Détenteur de la meilleure performance mondiale du 800m avant la finale des Jeux Olympiques Paris 2024 (26 juillet – 11 août), Djamel Sedjati était favori pour l’or sur la distance. Malheureusement, l’Algérien n’a pas pu gagner plus que la médaille de bronze. Beaucoup lui ont reproché d’avoir mis beaucoup de temps pour attaquer en restant derrière les sept autres finalistes. Toutefois, l’incapacité de notre demi-fondiste à tenir une plus haute cadence dans une course rapide a des explications scientifiques. Ishak Guechtouli, entraîneur d’athlétisme, a parfaitement détaillé la performance du Dz.
Les quatre premiers de la course ont couru sous la barre de 1:42. Ce qui montre à quel point cette finale des JO 2024 était extrêmement relevée. Sedjati a choisi sa stratégie qui consistait à courir les premiers 400m aux alentours de 51 secondes. Cela devait lui permettre d’être bien placé pour un éventuel finish.
Toutefois, « Aux 480m de la course, Sedjati a commencé à se faire décrocher après l’accélération d’Arop (Canada, médaillé d’argent NDLR) et il a dû fournir un effort pour recoller. Son accélération soudaine correspondait à un “switch” dans le système d’énergie. Il est passé d’une glycolyse anaérobie à une phosphorylation oxydative qu’il devait réserver pour son finish », détaille Guechtouli.
Impossible de faire les derniers 200m en 23 secondes
Plus loin, Guechtouli explique qu’« à 100m de l’arrivée, Sedjati a voulu mettre une nouvelle accélération mais il avait déjà gaspillé beaucoup de ses réserves sur sa première tentative. Dans une course avec une intensité pareille, le premier coureur à 200m de l’arrivée gagne généralement. C’est ce qui est arrivé puisque le Kenyan (Wanyonyi) a fait les 200 derniers mètres en 25 secondes ce qui obligeait Sedjati à les parcourir en 23 secondes. Et c’était impossible car il accusait 10 mètres de retard ».
Par ailleurs, certains ont relevé que le Canadien Arop avait réussi à remonter jusqu’à la tête de course contrairement à Sedjati. Sur ce détail, Guechtouli relève que « sa remontée était plus fluide et progressive au fil de la course sans changement brusque dans le rythme. C’est pourquoi il avait un peu plus d’énergie dans la dernière ligne droite ». On peut parler d’erreur stratégique ou de mauvais calculs de la part de Sedjati. Toujours est-il que le vice-champion du monde sur 800m était sur le podium. Et cela reste remarquable.