Le Premier ministre guinéen a personnellement choisi de faire disputer le match Guinée–Algérie, comptant pour les qualifications à la Coupe du monde 2026, sur le sol marocain. Un geste à forte portée politique, qui ravive les tensions régionales et pose une nouvelle fois la question du silence de la CAF face aux ingérences gouvernementales dans le football africain.
C’est une décision qui en dit long. Le match Guinée–Algérie, prévu lors de la 8e journée des qualifications au Mondial 2026, se jouera finalement à Casablanca, au Maroc. Alors que la Tunisie avait été désignée dans un premier temps comme pays hôte, selon Africa Foot United, c’est le Premier ministre guinéen Bah Oury qui a personnellement ordonné ce revirement. Une décision politique, prise au mépris de la neutralité attendue dans les compétitions internationales, et qui transforme un simple match de football en manœuvre géostratégique.
Une décision politique, sans fondement sportif
La Guinée, quasiment éliminée de la course à la qualification, n’avait aucun impératif sportif à délocaliser son match. Depuis plusieurs mois, la sélection guinéenne évoluait à Abidjan, un terrain jugé neutre et stable. Mais sans explication officielle, Bah Oury a écarté cette option ainsi que celle de Tunis, pour imposer le complexe Mohamed V, antre symbolique du football marocain. Un choix hautement politique, qui ne peut être lu qu’à travers les prismes de la diplomatie régionale et des tensions persistantes entre Alger et Rabat.
Le Premier ministre guinéen, proche des cercles de pouvoir marocains et aligné sur certaines positions de Rabat, notamment sur la question du Sahara Occidental, semble avoir vu dans cette rencontre une opportunité d’envoyer un signal fort à ses alliés. Quitte à transformer un événement sportif en outil de communication politique.
La CAF, une fois de plus silencieuse
Ce n’est pas la première fois qu’un chef d’État ou de gouvernement intervient directement dans les affaires sportives d’une fédération nationale. Ce n’est pas non plus la première fois que la Confédération africaine de football (CAF) ferme les yeux sur de telles ingérences. Malgré les règles claires de la FIFA interdisant toute interférence politique dans la gestion des équipes nationales, la CAF observe un silence pesant, préférant éviter l’affrontement avec les États plutôt que de défendre l’intégrité de ses compétitions.
Cette passivité chronique devient préoccupante. En laissant des gouvernements orienter les choix des fédérations, parfois même contre leur gré, la CAF contribue à fragiliser la crédibilité du football africain. La Guinée, en décidant unilatéralement de jouer à Casablanca, sans enjeu sportif mais avec une charge politique explicite, offre un cas d’école. Et la réaction attendue de l’instance continentale ne viendra, sans doute, pas
Quand le politique dévoie le football
L’affaire Casablanca illustre à quel point le football africain reste vulnérable aux agendas politiques. Bah Oury, en court-circuitant sa propre fédération, a rappelé que sur le continent, le ballon rond est encore trop souvent soumis aux intérêts des palais et des chancelleries. Mais cette réalité ne saurait être une fatalité. Encore faudrait-il que les instances de régulation assument leur rôle.
En l’état, l’Algérie est appelée à relever un défi qui dépasse le cadre sportif. Elle devra le faire avec dignité, sur le terrain, tout en sachant que l’enjeu dépasse largement les trois points.