On jouait la 82e minute de la rencontre Algérie-Ethiopie au CHAN-2022, le réalisateur fait un gros plan sur le légendaire Rabah Madjer présent dans la tribune d’honneur du stade Nelson Mandela de Baraki (Alger). Et, d’un coup, il y a eu les sifflets. Au sonomètre, le voyant de l’ingratitude s’est allumé.
C’est une scène consternante et une attitude hautement condamnable qu’une partie du public Dz, présent au stade mardi, a adoptée. L’amnésie et l’inconscience de certains présents de la nouvelle génération ont pris le dessus. Heureusement, il y a l’histoire et sa mémoire qu’on devrait rappeler par moments pour que l’hostilité ne gagne pas plus de terrain.
Apprendre à faire la part des choses
Le mépris manifeste dont Madjer, en tant que footballeur avec son passé glorieux et ses accomplissements à l’international, a été victime n’est tout simplement pas acceptable. D’accord, il y ces motivations extrasportives et les liens avec une sphère politique aux pratiques scabreuses ainsi que son passage catastrophique sur le banc de l’équipe nationale qui pourraient expliquer démarche. Mais ceci ne justifie pas cette humiliation et ce qui ressemble à une vindicte populaire.
Par ailleurs, cela se passe lors d’un événement suivi par de nombreux pays et sous les yeux de joueurs et officiels étrangers présents dans les loges. La tradition dit que s’il y a un linge sale, on devrait le laver entre nous. Et Madjer est l’un des nôtres. Et ce qu’il a pu accomplir par le passé revient à lui mais à nous aussi. L’appropriation et le rejet ne peuvent pas être simultané. L’ancien joueur du FC Porto a son rang iconique en Afrique et dans le monde. Il n’a pas accompli quelque chose de commun. Et ça, les gens doivent le savoir.
Il est pour l’Algérie ce qu’est Zidane pour la France
On pourrait même dire qu’il est pour l’Algérie ce que Zinédine Zidane est pour la France. Et on a pu voir comment les propos au rabais de Noël Le Graët, président de la Fédération française de football (FFF), à l’endroit de Zizou ont ébranlé la scène footballistique et sportive de l’autre côté de la rive. A partir de là, Rabah Madjer, en tant qu’ancien international algérien, champion d’Afrique, buteur en Coupe du Monde, inventeur de talonnade et champion d’Europe (excusez du peu), mérite qu’on lui rende hommage à la première prochaine occasion quand il sera en tribunes.
Cela pourrait faire oublier cette bêtise commise par des gens qui scandent le nom de personnages risibles qu’on appelle “influenceurs” et offensent ceux qui ont réalisé de véritables accomplissements et devraient inspirer les générations à venir. Une standing ovation à la 11e minute, son numéro chez les Fennecs, serait un minimum. Après, toutes ces pratiques puériles ne changent rien au fait que le seul Dz à avoir remporté la Ligue des Champions UEFA jusqu’à présent soit une “légende du football africain”, une estampe bien visible sur le gros plan. Une réalité que les huées ne pourraient jamais changer.
« Algériens et L1 » : Rabah Madjer, l’apprentissage au Racing avant la gloire