le football “à l’algérienne “, fait de dédoublement de passes, talonnades, petits ponts…le plaisir du jeu, …pour le plaisir du peuple !
Le rapport des forces a été en faveur des Lions de La Téranga, qui n’ont pas su maximaliser leurs forces. Nerveux à l’approche du but algérien, ils ont été naïfs, sans imagination, à l’instar de leur prodige Sadio Mané, passé pas loin d’un non-match et d’un carton rouge.
Cela ne change évidement en rien à la prestation collective de nos capés : l’Algérie brode une 2ème étoile sur son maillot.
Pour le futur, certaines interrogations apparaissent. La plus récurrente est le renouvellement de génération. De cette CAN, l’Algérie en sort avec des certitudes : schéma tactique, staff, forces et faiblesses. Belmadi a joué avec un onze type et peu de changements. Certains joueurs dépassent la trentaine, d’autres arrivent à maturité. Les Verts et leurs coachs sont ambitieux, mais pas candide. Lors de l’émission “Talents d’Afrique” de la chaîne française Canal+ Sport (janvier 2020), Djamel Belmadi a mis la barre haute : qualification à la coupe du monde 2022 et “tout donner et croire en l’impossible “. Il sait aussi que pour y arriver, il faut continuer à travailler. Dans la même émission, il disait : “est-ce qu’on a envie d’aller plus loin ? Est-ce qu’on est capable ? (…) Moi j’estime que oui ! (…) on est largement perfectible”. A lui de trouver les oiseaux rares et les paroles justes pour continuer à évoluer dans la hiérarchie mondiale. Pour que le Porto Alegre de 2014 devienne le Gijon de 1982.
Le sélectionneur a pris un risque. Les joueurs, issus du peuple, ont accepté la mission. Au lieu de se brider, ils se sont lâchés et ont su être fulgurants. Ils sont désormais champions d’Afrique… Par le Peuple et pour le Peuple “بالشّعب وللشّعب” !