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Décryptage

USM Alger – Serport : Rachat et gymnastique financière

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Que ce soit sportivement ou économiquement, l’USM Alger est plus que jamais dans la bourse des incertitudes. Éliminé de la Ligue des Champions CAF, de la Coupe d’Algérie et 11e de la Ligue 1, le Champion d’Algérie sortant est en passe d’être repris par le groupe de services portuaires ‘’Serport’’. Un rachat salvateur qui semble coincer sur le plan juridique à cause des démêlées d’Ali Haddad, actionnaire à hauteur de 93% avec l’entreprise ETRHB, emprisonné depuis avril dernier.

Probablement, l’arrestation de Rebouh, le frère de Ali Haddad, qui était chargé de gérer le club, risque de précipiter les choses dans les jours à venir. Selon nos sources, une réunion est même prévue cet après-midi (14h) pour que ”Serport” s’accorde sur les  termes de reprise avec l’ensemble des actionnaires. Petit retour en arrière avec une chronologie des faits.

Tout a commencé avec l’arrestation d’Ali en mars 2019 à la frontière tunisienne. Quelques jours après, les rumeurs commençaient déjà à circuler sur une cession des parts. Rebouh, deuxième homme fort des « Rouge et Noir », s’est empressé de stopper les bruits de couloir en assurant que « ce ne sont que des spéculations colportées ici et là. Nous avons un service de communication à travers lequel nous rendons publiques des informations relatives à l’actualité du club. Au risque de me répéter, il ne s’agit que de rumeurs », déclaration faite le 16 avril 2019.

Juin : Intention de vente

Toutefois, la donne avait changé au bout de quelques semaines. Le 2 juin 2019, lors de son passage sur le plateau de l’émission ‘’Studio Foot’’ de la chaîne Echourouk News, Amine Tirmane, chargé de communication du sigle d’Alger à l’époque, avait révélé que « la famille de l’homme d’affaires Ali Haddad a décidé officiellement de se retirer de l’USMA et de vendre la totalité de ses actions dans le capital du club estimées à 92%.» Il a joutera que « l’ETRHB est actuellement en difficulté, elle est dans l’impossibilité de financer le club comme cela a été le cas durant les neuf dernières les années.»

Le propriétaire a donc attendu que l’exercice se termine. Au bout, il y avait le titre de champion décroché lors de l’ultime journée. Mais, à partir du moment où les Haddad avaient fait part de l’incapacité d’assumer la gestion financière, c’était le flou pour les « Unionistes » dont l’avenir dépendait fortement du prochain acquéreur qui tardera à se manifester.

Al Hayat Petroleum, kit de survie éphémère

A un certain moment, le nom de « Al-Hayat Petroleum » avait circulé comme potentiel puits de survie dans une intersaison de vaches maigres. Le vainqueur du championnat n’avait même pas de manne pour financer le stage de préparation et les déplacements dans le Tour préliminaire de Ligue des Champions CAF.

Le voyage à Niamey pour affronter l’AS Sonidep allait même être compromis si ce n’est l’entreprise pétrolière qui avait décidé de financer le transport et le séjour au Niger. C’était comme un gage pour prouver la volonté concrète d’ « investir et racheter les actions de l’ETRHB et devenir actionnaire majoritaire du club » comme le laissait croire le communiqué sur la page Facebook officielle du team de la capitale.

Par la suite, beaucoup de choses ont été dite à propos d’Al-Hayat Petroleum. On parlait même d’une éventuelle arnaque et une entreprise qui appartiendrait à la famille Haddad. Un montage financier était suspecté et Raouf Salim Bernaoui, premier responsable du Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) lors de cette période, s’était interposé à la transaction qui ne se réalisera jamais.

Une dette dissuasive

La disposition d’Al-Hayat Petrolium à venir aux affaires du club a intrigué sachant la dette conséquente cumulée. On parle de plus de 100 milliards de centimes (109 plus exactement) de déficit. Et ce, sans compter les mensualités non-payés des joueurs sachant que le taux de la masse salariale unioniste est l’une des plus élevées parmi l’élite avec 2,8 milliards mensuels (contre 7 milliards pour le CRB et près de 6 milliards pour le MCA).

Dans le détail, il y a les 60 milliards de centimes d’impôts (IRG) non-payés, les 31 milliards représentant l’exploitation du stade Omar Hamadi à verser pour l’APC de Bologhine, les 15 milliards à verser pour Air Algérie représentant les indemnités des déplacements par avion outre 3 milliards que l’USMA doit à l’École Supérieure d’hôtellerie et de Restauration d’Alger (ESHRA) d’Aïn-Bénian. Une belle ardoise dont l’acquéreur doit s’acquitter et elle est pour le moins dissuasive. Sans compter l’estimation de vente et les dus des employés du club, notamment les émoluments conséquents de Rabie Meftah et consorts. On parle d’arriérés de 8 mois avec un total salarial de 3.5 milliards de centimes mensuels en moyenne.

Tebboune et la mission sauvetage

A partir de là, seule une entreprise nationale pouvait venir en aide à un « Ittihad » en complète dérive. La Sonelgaz, sponsor historique et elle-même en difficulté, s’est contenté de faire une aide de 8 milliards de centimes pour atténuer la crise et permettre aux Algéroise de souffler.

Aussi, il y a un contrat sponsoring de 6 milliards de centimes signé avec… ‘’Serport’’. C’était -manifestement- le préalable d’un rachat puisque la société spécialisée dans la gestion des ports secs et maritimes, qui compte investir 120 milliards de centimes/an, a été désignée par Abdelmadjid Tebboune, président de la République, pour partir à la rescousse de l’octuple vainqueur de la Coupe d’Algérie et les reprendre. Pour combien et dans quels délais ? Cela dépend des paramètres juridiques notamment.

Jusqu’à aujourd’hui, « la  transaction  n’est  pas  encore  faite. Il  est  clair  que  nous  serons majoritaires. Attendons d’abord la décision de justice, a récemment déclaré le PDG de Serport, Achour Djelloul. Nous avons engagé un audit interne au niveau du club pour évaluer la situation et les dettes de l’équipe. Je ne vous cache pas qu’il y a des choses bonnes et mauvaises, des dettes aussi sans oublier des créances. Nous n’avons pas encore signé les documents dans la mesure où le transfert de la propriété doit se faire avec qui de droit.»

Des actions qui valent le néant ?

Le boss de ‘’Serport’’, qui compte acquérir la totalité des parts pour faire de l’USMA une de ses filiales, savait préalablement que ce marché était miné : « comme il existe une situation particulière, il est clair que c’est la justice qui va accélérer le processus de rachat. L’on ne sait comment cela se fera, une liquidation ou quoi que ce soit. Il existe des dettes mais je peux vous dire que Serport prendra tout en charge », avait-il prédit.

Liquidation, le mot à retenir dans cette déclaration. Un indice pour signifier que les 93% des actions de l’ETRHB ne vaudraient pas grand-chose voir rien. En décrypté, les Haddad, qui seront représentés par leur frère Meziane dans le conclave de cet après-midi, pourraient ne pas toucher le moindre sou. En effet, sur le plan juridique, l’USMA mettrait les clés sous le paillasson pour faillite. On en saura un peu plus d’ici le 12 mars à venir. Ça serait la date fixée pour la prochaine AGEx après celle qui était programmé jeudi dernier pour acter la passation. Elle a finalement été annulée en raison de l’absence de l’administrateur de l’ETRHB désigné par l’autorité judiciaire.

Entre-temps, il y a eu l’arrestation de Rebouh Haddad samedi par la police. Aujourd’hui, dimanche 1er mars 2020, il a été mis en détention provisoire. Cela pourrait accélérer la vente définitive. En tout cas, cette situation aura déteint considérablement sur l’aspect sportif et le rendement de Zemmamouche & cie qui sont en train de vivre l’une des pires saisons du club.

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