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Réunion, l’acte de naissance des champions d’Afrique

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Quatre-vingt-dix minutes, c’est le temps réglementaire d’un match. Un laps durant lequel, il y a une production footballistique à juger qui est évaluée au tableau d’affichage. L’équipe nationale a été sujette à une véritable rémission express rendue possible grâce au sélectionneur Djamel Belmadi qui a su déceler les raisons de la détresse.

Oubliez l’aspect technique et tout ce que les « Verts » montrent sur le rectangle de vérité. Cette ressuscitation sportive est le fruit d’une approche psychologique profonde. Une révolution initiée à partir d’une réunion, tenue avec les joueurs un certain 9 septembre 2018. C’était le commencement. La parole avant l’acte.

Djamel Belmadi, driver de l’EN, a respecté la procédure. À sa manière. Lorsqu’il a débarqué aux commandes techniques de l’Algérie, il savait déjà comment s’y prendre : ”Je savais quel langage utiliser”, a-t-il assuré. ”Il y avait beaucoup de réunions, collectives et individuelles. J’ai senti que certains joueurs pouvaient adhérer et d’autres non. Il y a eu de fortes décisions prises, mais il fallait prendre des risques.

Traitement à la racine

Réunion. Le mot clé pour tenir la voûte d’un « Club Algérie » en plein effritement. Au bord de l’effondrement. Lors de ses conférences de presse, Belmadi fait preuve d’un franc-parler limpide. Parfois, certains le trouvent arrogant. Mais c’est un trait de sa personne. D’ailleurs, il n’aime pas deux choses : la haine et l’hypocrisie. Et les joueurs qui souffraient de ces deux symptômes n’étaient pas les bienvenus.

La communication est essentielle chez l’ancien meneur de jeu de l’Olympique de Marseille. Et c’est sur ça que tout a été bâti : ” J’ai commencé avec le groupe le 8 septembre, j’ai fait une réunion le 9 avec tout le groupe. On a parlé avec les joueurs après le dîner. Ce moment-là a été la rampe de lancement, le début du travail mis en place. Cela a duré quatre heures. Ils ont échangé pendant 3 h 45 et je me suis permis 15 minutes d’intervention sur la fin. Ils ont tout déballé. Nous avons entendu des choses et nous étions attentifs ‘‘, a-t-il raconté en ajoutant ” je ne vais pas dévoiler tout ce qui a été dit, mais vous comprendrez certainement qu’il y a eu beaucoup de choses de dites.” Il poursuivra en retraçant qu’ ” il y a des choses qui ont été dites qui m’ont ému. On avait atteint un niveau d’incompatibilité entre certains. Il y avait du ressentiment. Le mal était très profond. Il a fallu panser des plaies ouvertes qui empêchaient tout esprit de groupe. Avoir autant de haine entre nous en Algérie, c’est choquant. Ça m’a attristé. Il y avait de l’hypocrisie.

Le basculement

À partir de là, le technicien de 43 ans a estimé qu’« il a fallu enlever des joueurs. À ce moment-là, ils ne pouvaient pas adhérer. Maintenant avec de la distance, peut-être qu’ils comprennent. Ce qu’il faut retenir de cette transformation, c’est qu’il a fallu prendre des décisions par rapport à ce qui avait été dit lors de cette réunion. Évidemment, il fallait aller chercher du sang neuf.» C’était l’instant charnière. Le groupe venait d’être privilégié aux individualités. Un basculement qui changera complètement la donne et métamorphosera « El-Khadra ».

Pas de vedettariat. Le collectif primera et permettra aux coéquipiers de Riyad Mahrez de régner sur l’Afrique en l’espace de 10 mois. Sans couper les parties gangrénées, Belmadi n’aurait pas pu greffer ses gênes footballistiques sans qu’il y ait rejet. Et le sait : « c’était impossible de travailler si on ne réglait pas cela. Aziz Bouras, qui avait travaillé avec eux auparavant, avait l’impression qu’il les entendait pour la première fois. Le reste de mon staff, pour certains du moins, était choqué. Nous sommes restés plus de deux heures à développer tout ce que nous avons entendu. En conclusion, on s’est demandé comment on n’a pas à écouter ce groupe.»

La métamorphose

Par ailleurs, il a aussi reconnu qu’« avec la profondeur des problèmes, il était impossible d’avancer si on ne diagnostique pas la maladie. On a atteint une certaine incompatibilité d’humeur entre cadres qui m’a énormément ému et attristé. Vous voyez comment vivent certains joueurs, comme Karim Benzema, une forme de racisme. On l’a vécue, je l’ai vécue. Et là, je retrouve cela en Algérie entre nous.» Le temps, son mode d’opération et sa lucidité devant cette complexe situation lui ont donné raison.

Désormais, « c’est une vraie famille que j’ai rarement connue dans ma carrière. J’ai eu un discours avec eux après le match contre le Botswana où tout le monde était éreinté. Voir la réaction des joueurs sur le banc de touche lorsqu’un des leurs sur le terrain était touché montre que le groupe est vraiment soudé. Je sais qu’il y a des joueurs qui font 20 heures en aller et retour avec zéro minute de jouée et je ne vois l’ombre d’une moindre frustration, alors que ce sont des compétiteurs.» Pour ceux qui voulaient connaître les secrets du couronnement, l’ex-coach du Qatar vient de donner la recette.

Après, ce n’est pas tout le monde qui peut se targuer d’être bon cuisinier. En tout cas, la sauce du succès préparée par Belmadi est SUC.CU.LENTE !

 

Mohamed Touileb, La Gazette du Fennec 

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