Après le sacre africain avec l’équipe nationale, nombreux avaient envoyé Islam Slimani en retraite prématurée. Ses dernières aventures en clubs laissaient croire qu’il était condamné à l’exode oriental au Golfe. Il n’en fut rien. L’avant-centre des Fennecs avait, contre toute attente, rejoint l’AS Monaco sous forme de prêt. Une pige qui aura, même si la collaboration a pris officiellement fin mercredi, été bénéfique pour lui et le team de la Principauté. Décryptage.
Détermination ou abnégation, appelez ça comme vous voulez. Slimani aura eu un passage très abouti sur le Rocher alors que beaucoup le prédestinaient à en dégringoler. D’ailleurs, lors du mercato hivernal, les médias ont laissé croire que Robert Moreno , désigné comme successeur de Leonardo Jardim, voulait s’en débarrasser. Mais il a fini par rester et gagner le respect avant de s’en aller.
La preuve par les chiffres
Le longiligne fer de lance a énormément appris dans le championnat français. Il a, aussi, beaucoup donné pour sauver un club qui risquait fortement d’être rétrogradé. En termes de réalisations, le Dz a trouvé le chemin des filets à 9 reprises soit un but tous les deux matchs. Un ratio loin d’être négligeable sachant qu’il a souvent évolué comme attaquant de soutien de Wissam Ben Yedder avec lequel il a formé une formidable doublette.
Le bilan numérique plaide largement en sa faveur. Après que la Ligue de football professionnelle (LFP) française a annoncé la fin du championnat, l’Algérien a terminé deuxième meilleur passeur (8 unités) derrière Angel Di Maria (14) qui a joué 26 rencontres contre 18 apparitions pour le Fennec. C’est pour dire que le goleador d’El-Khadra aurait pu faire aussi bien que l’Argentin s’il avait été aligné plus souvent.
Le fâcheux épisode bordelais
Cette productivité a contrasté avec certains moments compliqués. Son aventure se passait bien avant le 24 novembre et le déplacement à Bordeaux pour y affronter les Girondins. Il avait commencé par décanter la situation au quart d’heure de jeu. Par la suite, il a écopé d’un jaune pour contestation à la 54e minute de jeu puis un autre suite à une main dans la surface (il était dans le mur dressé pour contrer un coup franc adverse). Le penalty accordé aux Bordelais est transformé pour sceller la défaite de l’ASM.
Jardim ne digérera pas le comportement de son protégé. Et il le fait savoir publiquement : « tout le monde sait que j’aime beaucoup Slimani parce que c’est un bon garçon mais il doit se contrôler et ne pas s’énerver durant les matchs. Slimani a besoin de concentration.» Après cet épisode fâcheux et les deux matchs de suspensions desquels il a écopé (il s’en est bien sorti parce qu’il avait insulté l’arbitre), SuperSlim n’avait plus vraiment la confiance d’un entraîneur lui aussi fragilisé. Pour ne rien arranger, le board des Rouge et Blanc décide de virer le Portugais et ramener un technicien espagnol, Moreno en l’occurrence.
Le « Je t’aime, moi non plus » avec Moreno
Le trou d’air le plus long et celui traversé avec le nouveau responsable de la barre technique. Moreno n’a jamais semblé séduit par le profil du Champion d’Afrique. Il n’a d’ailleurs pas hésité à s’en passer lors de son arrivée. Prétexte ? Slimani était « blessé et doit se remettre avant de pouvoir rejouer.»
Une situation qui avait poussé l’ex-sociétaire du CR Belouizdad à penser à partir dès le mercato hivernal. Des équipes anglaises étaient sur le coup. Aston Villa, Tottenham ou encore Manchester United pensaient à l’enrôler jusqu’à la fin de saison au minimum. Mais cela ne s’est pas fait puisque Oleg Petrov, Directeur général, n’a pas daigné le laisser partir compte-tenu de ses statistiques et sa cote auprès des supporters.
Entre janvier et février , le natif d’Aïn Benian offrira 7 points à Moreno sur les 3 premières rencontres dans lesquelles il avait pris part. Avec un but égalisateur chez le Paris Saint-Germain, ceux de la victoire à Nîmes et lors de la réception des Montpelliérains, le driver Ibérique devait le remercier. Surtout que celui qui est prêté par les Foxes a su rester professionnel bien que son coach envisageait de se débarrasser de lui.
A la conquête de Massilia ?
La relation entre les deux n’était pas vraiment fusionnelle. Les chiffres ne font pas toujours le bonheur. A partir de là, le meilleur buteur en activité des Guerriers du Sahara s’attendait à ce que son option d’achat de 9 millions d’euros ne soit pas levée. Et ce, compte tenu de son âge beaucoup plus que son rendement qui était très positif. Il aura justifié un salaire de 380.000 euros mensuels que la direction, qui prône une politique de rajeunissement et dégraissage, n’était plus disposée à payer.
Désormais, Slimani retournera à Leicester City avec lequel il est lié jusqu’en juin 2021. On ne sait pas si Brendan Rodgers voudra le garder. Surtout que les Anglais pourraient jouer la Ligue des Champions à venir et auront besoin d’un large effectif. L’autre alternative serait de le prêter de nouveau, ou le vendre afin de compenser -au minimum- les 35 millions d’euros déboursés pour le faire venir du Sporting Lisbonne en 2016. Ses stat’ footballistiques récentes pourraient convaincre des clubs de l’enrôler car on peut dire qu’il a de beaux restes et une expérience du haut niveau pouvant servir.
Un retour chez les Sportinguistas, où il avait fait ses débuts européens, est envisageable. Il y a aussi l’Olympique Marseille qui suivrait sa situation de près et entrevoit d’en faire l’acolyte de Darío Benedetto sur le front de l’attaque un peu comme ce fut le cas avec Ben Yedder à l’ASM. La quasi-certitude est qu’Islam est persuadé qu’il peut encore jouer sur le Vieux Continent. Pas d’exotisme. Du moins, pas pour le moment. A moins que…