Après des jours, des semaines, des mois de spéculation, l’Algérie a enfin trouvé un nouveau sélectionneur en la personne de Milovan Rajevac. Un nom qui sonne comme une surprise car il ne dit rien à la majorité des fans de football et qu’il est, à première vue, loin de la pointure que le public algérien exigeait. Effectivement, l’ancien sélectionneur du Ghana est loin d’être une superstar dans son milieu et sa carrière d’entraîneur n’est sublimée que d’une année 2010 exceptionnelle à la tête des Black Stars. Nommé à la tête des Verts par la FAF alors qu’il était tout proche de s’engager avec un modeste club slovène, Rajevac apparaît clairement comme un choix par défaut à six mois d’une CAN au Gabon. Toutefois, ce choix par défaut ne rime pas avec incompétence. Bien au contraire, l’homme semble avoir le profil idéal pour entraîner l’EN, en tout cas sur le papier…
Un authentique choix par défaut
Qu’on se le dise, Milovan Rajevac n’était pas la priorité de la FAF. Au départ de Gourcuff, l’idée dans la tête des dirigeants était d’amener un coach de niveau international capable de remporter la CAN et de qualifier l’EN pour la Coupe du Monde 2018. Force est de constater que le casting des grands noms n’a pas débouché sur la nomination d’aucun d’entre eux. Les raisons sont diverses mais les faits sont là, l’Algérie n’attire pas. Alors que l’on devait connaitre le nom du futur sélectionneur après l’Euro, sans doute dans l’espoir de récupérer un entraîneur déchu, la FAF a revu ses plans histoire sans doute de mettre fin à toutes les spéculations. L’annonce d’un groupe de qualification relevé pour la Coupe du Monde 2018 a probablement servi de déclencheur. Il fallait réagir vite pour permettre à l’EN de se préparer de la meilleure des façons avec cette prochaine échéance et la CAN qui arrive à grands pas. La FAF a donc nommé Milovan Rajevac à la tête des Verts, alors que ce dernier était tout proche, selon L’Equipe, de s’engager le 16 juin avec le modeste pensionnaire du championnat slovène Rudar Velenje. Le Serbe va servir de pompier de service pour préparer au mieux l’Algérie et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a le profil pour le prétendre.
L’indispensable expérience africaine
C’est sans doute la qualité la plus importante du nouveau sélectionneur des Verts, en plus d’être la ligne la plus flatteuse de son CV. Son passage à la tête du Ghana et plus précisément sa finale de la CAN 2010, lui donne du crédit mais en fait surtout un candidat idéal pour l’Algérie à six mois de la CAN 2017. La FAF a sans doute retenu la leçon avec Christian Gourcuff qui devait préparer, au lendemain de la Coupe du Monde 2014 et avec le même laps de temps, une compétition qu’il n’avait jamais disputé auparavant.
Un coach défensif pour bétonner
Milovan Rajevac affectionne le 4-2-3-1, car ce système favorise le jeu en contre et colle donc parfaitement à sa philosophie défensive. Lors de la Coupe du Monde 2010, sous Rajevac, avec Mensah, Paintsil ou Muntari, le Ghana n’a jamais pris plus de 1 but par match. Une sacré performance pour cette équipe qui a rencontré l’Allemagne de Klose et l’Uruguay de Forlan et Suarez. Un bon point pour l’Algérie qui est loin d’être rassurante défensivement. Reste à savoir quelles solutions va apporter Rajevac pour sécuriser la défense sans brider le potentiel offensif, véritable point fort de l’Algérie.
Meneur d’hommes et tacticien
Le Serbe ne déroge pas à la réputation des coachs de l’Est, c’est un entraîneur stricte et pragmatique. Rajevac n’hésite pas à imposer son autorité et a réussi à le faire dans un vestiaire ghanéen miné par des problèmes d’égo après son départ. Bien que suffisamment autoritaire, il est décrit par ses joueurs comme étant un coach amical, attentif à la vie de groupe. Pour ce qui est du terrain, c’est un coach qui s’adapte à toutes les situations. Lors d’une interview accordé à un journal local, l’international ghanéen John Painstil déclarait à ce sujet : “Il prend en compte tous les détails et ne laisse rien au hasard. Il ne prend jamais rien pour acquis. Il préparait un système pour chaque match et choisissait les joueurs capables de s’y adapter”.
Un coach très accessible financièrement
Les douces utopies de grands coachs à la tête de l’EN ont vite été démontées par le nerf de toutes les guerres : l’argent. Tous les grands coachs du football mondial étaient soit déjà pris, soit trop chers ou carrément pas intéressés. Aujourd’hui il est clairement utopique d’avoir à la tête des Verts un coach comme Bielsa ou Sampaoli car ils sont inaccessibles financièrement. L’un émarge à 3 millions d’euros par an quand le second tourne autour de 5 millions. C’est totalement hors de portée de la FAF qui a donc opté comme prévu pour un choix low-cost. Pour rappel Christian Gourcuff était le technicien le mieux payé d’Afrique et son salaire avoisinait les 60 000 euros par mois. Rajevac lui est très accessible, à la tête du Ghana il touchait environ 30 000 euros par mois. On peut donc en déduire qu’il a un salaire semblable à la tête de l’EN, probablement même inférieur après 5 ans d’inactivité.
Ghana-Uruguay en Coupe du Monde 2010 :
http://www.dailymotion.com/video/x4ifonx_coupe-du-monde-2010-quart-de-finale-ghana-vs-uruguay_sport
Yahia Saouthi, La Gazette du Fennec.