Focus
« Algériens et Ligue 1 » : la saga mouvementée des joueurs d’Algérie vers la France
La Ligue 1 française est à l’arrêt en raison de la pandémie du Coronavirus ! L’occasion de faire un point sur l’histoire des footballeurs algériens qui ont marqué le championnat de France de leur emprunte. De Gamouh à Bensebaïni en passant par Saïb et Assad, bon nombre de joueurs formés en Algérie ont pu évoluer au plus haut niveau en France. À cet effet, La Gazette du Fennec vous a concocté un Top 10 inédit de ces footballeurs DZ qui ont franchi la Méditerranée pour exercer leur talent au sein de l’élite française.
Le championnat de France de football, appelé la Ligue 1 française depuis la saison 2001/2002, ou son ancienne appellation, la Division 1. Un championnat qui, de par l’histoire commune des deux pays, a naturellement accueilli des joueurs algériens nés en France ou en Algérie. De l’époque coloniale, on retiendra les noms des Abdelaziz Bentifour, Mustapha Zitouni ou l’inégalable Rachid Mekhloufi (4 fois Champion de France 1957, 1964, 1967, 1968 avec l’AS Saint-Étienne). Leurs héritiers se nommeront Mustapha Dahleb (2 Coupe de France 1982, 1983 avec le PSG) ou Ali Benarbia (2 fois Champion de France 1997 et 1999 avec Monaco et Bordeaux), deux génies formés en France.
Concentrons nous pour notre classement inédit sur les joueurs formés en Algérie qui ont rejoint le championnat de France durant leur carrière. Une finalité pour certains (Tasfaout, Saïfi, Bezzaz), un championnat tremplin pour d’autres (Madjer, Bensebaïni, Saïb), l’Hexagone a également servi à relancer de fort belle manière un Islam Slimani qui restait sur un échec retentissant en Turquie. Zoom sur les footballeurs venus d’Algérie.
Des arrivées massives à l’époque coloniale
Le premier footballeur algérien a s’exporter en France est Ali Benouna en 1930. Le natif de Chlef débarque à 23 ans au FC Sète et participe à la toute première édition du championnat de France de football professionnel, baptisé Division Nationale, lors de la saison inaugurale 1932-1933 tout comme le milieu de terrain Rabih Riahi avec l’Olympique de Marseille. Benouna évolue au poste d’ailier gauche durant 4 saisons avec le club Héraultais. L’Algérien décroche un titre de Champion de France lors de la saison 1933/1934 et garnit également son palmarès avec une Coupe de France en 1934. Le premier doublé dans l’histoire du football français. Il devient même le premier footballeur maghrébin à jouer en Équipe de France (2 sélections en 1936). Ce fin dribbleur évolue ensuite à Rennes puis au RC Roubaix avant de regagner l’Algérie durant la Seconde Guerre mondiale où il porte le maillot du MC Alger.
A la même période, Abdelkader Ben Bouali débarque en France en 1933. Le latéral gauche du RU Alger passe par le SO Montpellier, le FC Sète puis explose littéralement à l’Olympique de Marseille. Avec le club phocéen, il est sacré Champion de France lors de la saison 1936/1937 et remporte la Coupe de France 1938. Il est également convoqué en Équipe de France en 1937 et participe même à la Coupe du Monde 1938 en France avec les Bleus ! Le succès de ces pionniers incitera les clubs de la métropole à piocher allègrement dans les clubs français ou musulmans d’Algérie.
Des stars à la pelle avant l’Indépendance
S’en suivra ainsi durant les années 40′, l’arrivée progressive d’une pléiade d’excellents joueurs comme le gardien Abderrahman Ibrir (Bordeaux, Toulouse, OM), l’attaquant Kader Firoud (Toulouse, Saint-Étienne, Nîmes), ou l’ailier Abdelaziz Ben Tifour, qui porteront eux aussi le maillot Tricolore, preuve de leur très bon niveau. A titre d’illustration, le feu follet Ben Tifour est une authentique star du championnat de France avec l’OGC Nice qu’il aide à remporter deux titres de Champion de France 1951 et 1952 et une Coupe de France 1952 avant de participer à la Coupe du Monde 1954 avec les Bleus en Suisse.
A cette époque coloniale, bien avant l’arrivée massive des Brésiliens ou Argentins, la Division 1 française puise abondamment dans son vivier en Algérie si bien qu’ils sont une cinquantaine de footballeurs algériens à exercer en métropole où les plus illustres se nomment Mustapha Zitouni, le défenseur de charme de l’AS Monaco qui a décliné une offre du Real Madrid en 1958, ou encore le crack de l’AS Saint-Étienne, l’attaquant Rachid Mekhloufi au parcours absolument fascinant (4 fois Champion de France 1957, 1964, 1967, 1968 et désigné 3 fois Étoile d’Or France Football en 1964, 1966 et 1967).
Durant la période trouble de la guerre d’Algérie, des footballeurs continuent de briller dans l’Hexagone comme le buteur mascaréen du Stade Rennais Khenane Mahi (désigné lui aussi meilleur joueur du championnat de France en 1961 par France Football) ou l’attaquant oranais de l’UA Sedan-Torcy Mohamed Salem (vainqueur de la Coupe de France en 1961 et désigné plus tard meilleur joueur du championnat de France en 1970 par France Football).
Interdiction de sortie et clandestinité dans les années 70′
Après l’indépendance le flux migratoire s’interrompt brusquement pour de multiples raisons et essentiellement la fermeture des frontières ainsi que l’interdiction aux joueurs internationaux de quitter le championnat algérien. Des transferts se font ainsi dans l’illégalité (comme Djamel Zidane qui signe sous un faux nom en amateur à Corbeille avant de faire carrière en Belgique) et des joueurs sont bloqués comme Ali Bencheikh empêché de rejoindre le FC Nantes ou encore le stratège Hacène Lalmas que l’Olympique de Marseille a vainement tenté de recruter tout comme le célèbre club d’Anderlecht en Belgique.
Mais certains footballeurs parviennent tant bien que mal à forcer le verrou comme Mohamed Reda Ali Messaoud repéré par le PSG lors d’un match amical face aux Verts à Oran. L’attaquant du Hamra Annaba signe en amateur et joue gratuitement pour le club parisien lors de la saison 1976/77 où il éprouve bien des difficultés à obtenir sa lettre de sortie que la FAF refuse de lui accorder. D’autres stars du championnat algérien parviendront aussi à s’exiler à l’instar de l’ailier gauche Rabah Gamouh du MO Constantine à Nîmes en 1977 ou le fantasque meneur de jeu Djamel Tlemçani du CR Belouizdad au Stade de Reims en 1979.
Des arrivées au compte-goûte durant les années 80′
Après la belle Coupe du Monde 1982 en Espagne, la FAF craint davantage un exode de ses meilleurs joueurs vers l’étranger et une loi interdit aux joueurs de moins de 28 ans de quitter le territoire. Fortement courtisé, Lakhdar Belloumi ne forcera pas son destin en préférant jouer chez lui à Mascara. Ce n’est pas le cas de Salah Assad ou Rabah Madjer qui parviennent difficilement à obtenir des dérogations. D’autres, comme le stoppeur Mahmoud Guendouz à Martigues (D2) ou l’attaquant Tedj Bensaoula au Havre (D2 puis D1) parviennent à franchir la Méditerranée une fois l’âge autorisé atteint.
Malgré leur talent, la France ne s’intéresse plus vraiment aux joueurs venant d’Algérie en raison des difficultés de les faire signer et l’ouverture de ses frontières aux footballeurs venus des quatre coins du monde. Fort heureusement, le football algérien reste solidement représenté dans l’élite française grâce à l’éclosion des premiers joueurs bi-nationaux nés en France, comme Nouredine Kourichi (Valenciennes, Bordeaux, Lille), Alim Ben Mabrouk (RC Paris, OL) ou Ali Bouafia (OM, OL, Strasbourg) alors que le plus noble ambassadeur du football DZ reste incontestablement l’icône Mustapha Dahleb (arrivé en France à l’âge de 2 ans) qui a réalisé une très belle carrière au PSG (2 Coupe de France 1982 et 1983).
Une filière réactivée depuis les années 90′
Après le sacre de l’Algérie à la CAN 1990, on imagine que les regards des clubs français seront à nouveau tournés vers le championnat algérien durant cette décennie sanglante mais les mouvements s’effectuent plutôt vers la Turquie (Chérif El Ouazzani, Amani, Badji, Merakchi), la Tunisie (Megharia, Dziri) ou encore le Portugal (Menad, Medane). On notera toutefois quelques excellents transferts qui se produiront et notamment celui de Moussa Saïb, de la JS Kabylie vers l’AJ Auxerre pour seulement 35 000 francs, suivi de son compatriote Abdelhafid Tasfaout en provenance du MC Oran. On retiendra aussi quelques échecs comme ceux de Kamel Kaci-Saïd à l’AS Cannes ou Billel Dziri à Sedan.
Alors que certains très bons joueurs passent par la D2 française (Lakhdar Adjali à Amiens, Ali Meçabih à Martigues) deux transferts marquants se produisent en 1999 avec les arrivées des attaquants Farid Ghazi et Rafik Saïfi à Troyes sous l’impulsion d’Alain Perrin. La faible attractivité de l’époque s’explique en partie par les piètres résultats de l’Équipe nationale durant les années 2000 où quelques transferts sont à mentionner comme ceux de Yacine Bezzaz ou Abderaouf Zarabi à Ajaccio. La frilosité des clubs français et le choix de la facilité sportive vers des clubs tunisiens (Belaili, Bounedjah) freine les départs vers l’Hexagone des meilleurs footballeurs algériens mais les derniers transferts de Bensebaini, Ferhat, Atal ou Boudaoui laissent entrevoir un avenir plus radieux avec une sélection nationale nettement plus attractive depuis la CAN 2019.
>> Sans plus tarder, place à notre classement des joueurs venus d’Algérie qui ont marqué leur passage en France. Le Top 10 à suivre en plusieurs épisodes…
TOP 10 :
1- Moussa Saïb
2 – Rafik Saïfi
3 – Abdelhafid Tasfaout
4 – Ramy Bensebaïni
5 – Djamel Tlemçani
6 – Salah Assad
7 – Rabah Gamouh
8 – Yassine Bezzaz
9 – Farid Ghazi
10 – Rabah Madjer
You must be logged in to post a comment Login
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
- En Vracil y a 5 jours
Équipe de France : Deschamps évoque le cas Akliouche
- Equipe Nationaleil y a 5 jours
Liste de l’équipe d’Algérie : éloigné, Belaili répond à Petkovic
- Actualitésil y a 5 jours
La visite d’Imane Khelif aux camps des réfugiés sahraouis, à Tindouf, provoque un ulcère au Royaume
- Equipe Nationaleil y a 5 jours
Équipe d’Algérie : voici la raison de l’absence de Mandrea de la liste de Petkovic
Pingback: Abdelhafid Tasfaout : « Jouer en Europe était un véritable objectif sportif »