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Exposition à l’IMA : Foot et monde arabe, la Révolution du ballon rond

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Stanislas Frenkiel, historien du sport, vous invite à une conférence qu’il animera avec Nordine Korichi à l’Institut du Monde Arabe à Paris le 12 avril prochain. Fidèle lecteur de La Gazette du Fennec, Stanislas Frenkiel nous parle de son actualité et notamment de son prochain ouvrage sur le football algérien.

Vous participez le vendredi 12 avril à 14h00 à une conférence sur le thème du football. Elle est organisée à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Pouvez-vous nous en dire plus ?

L’entrée est libre et gratuite. Venez nombreux. L’Institut du Monde Arabe organise annuellement ses Rendez-Vous de l’Histoire, en lien avec sa nouvelle exposition « Football et Monde arabe ». Notre conférence portera sur la place des footballeurs « immigrés » en équipe nationale algérienne. Cette équipe remporte la Coupe d’Afrique des Nations en 1990 grâce au but du Lensois Chérif Oudjani et participe à quatre Coupes du Monde (1982, 1986, 2010 et 2014). Pour ces joueurs nés et ayant grandi en France, la « traversée du miroir » ne se fait pas sans espoirs, tensions ni désillusions, parabole du mythe familial du « retour au pays ». Leurs sélections croisent l’histoire de l’Amicale des Algériens en Europe, de la décennie noire et des réseaux sportifs et extra-sportifs d’une rive à l’autre de la Méditerranée. Mais depuis une vingtaine d’années, l’ossature des Verts se professionnalise durablement. Les joueurs binationaux dribblent les chantages de leurs employeurs, les vexations des équipiers locaux et les rumeurs de la presse clientéliste. Ont-ils pris le pouvoir dans le vestiaire du « club Algérie » ? Nous parlerons de tout cela avec François Da Rocha Carneiro, Vice-Président de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie, et Nordine Kourichi. Nordine, la « tour défensive » de Valenciennes, connaît très bien cette thématique pour y avoir été confronté comme joueur et sélectionneur-adjoint des Fennecs.

Pour nos lecteurs plus récents qui ne vous connaissent pas, merci de vous présenter à nouveau.

Avant tout, je suis un fidèle lecteur de La Gazette du Fennec. Je suis historien du sport, Maître de Conférences à la Faculté des Sports et de l’Éducation Physique de l’Université d’Artois, membre de l’Atelier Sherpas. Je suis fortement intéressé par les thématiques de migrations et des vulnérabilités sportives. En 2009, à l’Université Paris-Sud, devant un jury d’experts internationaux spécialistes du football, de l’immigration et de l’Algérie, j’ai soutenu ma thèse de doctorat « Des footballeurs algériens entre deux rives, travailler en France, jouer pour l’Algérie (1954-2002 ») (Lien vidéo soutenance : https://www.youtube.com/watch?v=ThO4kgcLe6I&t=956s). C’était une immense joie après quatre années intenses de travail. Je repense aux belles rencontres faites en Algérie, à tous les ouvrages dévorés, aux moments de doute, aux dizaines de milliers de kilomètres parcourus en France et en Algérie pour retrouver une soixantaine d’anciens joueurs professionnels. L’idée était de reconstruire l’histoire de ces joueurs, toutes générations confondues. Le plus vieux joueur rencontré à Oran était Draoua El Habib « Derdour », né en 1914. Et le plus jeune était Djamel Belmadi, alors pro à Valenciennes. Je me souviens de notre entretien sous les tribunes du vieux Stade Nungesser. Après ma thèse, j’ai obtenu les bourses de l’UEFA et de la FIFA, ce qui m’a permis d’écrire un livre sur l’histoire des agents sportifs en France. Ce premier livre a été primé en France par l’Union des Clubs Professionnels de Football dans la catégorie « recherche ». De manière bénévole, dans un registre associatif et sur mes temps de congés, j’anime depuis presque dix ans des débats citoyens en prison sur le sport. J’ai la chance d’être toujours entouré par deux anciens joueurs algériens que j’ai rencontrés il y a une quinzaine d’années pour ma thèse : Nasser Guedioura et Zaïr Kédadouche. Avec cette équipe renforcée d’autres personnalités, on prend toujours autant de plaisir. Les échanges avec les détenus sont passionnants et l’administration pénitentiaire a l’air satisfaite. En ce moment, je suis surtout pris par mon autre projet de livre.

Justement, après votre thèse, où en est votre projet d’ouvrage ?

C’est un défi que je me suis fixé. Dix ans après ma thèse, me replonger dans ce travail de 1500 pages et le transformer en livre pour raconter sous un angle historique et non journalistique l’histoire des footballeurs algériens en France depuis 1932, année durant laquelle le Championnat de France devient professionnel. J’avais ce projet en tête depuis des années mais pour différentes raisons, je ne pouvais pas m’y atteler. J’ai dû tout remettre à plat, rendre le style plus agréable, trouver de nouvelles archives, mener des entretiens complémentaires, créer des portraits emblématiques comme ceux de Hamid Kermali, Abdallah Liegeon Medjadi ou Rachid Djebaili puis débusquer de nouvelles photographies. Depuis un an, je m’y suis efforcé avec acharnement. Ali Fergani m’a fait l’honneur d’écrire la postface. Le manuscrit final sera déposé dans les prochains jours. Ce nouveau livre devrait sortir dans un an à Artois Presses Université dans la collection Cultures Sportives. Qui sont les footballeurs professionnels algériens en France ? Comment évoluent leurs projets migratoires et leurs conditions d’immigré ? Pourquoi jouent-ils pour les Fennecs ? Quels réseaux privilégiés sollicitent-ils ? Voilà les questions auxquelles je vais tenter de répondre. Au moment de la publication, on sera alors en 2020, soit quinze ans après avoir entamé cette aventure intellectuelle et humaine qui restera gravée à jamais. La solitude de l’historien doit s’effacer devant le temps magique du partage, de la transmission.

Un dernier mot pour conclure et une explication de cette passion que vous avez pour l’Algérie et son football ?

Je vous remercie pour votre fidèle soutien. Depuis 2005, j’ai eu la chance de bénéficier de l’aide de six chercheurs et journalistes qui m’ont aidé sans compter ni calculer : Nassima Djaout, Meriem Kerzabi, Ahmed Delimi, Adjal Lahouari, Nasser Mabrouk et Yazid Ouahib. Au moment de la publication, je demanderai aux lecteurs de me juger sur la seule qualité du travail et pas mon prénom, mon nom ou encore ma nationalité. D’ailleurs, l’histoire n’a pas de nationalité. Recherchant dans le passé les origines du présent et des identités, les historiens algériens et français s’intéressent aux migrations tel un trait d’union entre deux sociétés liées pendant plus d’un siècle par l’histoire de la colonisation. Avec l’histoire en partage, la France et l’Algérie ont toujours eu des liens particuliers. Le football n’échappe pas à la règle. Chaque jour, je suis attentif à l’actualité algérienne et demeure évidemment admiratif de la dignité et de la maturité du peuple algérien. Certes fragilisé par la violence économique et sociale, il est revêtu de son drapeau et désireux de se réapproprier sa démocratie. Grâce à son courage, le mur de la peur est tombé. Cela invite à la modestie et à l’espoir de relations fraternelles et de progrès partagé entre nos deux pays.

Site web : http://www.stanislasfrenkiel.com/

Twitter : @stanfrenkiel

 Le RDV de l’Institut du Monde Arabe :

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